PARIS PHOTO 2012 : un tourbillon d’émotions photographiques
- Posted by Béatrice Cotte
- On 19 novembre 2012
- 2012, Paris Photo, Photographie
Créée en 1996, Paris Photo est la première foire au monde dédiée à la création photographique historique et contemporaine. Elle se tient tous les ans à Paris, à la mi-novembre et depuis deux ans sous la Nef du Grand Palais. Cet événement, qui a gagné en prestance, en qualité et diversité, regroupe 151 exposants et plus de 1000 artistes ! On y trouve les plus grandes galeries internationales, les plus grands noms de la photographie, mais également de jeunes galeries et des artistes émergents. Cette année Paris Photo est sous la parrainage de David Lynch, qui offre au visiteur sa sélection d’ une centaine d’œuvres, une manière originale et différente de parcourir cette foire.
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| Elina Brotherus, Artist and model reflected in a mirror 1, 2007, c-print, 130 x 104cm, éd.6, courtesy Martinaesbaek Gallery |
Comme ce blog traite uniquement d’art contemporain, je ne m’attarderai pas sur la photographie ancienne, bien qu’elle représente une partie importante de la foire.
Pourtant, même en me limitant à la photographie de ce début de siècle, je suis ressortie de cette foire, l’œil saturé, embué d’images…J’ai donc décidé de laisser reposer ma rétine deux jours, quitte à écrire sur cet événement après la bataille ! Le sentiment que j’ai vraiment eu sur le moment, c’est un retour marqué à la photographie de paysage, de nature. Reflet d’une certaine prise de conscience collective ? Cela a donc donné un « angle » à ma visite, même si au milieu de ce voyage à travers notre « planète naturelle », quelques autres trésors visuels sont sortis du lot.
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| Stand Galerie RX, solo show Bae Bien U |
La galerie RX, présentait en solo show le travail de l’artiste coréen, BAE BIEN-U, une série de photographies noir et blanc de paysages poétiques. Ses deux très grandes photographies de forêts de pins, brumeuses et énigmatiques, font plonger le spectateur « hors du temps » dans les profondeurs de son « moi spirituel». L’artiste donne ainsi une vision du monde uniquement ressentie à travers l’imagination du spectateur.
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| Bae Bien U, snm1a-179v, c. print, 260 x 135 cm, éd.5, courtesy Galerie RX |
Je remercie Eric Dereumaux, directeur associé de la galerie RX, de m’avoir invité sur cet événement et d’avoir pris le temps de m’exposer la démarche artistique de cet artiste. La galerie lui consacrera du 24 novembre au 26 janvier prochain, une exposition au 6, avenue Delcassé 75008.
Autre sous-bois, autre coup de cœur, la photographe scandinave Susanna Hesselberg, une artiste représentée par la School Gallery.
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| Susanna Hesselberg, A Mere shadow, 2010, 80 x 65cm, éd. 5, courtesy School Gallery |
Son travail onirique s’inscrit dans celui d’une école « nordique » qui met en scène le corps humain exhibé ou contraint dans la nature. C’est un travail minutieux de composition et de réflexion sur nos propres contradictions.
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| Susanna Hesselberg, in pursuit, 2010, c-print, éd.5, courtesy School Gallery |
Axel Hütte, artiste allemand, figure parmi les nombreux photographes ayant suivi la formation de Bernd et Hilla Becher à la Kunstakademie de Düsseldorf dans les années 1970. Si au début de sa carrière, il explore lui aussi le thème du réel de l’architecture, il est intéressant de remarquer que sa démarche artistique tourne dans ses derniers travaux autour de lanature. Ses photographies très esthétiques et troublantes, nous plongent aujourd’hui au delà du réel.
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| Axel Hütte, courtesy galerie Nikolaus Ruzicska |
Pour illustrer l’intégration de l’art dans la nature, j’ai retenu une photo de Nils Udo. Précurseur du mouvement « Art in Nature », il interagit sur le paysage sans jamais le violenter. Du Connemara à la Réunion, de l’île de Vassivière à Central Park, ce globe-trotter conçoit chaque intervention avec les matériaux collectés sur place.
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| Nils Udo, Clemson Clay Nest, 2005, 135 x 125 cm, éd.2/8, courtesy galerie Photo & Co |
« La nature est le thème de ma vie, mon art sort de cette expérience » Nils-Udo
Nils-Udo, plasticien allemand, commence sa carrière d’artiste par la peinture puis s’adonne à la photographie à partir d’installations qu’il réalise dans la nature. Délivrées de l’anonymat, ces réalisations se font « nids », « autels », « maisons d’eau » sous les doigts de l’artiste qui les photographie ensuite, à leur plus haut point d’intensité, avant de les rendre à la terre, où elles subissent l’érosion du temps.
En célébrant la nature comme il le fait avec ses installations, Nils-Udo nous oblige non seulement à redécouvrir ce que notre œil et nos sens ne perçoivent plus, mais nous place face à nous-mêmes, nous rappelant sans cesse notre fragilité.
D’autres artistes explorent la photographie de paysage, dont Murray Fredericks, représenté par la galerie Hamiltons de Londres. Cet artiste australien, a photographié aux iles Tiwi la tempête Hector, un véritable événement naturel dont l’artiste a su capter à travers sa pellicule la puissance et la force des éléments qui se déchaînent. La tempête et ses humeurs deviennent le sujet principal de la photographie.
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| Murray Fredericks, Hector n°12, 120 x 193 cm, éd.7, courtesy Hamiltons Gallery |
Plus paisibles et pourtant mouvants, les « portraits » de paysages de l’artiste napolitain Mimmo Jodice invitent à l’errance du regard.
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| Mimmo Jodice, Marelux op.21, 2010, 80 x 70cm, éd.4/10, courtesy galerie Karsten Greve |
Mon véritable coup de cœur va à une artiste danoise, Trine Sondergaard, représentée sur la foire par la galerie Martinasbaeket la galerie Bruce Silverstein.
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| Trine sondergaard, Guldnakke, 2012, plusieurs formats, courtesy Galerie Martinasbaek |
La beauté esthétique de ses huit portraits de jeunes filles vues de dos, m’a beaucoup touchée. La référence à la peinture nordique du 17èmesiècle, à Wermeer notamment, saute aux yeux. Mais au delà de la référence artistique c’est la délicatesse des cous, le mystère évoqué, la grâce des personnages, la beauté des coiffes anciennes des jeunes filles qui contraste avec leur vêtement moderne et simple, qui émeut. Le fond noir sobre et dur contraste avec la richesse des coiffes brodées d’or. La douceur de la peau contraste elle avec la dureté du fil métallique de la broderie. Epoques et matériaux différents existent en même temps dans l’image et créent un 3ème espace entre le présent et le passé, entre la réalité et la fiction.
La rencontre de l’artiste mexicaine Carmen Mariscal sur le stand de la galerie barcelonaise Raina Lupa, et son explication de sa série Celosia Filigrana ont été passionnantes. L’artiste part d’objets de son enfance, d’histoires très personnelles pour réaliser des mises en scènes très esthétiques et chargées d’émotions. Dans la photographie représentée, elle a choisi un bracelet en or de sa grand mère.
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| Carmen Mariscal, Celosia filigrana, 2011, c-print, 50 x 60cm, éd.6, courtesy de l’artiste |
Grâce à une diapositive, elle a projeté l’image du bracelet sur son corps et pris une photographie de cette composition. L’esthétique « mauresque » de la scène, fait ainsi référence au poids de l’histoire et des traditions. Les souvenirs et les traditions deviennent à ses yeux des cages dorées…
Dans la catégorie photographies de mode, nous avons pu constater que l’artiste Cathleen Naundorf (a qui nous avons consacré un article en mai dernier) était bien représentée grâce a ses deux galeries : la galerie Hamiltonsde Londres et la galerie Bernheimer de Munich. Dans chaque galerie, ses photographies étaient accrochées non loin de celle de son mentor P. Horst, une façon d’inscrire Cathleen Naundorf comme la digne héritière du genre.
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| Cathleen Naundorf, The last Sitting II, Dior Haute Couture, Grand Palais, Paris 2011, 130 x 100cm, éd. 1/10, courtesy Bernheimer Fine Art Photography |
Notons au passage que les photographies de mode d’Helmut Newton de William Klein et d’Irving Penn étaient très nombreuses sur la foire.
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| Erwin Wurm, untitled, 2009, Claudia Schiffer, c-print, 114cm x 144cm, éd.4/5, courtesy galerie Bo Bjerggaard |
Pour finir, un petit clin d’oeil humoristique à une autre icône de la mode, Claudia Schiffer qui même avec un balai dans le derrière a de la classe, tout un art!
Ceci est une toute petite sélection de ce qui était présenté sur Paris Photo 2012. D’autres photographies m’ont plu, mais voilà il a fallut faire un choix et c’est au final celui qui s’est imprimé de façon indélébile sur ma rétine…
PARIS PHOTO 2012
Du 15 au 18 novembre 2012, Grand Palais, Paris.
Plus d’informations sur le site www.parisphoto.com
Pour compléter :
. Une application mobile à télécharger.
. Un livre : Paris photo by David Lynch, 20 euros
. Deux vidéos :
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