OLIVIER MASMONTEIL : « La mémoire du passé »

  • Posted by Béatrice Cotte
  • On 11 mars 2014
  • artiste français, Galerie d'art, Paris, Peinture
 
Lorsque je suis entrée dans l’atelier d’Olivier Masmonteil, ma première émotion a été olfactive. L’odeur caractéristique de la peinture à l’huile a réveillé mes sens et mes souvenirs d’enfance…Ma mémoire était en marche…Mon regard s’est alors posé sur la toile disposée en face de l’entrée, et des réminiscences d’œuvres étudiées pendant mes études d’histoire de l’art, firent surface. J’ai alors compris qu’en pénétrant dans cet espace immense, baigné de lumière, Olivier Masmonteil m’invitait à explorer avec lui « La mémoire du passé ». Une parenthèse artistique, intimiste et hors du temps ouvrait comme une convocation avec La Peinturedéesse d’une vie, d’une oeuvre !
 
Les oeuvres d’Olivier Masmonteil avant leur départ pour la Galerie Dukan


Vous l’aurez compris, le sujet de la peinture d’Olivier Masmonteil est La Peinture et pour sa nouvelle exposition à la Galerie Dukan, l’artiste dialogue cette fois-ci avec deux grands maîtres du portrait du XIXème siècle : Jean-Auguste-Dominique Ingres (Montauban 1780- Paris1867) et John Singer Sargent (Florence 1856- Londres 1925). Ces nouvelles séries font suite à la série sur Vermeer présentée en septembre dernier par la Galerie Dukanà Leipzig et s’intègrent dans un projet artistique beaucoup plus large, construit par l’artiste comme un parcours initiatique.

Dès ses débuts à l’Ecole d’Enseignement supérieur d’Art de Bordeaux, Olivier Masmonteil a pris conscience que sa démarche de peintre allait s’inscrire sur une vie et que pour faire Œuvre, il lui faudrait planifier et organiser son travail en trois chapitres :
  •         chapitre 1 : La possibilité de peindre
  •       chapitre 2 : Le plaisir de peindre
  •    chapitre 3 : Oublier la peinture


Dans « La possibilité de peindre », pendant douze années, l’artiste s’est plongé dans la peinture de paysages afin d’aborder tous les enjeux de la peinture qu’ils soient techniques, historiques ou philosophiques.
Aujourd’hui, le peintre est en pleine phase de maturité de son chapitre 2 intitulé « Le plaisir de peindre ». Il a abandonné la contemplation au profit de la narration. Il aborde dans son travail l’ampleur de la peinture, plus que sa profondeur. En revisitant les maîtres du passé à travers Ingres et Sargent, il explore l’idée du souvenir, de la mémoire de la Peinture.
Jean-auguste-Dominique Ingres, Portrait de la Princesse Albert de Broglie, 1853,
Metropolitan Museum of Art,New York
De nos jours, lorsque l’on va voir les portraits d’Ingres dans les musées, on ne va pas voir Madame Moitessier ou la Princesse Albert de Broglie, non, on va admirer l’art du peintre. Leur identité avec le temps s’est effacée au profit de la peinture. C’est ce que traduit Olivier Masmonteil dans ses toiles. En omettant de peindre leur visage et en ne conservant de ces portraits de femmes uniquement leurs atours, il fait disparaître le sujet au profit de la peinture. Installées en « transparence » dans des intérieurs contemporains, laissés à l’abandon, (Un Hôpital d’Europe de l’Est, un vieux salon de coiffure, une maison bostonienne après le Krach des subprimes de 2006, une maison japonaise après le tsunami…) ces femmes « fantomatiques » nous amènent ailleurs, dans un espace hors du temps.

Olivier Masmonteil, J.A.D.I. 4 , 2013, Oil on canvas, 197 x 163 cm, Courtesy Galerie Dukan
copyrignt : Hugo Miserey

Olivier Masmonteil, se définit comme un peintre abstrait à la base et il pense ses tableaux en terme de composition abstraite. Cette composante de son art est matérialisée par les lignes d’une architecture géométrique, vue en perspective, qui en superposition aux portraits vient constituer la touche finale du tableau. L’univers du présent venant chahuter la mémoire du passé !

Olivier Masmonteil, Vanités, 2014, Oil on canvas,
74 x 60 cm, Courtesy Galerie Dukan
 
Dans la série des petits tableaux de « vanités hollandaises » qui accompagnent la série des Ingres, l’artiste associe à un maître du passé un motif récurrent de l’histoire de l’art. Les études des mains peintes par Ingres se perdent ainsi dans des crânes symboles de la vanité humaine. Ingres escamotait souvent les mains dans ses tableaux, les perdant dans les plis des tissus et l’artiste se plaît à penser, comme l’avance l’historien de l’art Hector Obalk,  qu’Ingres utilisait ce moyen pour mieux aller se perdre dans la peinture et entrer dans un autre univers. Les mains peintes par Olivier Masmonteil, tentent d’attraper les crânes, elles se glissent dans ces vanités, mais leur échappent, traduisant ainsi la fugacité de la vie, du temps, des souvenirs…

Olivier Masmonteil, série Sargent, 2014, Oil on canvas, 130 x 93 cm, Courtesy Galerie Dukan.jpg
 
Pour la série des portraits d’après Sargent, l’artiste a conservé les fonds des tableaux originaux mais a joué avec la superposition des plans, des touches de couleurs plus agressives, plus libres, afin de travailler le tableau comme un tout abstrait. Il n’utilise pas la même gamme de couleurs que pour la série des Ingres, prenant en compte la théorie des couleurs de Chevreul éditée en 1839 et utilisant la loi du contraste simultané des couleurs pour un effet plus vivant.

Olivier Masmonteil, Sargent 2, 2014, Oil on canvas, 130 x 93 cm, Courtesy Galerie Dukan
copyrignt : Hugo Miserey
 
Ces œuvres imagent une des dualités de son travail qui se situe entre une réalisation rigoureuse de la peinture et une réalisation plus éclatée.
Dans la copie, Olivier Masmonteil aime se retrouver devant des défis techniques rencontrés par ses Pairs, se glisser dans leurs mains pour éprouver les mêmes questionnements, les mêmes sensations, abolir les frontières du temps et voyager dans la peinture.
« Longtemps, le paysage fut un voyage. Aujourd’hui, je m’enfuis dans la peinture et son histoire. Le musée est un lieu magique où les peintres parlent un langage que je comprends. Ici, il y a des tableaux que je peux posséder ; comme je ne peux pas les voler, je les copie. Puis, pour me les approprier totalement, je les détruis. » O. Masmonteil
En revisitant pour cette exposition la mémoire collective constituée par l’histoire de l’art, Olivier Masmonteil avance avec brio dans son chapitre « Le plaisir de peindre ».
Je vous invite donc à aller découvrir à la Galerie Dukan cette nouvelle étape du « plaisir de peindre » pour le « plaisir des yeux », mais pas que !

Né en 1973 à Romilly-sur-Seine,  Olivier Masmonteil vit et travaille à Paris.
« La mémoire du passé »,  jusqu’au 17 avril 2014, du mardi au samedi de 13h à 19h, Galerie Dukan, 24, rue Pastourelle, 75003, Paris. www.galeriedukan.com. 

Site internet de l’exposition :
http://www.pixelsquare.fr/galerie-dukan/olivier-masmonteil/on-en-parle.htm
Site internet de l’artiste :
Vidéo :
 
Radio : Interviews

Livres :
 
 
About Béatrice Cotte

Fondatrice et Rédactrice en chef Diplômée d'une maîtrise en Histoire de l'art (Panthéon Sorbonne - Paris IV) et d'un Mastère en Management de l'édition (ESCP), elle commence sa carrière dans l'édition de livres d'art (Ville de Lyon et Imprimerie Nationale). Après une expérience en marketing dans le domaine du Luxe (LVMH et LANCASTER) et la création de deux marques textiles (Une Fée, Un Ange et Magic Stroller Bag), elle revient à ses premiers amours, l'art, et fonde en 2012 le site Follow Art With Me, transformé en 2016 en Follow Art With Us. En 2016, Béatrice est membre du Jury du Prix des Amis du Palais de Tokyo. En 2017 elle fonde l'association FAWU et la Bourse FAWU ABROAD.

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