
ART BASEL 2017 with and by GAIA DONZET
- Posted by Béatrice Cotte
- On 25 juin 2017
- Art Basel, Art contemporain
Comme chaque année, Art Basel, véritable « Mecque » de l’art contemporain, est le rendez-vous incontournable des professionnels et des collectionneurs.
Pour cette nouvelle édition, rendez-vous est pris avec Gaïa Donzet, l’ex-directrice de la Fondation Carmignac et actuelle Présidente du conseil d’Administration de la Villa Arson.
A l’occasion du lancement de sa nouvelle structure GD Stratégies, spécialisée dans le conseil en art contemporain pour des collectionneurs et des entreprises et l’accompagnement en stratégie de développement auprès de professionnels de l’Art (galeries, maisons de ventes aux enchères, foires), Gaïa Donzet partage avec nous son analyse d’Art Basel 2017.
Durant une visite de deux heures, nous avons pu longuement échanger et discuter avec elle de sa nouvelle activité. A travers une sélection d’une quarantaine d’œuvres, qu’elle a repéré et conseillé à ses différents clients, elle nous livre son « anthologie » de l’édition 2017. Un ensemble de morceaux choisis véritables reflets à la fois de ses goûts personnels et professionnels, qui constituent l’identité et la signature de sa nouvelle entreprise GD Stratégies.
Gaïa Donzet visite généralement seule Art Basel, ses clients lui faisant entièrement confiance, elle profite des journées professionnelles pour repérer le plus rapidement possible les œuvres qui les intéressent et les achète directement pour eux. Durant les quinze jours qui précèdent l’événement, elle a contacté les galeries, reçu et étudié les dossiers des œuvres qui seront exposées sur la foire. Elle sélectionne des œuvres allant de 15 000 euros à plusieurs millions en fonction des critères d’achats et des profils de ses clients (exemples en fin d’article). Elle met en amont des options sur certaines œuvres. Il faut préciser que sur Art Basel les œuvres exposées sont souvent de qualité muséale, et même si les prix sont très élevés de l’ordre de plusieurs millions, les œuvres historiques ou exceptionnelles sont toujours très convoitées. Pour toutes ces raisons, il vaut mieux bien se positionner sur l’échiquier pour ne pas passer à côté d’une « affaire » !
Ainsi, le gros des transactions importantes se fait sur le papier avant l’ouverture de la foire ou se concrétise lors des journées professionnelles, lorsque les acquéreurs ont pu constater de visu que l’œuvre correspond bien à leurs attentes. Gaïa me précise que pour sa part elle n’achète jamais une œuvre sans l’avoir vu.
A Art Basel, les affaires vont donc très vite et lorsque je retrouve Gaïa certaines œuvres qu’elle a vues et sélectionnées les jours précédents ne sont déjà plus accrochées sur les cimaises des galeries !
Peu importe, habituée à ces pratiques, Gaïa n’a pas omis de marquer consciencieusement sur son plan les stands et les œuvres à retenir pour cette édition 2017. Ce précieux document de travail est d’ailleurs la première chose qu’elle me montre pour partager ses premières impressions, plutôt positives.
Gaïa ma parle d’abord de ses coups de cœur et notamment de deux toiles de R. Penck, chez Michael Werner. Deux œuvres historiques dont les prix tournent autour de 350 000 dollars.

R. Penck, ‘Heaven and Hell (Himmel und Hölle)’, 1967, Painting, Oil on fabric, 145.0 × 148.0 Size (cm), courtesy Michael Werner
Elle cite également une peinture entièrement dans des tons de blancs sourds sur laquelle on peut lire le mot « silence » de Christian Marclay (Paula Cooper). Un tableau qui l’émeut tout particulièrement, car en saturant de blancs sa toile et en imposant presque cette monochromie, il rend encore plus fort ses thèmes de prédilection sur le temps et le son, l’œuvre vibre alors devant nous.

Christian Marclay, White Door (The electric chair), 2006, silkscreen ink on synthetic polymer paint on Canvans, courtesy Galerie Paula Cooper.
Gaïa a également adoré deux vidéos : celle pleine d’ironie et d’humour de Yuri Ancarani sur Unlimited et celle de l’artiste suisse Pipilotti Rist chez Hauser & Wirth. La vidéo prend de plus en plus d’importance dans les collections privées et plus en plus d’artistes travaillent les nouvelles technologies et la réalité virtuelle. Gaïa, consciente qu’il se passe quelque chose dans ce secteur reste à l’affût, d’autant que les prix sont abordables, que les vidéos voyagent et se stockent facilement.
Cette année, elle a spécialement regardé les œuvres des artistes femmes afin de les situer en terme de prix sur le marché. Elle a pu constater que les galeries dans l’ensemble font des efforts notables pour respecter une certaine « parité ». La Galerie Thomas Dane a elle poussé le concept jusqu’à réaliser sur son stand un accrochage 100% women made !
En considérant cet angle de vu, au fil de la visite, nous nous sommes arrêtées sur les photographies de Marina Abramovic, Candida Höfer, Gillian Wearing (Maureen Paley et Regen Projects), Nan goldin, une sculpture de Kiki Smith, classique mais encore très abordable sur le stand de la Galerie Lelong, une sculpture d’Ann Veronica Janssens (Alfonso Artiaco), un tableau en laine intitulé shoe à 1 400 000 euros de Rosemarie Trockel (Sprüth Magers) ou de petits dessins préparatoires de Lygia Clark (Luhring Augustine).

Gillian Wearing, Me and Claude in Mirror, 2017, Photography, framed bromide print, 52.4 × 39.4 Size (cm), courtesy Maureen Paley.
Dans le secteur Unlimited, l’installation Messages from the Atlantic Passage, 2017 de Sue Williamson a spécialement retenu son attention. Une œuvre visuellement forte et émouvante, dont le sujet qui traite de l’esclavage ne peut pas laisser indifférent. Le slideshow d’Anne Collier, Women with Camera, 2016, traite elle de photographies faites par des femmes anonymes dans leur quotidien. Gaïa a d’ailleurs craqué à titre personnel pour une de cette artiste née en 1970 à Los Angeles.

Anne Collier, Women with Cameras (Anonymous), 2016, Anton Kern Gallery , The Modern Institute , Galerie Neu
Installation Unlimited art Basel 2017, 35mm slide projection with 80 slides.
Si nous avons noté qu’une œuvre d’art n’est pas nécessairement belle pour retenir son attention, Gaïa Donzet reste cependant plutôt sensible aux œuvres qui développent une esthétique et un dialogue autour de la matière.

Stand de la Galerie Elvira Gonzalez, Art Basel 2017, Gaïa Donzet commentant les pièces de Miquel Barcelo.
Parmi les artistes qui font ressortir dans leurs œuvres ce travail de la matière, elle a tout particulièrement apprécié sur la foire les oeuvres de Miquel Barceló (Galeria Elvira Gonzalez), Tauba Auerbach (Paula Cooper Gallery), et Urs Fischer.
Ce dernier aura certainement marqué de son sceau l’édition 2017 d’Art Basel avec deux œuvres très remarquées ; l’une sur le stand de la mythique galerie Gagosian, où « trônait » un portrait en cire colorée, version sucre d’orge, du marchand et collectionneur zurichois Bruno Bischofberger assis à côté de sa femme ; et à l’étage, chez Sadie Coles, une reproduction du Baiser de Rodin en « pâte à modeler », que le public pouvait toucher et façonner au gré de ses envies.
Gaïa avoue également être attirée par les œuvres qui jouent sur les jeux de perception, de regards, comme celles de Michelangelo Pistolleto dont elle ne se lasse pas, ou celle de Tom Friedman vue sur le stand de la galerie Luhring Augustine. Elle aime également les œuvres qui trompent l’œil sur la matière représentée comme celles de Mark Flood ou de Laura Owens qui peignent en imitant les effets de la tapisserie.
Grâce à une connaissance pointue du marché, Gaïa Donzet sait également dénicher les perles rares, les jeunes artistes prometteurs, c’est une « tête chercheuse » comme elle aime à se définir, dotée d’un flair et d’un œil clairvoyant. Au fil de la visite, elle me montre les artistes qu’elle a repéré sur cette édition et qu’elle va désormais suivre avec attention, tels que l’artiste polonaise Goshka Macuga (Andrew Kreps Gallery), l’artiste chinois Whang Shang (Magician Space Gallery) ou le duo Peles Empire (Wentrup Gallery). Elle m’avoue, qu’il est toujours agréable de faire des découvertes et d’être surpris sur une foire « musée » comme Art Basel.
Il y a également les artistes émergents qu’elle revoit avec plaisir et qui lui permettent de conforter ses intuitions ou convictions, comme l’artiste brésilien Paulo Nimer Pjota (Maureen Paley), dont elle avait fait l’acquisition à la Fiac pour la collection Carmignac, Adam McEwen (Art : concept et Petzel Gallery), Tauba Auerbach (Paula Cooper Gallery), ou Imran Qureshi (Thaddaeus Ropac), un artiste pakistanais dont les œuvres sont sublimes et encore abordables.

Tauba Auerbach, Grain – Conjoined Mandlebrot Quartet, Reflect, 2017, Paula Cooper Gallery, Painting acrylic on canvas, 152.4 × 114.3 Size (cm).

Adam McEwen, Holland Tunnel 2 Pipe, 2017. Art : Concept, Mixed Media, inkjet print on cellulose sponge, aluminium pipes, 157.5 × 274.3 × 7.6 Size (cm);
Gaïa affectionne tout spécialement Art Basel, car cette foire permet d’admirer des œuvres vraiment exceptionnelles et historiques, des œuvres que l’on n’achète pas forcément mais que l’on regarde pour le plaisir des yeux, comme celles de Cy Twombly, Sigmar Polke, Robert Rauschenberg, Baselitz, Basquiat, des maquettes des projets de Carl André chez Paula Cooper, véritables pièces d’archives de musée, ou cette année une étonnante série de dessins érotiques d’Yves Saint Laurent (galerie Neu)…
Impossible de citer tous les artistes vus en sa compagnie, cependant, pour clore cette visite et avec la générosité qui la caractérise, Gaïa a accepté d’offrir aux lecteurs de FAWM quelques conseils d’achats. Ainsi, selon si l’on est un collectionneur fortuné, un jeune collectionneur ou une entreprise chacun pourra trouver son bonheur.

Paulo Nimer Pjota
Leopard Painting, 2017
Maureen Paley
Mixed Media
acrylic and synthetic enamel on canvas, iron sheet and resin
205.0 × 280.0 × 75.0 Size (cm)
J’avoue pour ma part que sur ses conseils avisés, j’ai « virtuellement » cassé ma tirelire pour l’œuvre de Paulo Nimer Pjota et une sculpture vase de Goshka Macuga, représentant un portrait d’Olympe de Gouges. Petit clin d’œil aux femmes et à l’une des premières féministes françaises!

Goshka Macuga, Olympe des Gouges, 2016, courtesy Andrew Kreps Gallery. Sculpture, Rubber and resin, 39.0 × 27.9 × 26.0 Size (cm)
Un immense merci à Gaïa pour le temps qu’elle nous a consacré, pour sa bonne humeur et son énergie communicatrice. Nous lui souhaitons une belle réussite dans sa nouvelle entreprise.
Site internet de GD Stratégies
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CONSEILS D’ACHATS D’OEUVRES D’ART SUR ART BASEL 2017
by Gaïa Donzet
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LISTE N°1
CONSEILS POUR UNE COLLECTION D’ENTREPRISE
Vous êtes une entreprise cherchant à créer un regroupement fédérateur autour de l’art, à créer des espaces de travail agréables et accueillants pour vos collaborateurs. Vous cherchez notamment des oeuvres sculpturales pour investir les lieux et les rendre plus personnels, moins anonymes.
En parallèle des acquisitions faites pour votre entreprise, GD Stratégies vous accompagne avec des présentations au sein de vos bureaux pour présenter et expliquer les oeuvres à vos salariés et organise des conférences thématiques sur l’actualité artistique ou sur des grands thèmes de l’histoire de l’art pour que chacun puisse comprendre et s’approprier la collection de l’entreprise.
- Tom Friedman, Hazmat, 2017,éd.3, courtesy Luhring Augustine Gallery.
- Yuri Ancarani, The Challenge, 2016, Galerie Isabella Bortolozzi , ZERO…Video/Film

Walid Raad
Scratching on things I could disavow. A History of Arab Art (Walls), Letters to the reader (1864, 1877, 1916, 1923), 2014
Sfeir-Semler Gallery
Sculpture
wall panels, plywood
122.0 × 244.0 Size (cm)

Anri Sala
Having landed, 2016
Alfonso Artiaco
Sculpture
marble inlays on a white wooden pedestal
88.0 × 25.0 × 25.0 Size (cm)

Michel Blazy
Sans titre, 2017
Art : Concept
Sculpture
sport shoes, plants, soil, water, mixed media
190.0 × 50.0 × 50.0 Size (cm)

Marina Abramović
Dozing Consciousness (Body), 2016
Galerie Krinzinger
Photography
Dye sublimation print on aluminium
229.0 × 115.0 Size (cm)

Candida Höfer
Elbphilharmonie Hamburg Herzog & de Meuron Hamburg I 2016, 2016
Galerie Rüdiger Schöttle
Photography
c-print
180.0 × 197.9 Size (cm)

Katharina Grosse
Ohne Titel, 2015
Galerie nächst St. Stephan Rosemarie Schwarzwälder
Painting
Acryl on canvas
275.0 × 201.0 Size (cm)
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LISTE N°2
CONSEILS POUR JEUNES COLLECTIONNEURS
Vous êtes un jeune collectionneur passionné et curieux ou chef d’entreprise d’une petite ou moyenne structure qui profite des mesures fiscales favorables dans le domaine de l’achat d’oeuvres d’art. Vous achetez pour vous ou votre entreprise afin de rendre plus personnel vos bureaux, salles d’attentes, de conférences, parfois trop blanches… La frontière est mince entre vos achats personnels et ceux pour la société, sauf si les sujets sont trop explicites!
Votre budget est en dessous de 50 000 euros, vous me faites entièrement confiance pour acheter et créer une collection à la ligne cohérente à la fois avec vos besoins et vos goûts :
- Gillian Wearing, Me and Claude in Mirror, 2017, Photography, framed bromide print, 52.4 × 39.4 Size (cm), courtesy Maureen Paley.
- Paulo Nimer Pjota, Leopard Painting, 2017, Mixed Media, acrylic and synthetic enamel on canvas, iron sheet and resin, 205.0 × 280.0 × 75.0 Size (cm)
- Goshka Macuga, Olympe des Gouges, 2016, courtesy Andrew Kreps Gallery. Sculpture, Rubber and resin, 39.0 × 27.9 × 26.0 Size (cm)
- Adam McEwen, Holland Tunnel 2 Pipe, 2017. Art : Concept, Mixed Media, inkjet print on cellulose sponge, aluminium pipes, 157.5 × 274.3 × 7.6 Size (cm);

Michelangelo Pistoletto
Scaffali (Vasi Cinesi), 2016
Simon Lee Gallery
Mixed Media
Silkscreen on polished stainless steel
250.0 × 125.0 Size (cm)

Pascale Marthine Tayou
Pascale Masquée, 2016
Galleria Continua
Sculpture
crystal, mixed media
74.0 × 21.0 × 25.0 Size (cm)

François Morellet
Contresens n°2, 2015
Annely Juda Fine Art
Mixed Media
2 angles of red neon on canvas on wood
133.0 × 274.0 Size (cm)

Peles Empire
quodlibet 3, 2017
Wentrup
Sculpture
direct print on pigmented Jesmonite
191.0 × 116.0 × 4.0 Size (cm)

Imran Quershi, you are my love and my life’s enemy too, 2017, acrylique et peinture sur toile, 182 x 289 cm, courtesy Thaddaeus Ropac Gallery.

Roe Ethridge
Pic ‘n Clip 15, 2017
Andrew Kreps Gallery
Photography
Dye sublimation print on dibond
182.9 × 121.9 Size (cm)

Ghada Amer, The Angels, 2006, Acrylic, embroidery and gel on canvans, 106, 8 x 91,5 cm, courtesy Kewenig Gallery.
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LISTE N°3
CONSEILS POUR COLLECTIONNEURS AVERTIS
Vous êtes un collectionneur investi avec des thèmes ou des choix dans votre collection bien définis, vous choisissez personnellement vos oeuvres, vous cherchez à renforcer votre collection avec des pièces majeures, tout en étant à l’affut des jeunes artistes d’aujourd’hui qui peuvent prolonger dans une nouvelle veine vos thèmes de prédilection.
Gaïa Donzet a repéré pour vous entre autres les oeuvres suivantes sur Art Basel 2017 :
- R. Penck, ‘Heaven and Hell (Himmel und Hölle)’, 1967, Painting, Oil on fabric, 145.0 × 148.0 Size (cm), courtesy Michael Werner
- Christian Marclay, White Door (The electric chair), 2006, silkscreen ink on synthetic polymer paint on Canvans, courtesy Galerie Paula Cooper.
- Tauba Auerbach, Grain – Conjoined Mandlebrot Quartet, Reflect, 2017, Paula Cooper Gallery, Painting acrylic on canvas, 152.4 × 114.3 Size (cm).

Cildo Meireles, Espaço virtuais : Cantos XI, wood, canvas, paint, and wood flooring, 305 x 107 x 107 cm, Galerie Lelong.

Haegue Yang, The Intermediate – Unmanned Peacock Rocks, 2017
Barbara Wien
Sculpture
Artificial straw, stainless steel frame, powder coating, feathers, artificial plants, dried durians, bushy yate buds, banksia cone
95.0 × 111.0 × 31.0 Size (cm)

Rashid Johnson
Untitled Escape Collage, 2017
David Kordansky Gallery
Painting
ceramic tile, mirror tile, black soap, wax, vinyl, spray
185.4 × 240.0 × 6.3 Size (cm)

Rosemarie Trockel
Untitled, 1989
Sprüth Magers
Other Materials
Wool (beige-black)
200.0 × 150.0 Size (cm)

Miquel Barceló
Tres Caps I Peix, 2015
Galería Elvira González
Work on Paper
mixed technique on paper
84.5 × 103.5 Size (cm)

Laura Owens, American, 1970, Untitled, 2016, Flashe, screen printing ink and yam on dyed linen, 274,5 x 213,5 cm, courtesy Sadie Coles.

Giuseppe Penone
Ad occhi chiusi, 2009
Tucci Russo Studio per l’Arte Contemporanea
Sculpture
Canvas, acrylic, glass microspheres, acacia thorns, white Carrara marble
120.0 × 370.0 × 8.0 Size (cm)
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