
AAAAHHH !!! PARIS INTERNATIONALE 2016, et alors ?
- Posted by Béatrice Cotte
- On 25 octobre 2016
- Foire Art contemporain, Foire off
Si la foire satellitaire Asia Now semble pour sa deuxième édition avoir tiré son épingle du jeu, quand est-il de la foire « off » AAAAHHH !!! PARIS INTERNATIONALE ?
Eh bien, les avis semblaient beaucoup plus partagés sur la réussite de cette seconde édition…D’un côté les commissaires d’exposition et les critiques d’art interrogés étaient plutôt « emballés », tandis que les collectionneurs étaient bien plus critiques sur la qualité de la foire…Il faut dire que l’année dernière, AAAAHHH !!! PARIS INTERNATIONALE avait tapé si fort, que pour cette deuxième édition les attentes étaient grandes. Difficile donc de tenir la barre ! Si la beauté et l’élégance très parisienne du lieu ont su séduire tout le monde, la qualité des propositions exposées, dans les anciennes cuisines carrelées du sous-sol, aux chambres de service du dernier étage, en passant par les magnifiques salons boisés de l’ancien hôtel particulier de l’homme d’affaire et collectionneur Calouste Sarkis Gulbenkian (1869-1955), n’ont pas fait l’unanimité…
Une fois ce magnifique decorum de 3000 m2 applaudi, que restait-il vraiment qui tienne la comparaison avec la précédente édition ? Pour ma part, c’est en effet une réussite en demi-teinte, car sur les 60 galeries exposantes cette année, seulement 11 ont vraiment retenu mon attention, dont 5 avec des artistes que je connaissais déjà.
Ainsi, la Galerie Sultana présentait trois nouvelles sculptures en céramique de l’artiste mexicaine Pia Camil. J’avais déjà beaucoup aimé celles en raku exposées sur la foire Frieze à New York en mai dernier(voir l’article) et je dois avouer que ces nouvelles versions de « masques totémiques » beaucoup plus colorées et ornées de bijoux de cheveux m’ont à nouveau fait forte impression.
Au même étage, j’ai également retrouvé avec plaisir la galeriste Polina Stroganova qui exposait avec sa galerie de Mexico Proyectos Monclova des petites sculptures de Martin Soto Clement, artiste mexicain qu’elle m’avait fait découvrir l’année dernière et qui depuis a tissé avec l’aide financière de Sam Art Projects, une gigantesque toile d’ araignée faite de collants féminins au-dessus de la nouvelle cafétéria du Palais de Tokyo à Paris. A Paris Internationale, c’est avec des soutiens-gorge et des petites culottes que l’artiste joue pour représenter un délicat sexe féminin. La galerie présentait également une vidéo de l’artiste Adrien Missika, dont certains travaux étaient également présentés par sa galerie parisienne Bugada & Cargnel à la FIAC.
Idem pour la galerie Tanya Leighton de Berlin qui présentait l’artiste Olivier Laric, déjà bien connu, et dont les copies de sculptures classiques, qu’il réalise avec une imprimante 3D, étaient également exposées sur le stand de la galerie Metro Pictures à l’entrée principale de la FIAC. L’artiste basé à Berlin a intégré cet été l’écurie de cette prestigieuse galerie new-yorkaise et fait maintenant partie des artistes très en vue de la scène artistique mondiale !
Au deuxième étage, j’ai retrouvé avec plaisir le travail du peintre et dessinateur polonais Tomasz Kowalski, lauréat en 2014 du prix du dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain. Je l’avais d’ailleurs rencontré la même année dans son atelier à Varsovie en compagnie de son galeriste Dawid Radziszewski. Malheureusement ses œuvres qui s’inscrivent dans un nouveau surréalisme n’ont pas trouvé preneur.
A l’inverse les toutes petites peintures de Louise Sartor à la Galerie Crèvecoeur ont fait carton plein !
Du côté des jeunes artistes exposés pour la première fois à Paris, J’ai fait une belle découverte avec le travail de la jeune polonaise Gisela Mickiewicz (Née en 1984, vit et travaille à Varsovie, exposée par la Galerie Stereo de Varsovie). Plusieurs pièces de sa série The Time of Entry étaient présentées et formaient un ensemble formel intéressant. J’ai tout particulièrement aimé la pièce Layered moods (2) 2016, qui matérialise à l’aide de différentes couches de matériaux intercalés dans une boîte lumineuse, les différents états émotionnels par lesquels passe l’artiste.
Dans ces travaux, l’artiste montre l’importance que peuvent revêtir les matériaux que nous utilisons dans notre vie quotidienne et qui définissent notre culture et notre ère industrielle. Chaque matériau nouvellement découvert offre de nouvelles possibilités et change notre quotidien.
La série The Time of Entry traite des questions d’importance des TIC dans la forme pure et les questions de qualité et de forme. Gizela Mickiewicz, utilise également des matériaux dont les propriétés n’ont pas encore trouvé d’usage dans l’industrie et ont seulement une application potentielle. Elle les sculpte et leur donne alors un répertoire de formes possibles.
Dans cette série, l’artiste compare le « drame » de ces matières, qui n’ont pas trouvé d’utilité concrète avec le drame de l’homme qui ne sait pas quoi faire de ces créations.
Autre belle découverte le travail de l’artiste brésilien Adriano Amaral (1982), présenté au dernier étage de l’immeuble haussmannien par la galerie Jacqueline Martins basée à Sao Paolo. Deux séries de néons cassés étaient exposées dans une ancienne bibliothèque et constituaient deux compositions graphiques en noir et blanc très simples mais très belles.
Citons également le travail de la toute jeune artiste autrichienne Tatjana Danneberg (née en 1991), dont la galerie Lambda Lambda Lamba du Kosovo exposait des toiles et trois grandes sculptures représentant des visages en faux marbre. Un travail qui révèle une certaine maturité et qui a séduit les collectionneurs, puisque deux d’entre elles ont trouvé un acquéreur.
Terminons cette visite de AAAAHHH !!! PARIS INTERNATIONALE avec la vidéo Life Track de l’artiste géorgien Vajiko Chachkhiani, né en 1985 à Tblissi (Galerie Daniel Marzona, Berlin), qui sans nulle doute marquera l’édition 2016 de la foire. Chaque visiteur gardera certainement en mémoire, la puissance du moment ou son regard aura croisé celui de cet homme malade en phase terminale. Un homme qui nous observe étrangement, un long moment, depuis sa fenêtre. Sa présence silencieuse et la fixité de son regard dérangent le spectateur et le renvoient en face à face avec la mort. Très puissant !
AAAAHHH !!! PARIS INTERNATIONALE 2016 aura donc tenu sa promesse en s’inscrivant en rupture avec les structures d’exposition conventionnelles et en présentant un nombre important de galeries étrangères. Sa seconde édition aura ancré ce nouveau format de foire « alternative », mais force est de constater que la qualité des propositions n’était pas, lors de cette deuxième édition, toujours à la hauteur des attentes des visiteurs…
Paris Internationale
October 19–23, 2016
51 Avenue d’Iéna
75116 Paris
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