PRIX DE DESSIN 2016 DE LA FONDATION GUERLAIN : Cameron Jamie
- Posted by Béatrice Cotte
- On 5 avril 2016
- Prix art contemporain
Cameron Jamie est le lauréat du 9ème Prix de dessin de la Fondation d’Art Contemporain Daniel et Florence Guerlain.
Cameron Jamie est né en 1969 à Los Angeles et a étudié à CalArts (Californian Institute of the Art). Il a été invité à de nombreuses expositions, dont la Biennale du Whitney, en 2005, ou au Walker Art Center de Minneapolis, qui lui a consacré une rétrospective en 2006.
Le travail de Cameron Jamie ne peut être dissocié de la culture américaine, tant cet artiste qui vit en France depuis 2000, aime toujours observer, scruter et relater ses profondeurs, dans une sorte de fascination-répulsion.
Sans l’ironie dont ont pu témoigner d’autres plasticiens californiens, Cameron Jamie revient, de manière quasi obsessionnelle, à ses fondements par différents médiums comme la photographie, la vidéo, la céramique ou le dessin. Si dans les années 1990, ses dessins au crayon montraient déjà des résurgences de masquesou de vampires, en 2003, il débute une série d’encre noire sur fond blanc. Proches du trait du croquis – il réalise d’ailleurs de nombreux livres manuellement à partir des carnets de notes qu’il ne cesse de griffonner – ils sont alors présentés épinglés sur des planche de bois. Libérés de l’espace du cadre, ils semblent plus brutaux. Comme exécutées d’une manière mordante et acérée, rapide et spontanée, ces feuilles affichent néanmoins symétrie et grand sens de la composition. Dernièrement, des monotypes à tirage unique ont permis à l’artiste de réintroduire la couleur, tout en renvoyant encore à l’idée du portrait ou du masque. Les obsessions traversent bien les décennies…
Cameron Jamie, qui est aussi musicien, compare la composition de ses feuilles à celle d’une partition. Pour lui, le trait est fragmenté. Construit, puis déconstruit et il aime invoquer le concept de distorsion. Ses dessins très réactifs, au plus près de ses émotions, lui permettent de conserver et transmettre, sans intermédiaire, son énergie et une certaine tension. Ils recouvrent un côté primal qui donne àvoir la réalité d’un point de vue existentiel. Mais ils invoquent aussi la magie et le chamanisme ou l’idée de fêtes païennes que Cameron Jamie matérialise en l’idée d’Halloween. Lui-même parle d’une certaine transcendance et d’un caractère au-delà de l’humain, sans pour autant tomber dans trop de mysticisme puisque, là-encore, la structure de son travail est toujours visible. L’ensemble de son œuvre témoigne d’une critique sociétale et MikeKelley, qui fut un ami et collaborateur de l’artiste, en avait accentué le côté politique, mais ce travail affiche aussi une acuité exacerbée, voire prophétique, envers le genre humain.
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