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Interview de Gaïa Donzet Directrice et Curatrice de la Fondation Carmignac

  • Posted by Béatrice Cotte
  • On 17 juillet 2014
  • Collection privée, Fondation d'Art Contemporain, France, Paris, Porquerolles
Gaïa Donzet, Directrice et Curatrice de la Fondation Carmignac
copyright Nicolas Buisson
Bonjour Gaïa Donzet, pouvez-vous nous présenter en quelques mots la Fondation Carmignac ?
La Fondation a été créée en 2000, mais Monsieur Carmignac a commencé à collectionner à partir de la fin des années 1980.  Dès le début de sa collection, il a accroché des tableaux dans les bureaux de son entreprise.  En créant la Fondation Carmignac en 2000, il a donné une orientation à cette collection : soutenir l’art contemporain en collectionnant  des œuvres d’artistes vivants.
La Fondation Carmignac a aujourd’hui trois identités fortes qui sont :
  •       La collection, qui compte plus de 200 œuvres du XXème et XXIèmesiècles
  •  Le Prix Carmignac Gestion du Photojournalisme, qui a acquis un rayonnement international.
  •   L’espace muséal de la Fondation qui sera ouvert à Porquerolles. Monsieur Carmignac souhaite en effet faire aujourd’hui partager à un plus grand nombre sa collection et notamment la rendre accessible aux enfants. 
 
      Comment va se présenter  le site de la Fondation à Porquerolles ?
La Fondation va s’articuler autour d’un bâtiment de 2000m2 et d’un parc paysager de 16 hectares.
L’architecte Marc Barani a pour mission de réaménager en espace d’exposition la maison existante à flan de colline. Cet édifice protégé n’est modifiable qu’à certaines conditions et le challenge de Marc Barani est de repenser l’intérieur de la maison sur plusieurs niveaux en jouant sur des percées lumineuses entre le rez- de-chaussée et le sous-sol pour l’adapter à ses nouvelles fonctions.
L’agencement du parc est confié au paysagiste Louis Benech qui va jouer sur les perspectives et les écrans de végétation pour ménager les effets de surprise lors de la visite.
Pour la programmation des expositions, chaque année, nous allons inviter un commissaire d’exposition à poser son regard critique sur la collection de la Fondation Carmignac. Un regard extérieur permettra, selon les sensibilités de chaque commissaire, de faire naître des thématiques d’expositions différentes et des angles de vue nouveaux. Chaque thématique choisie sera développée autour d’une vingtaine d’œuvres sélectionnées par le commissaire d’exposition dans la collection ou empruntées à d’autres collections ou musées pour l’occasion. Actuellement les œuvres sont exposées dans les différents bureaux de Carmignac Gestion. Elles seront retirées des bureaux pendant six mois, le temps de l’exposition ; ce sera l’occasion de faire tourner les œuvres au sein de ces derniers et d’en proposer d’autres au regard des collaborateurs. Pour chaque exposition, nous commanderons également des œuvres spécifiquement réalisées pour l’événement et le lieu. Celles-ci intégreront ensuite la collection, un moyen d’enrichir de façon cohérente et régulière la collection mère.

ean-Michel BASQUIAT, Fallen Angel, 1981, huile sur toile, 167,6 x 198,1cm
© The estate of Jean-Michel Basquiat/ ADAGP, Paris 2014
© Thomas Hennocque / Fondation Carmignac
Pour nos collaborateurs, le site de Porquerolles sera aussi un moyen de regarder les œuvres différemment. Dans les bureaux, il y a une certaine promiscuité avec les œuvres, une familiarité qui les désacralise, ce qui est un but assumé par Monsieur Carmignac. Cependant, le site de la Fondation Carmignac à Porquerolles permettra de prendre du recul et de leur donner une nouvelle aura.
Quels seront les maîtres-mots de la Fondation ? Quel va être l’esprit pionner et novateur de ce site sur l’île de Porquerolles ?
Nous souhaitons surprendre en présentant de jeunes artistes qui nous plaisent, qui ont un propos fort et que l’on ne voit pas habituellement. Le public sera incité à aller au delà de ses références et à se poser des questions.
 

Miguel ROTHSCHILD,The fault is not in our stars, But in ourselves, that we are underlings. (W. Shakespeare), 2012
C Print, épingles et clous, 177 x 300 cm
© Courtesy of Miguel Rothschild / ADAGP, Paris 2013
© Thomas Hennocque / Fondation Carmignac

 
Il y aura donc des artistes connus internationalement, mais aussi des artistes qui ont une seule galerie en France ou à l’étranger, comme Hannibal Srouji ou Miguel Rothschild. Le dessein de la Fondation est de les aider en leur offrant une plus large visibilité à un moment clé de leur carrière. Montrer un artiste émergent à côté d’un artiste confirmé permet de développer un dialogue constructif et porteur pour la plus jeune génération. Cela peut aussi permettre d’accélérer certaines carrières. L’objectif est de  promouvoir des coups de cœur, des artistes encore peu connus en France et d’aider le public à élargir son champ de découverte et de connaissance.  
Pourquoi avoir choisi d’ancrer la Fondation Carmignac sur une île ?
Parce qu’une île est un endroit qui nous transporte hors du temps. Aujourd’hui, le luxe pour chacun d’entre nous est de pouvoir se dégager du temps, se libérer de ses contraintes journalières. Nous sommes donc partis de ce constat et nous avons cherché un endroit « déconnecté » de la vie quotidienne, où les gens seraient dans des conditions idéales pour découvrir et apprécier en toute liberté des œuvres d’art. L’île répond à ces prérequis, c’est un mythe, un rêve, un endroit hors du temps. Lorsque l’on est sur une île, on ne regarde plus sa montre, on se déconnecte naturellement de son rythme de vie habituel, on apprécie les choses différemment, on est beaucoup plus réceptif à ce qui nous entoure, on se rend disponible pour pouvoir mieux apprécier ce qui s’offre au regard.
 
L’île de Porquerolles futur site de la Fondation Carmignac
 
L’île de Porquerolles s’est vite imposée comme le site idéal pour recevoir ce projet de fondation, car elle incarne cette envie d’endroit « capsule ». Sa situation géographique sur la « French Riviera », entre Nice et Marseille, à proximité d’un aéroport international, en fait un lieu « mythique » et privilégié, facile d’accès. Cette île présente l’avantage de ne pas avoir d’autres lieux d’art à proximité immédiate et se situe dans une région très touristique et dynamique dans le domaine des arts.
Les sculptures qui seront créées spécialement pour le site, seront-elles pérennes ?
Une quinzaine d’artistes ont été sélectionnés afin de créer des œuvres spécialement dédiées au parc de sculptures de la Fondation. Chaque artiste est invité à venir séjourner une ou plusieurs fois sur l’île afin de s’imprégner du lieu et choisir l’emplacement où il souhaite installer sa future création. Ensuite, l’artiste réfléchit et élabore son projet, nous le présente et nous en discutons ensemble. Cette commande spéciale doit être source de liberté pour les artistes, il faut qu’ils puissent s’amuser en créant leur œuvre comme les enfants qui viendront demain s’amuser dans le parc de sculptures.
Certains artistes produisent dans leur pays mais nous essayons, autant que possible, de privilégier la réalisation des œuvres par des entreprises ou des artisans locaux. La première année nous aurons donc 15 sculptures originales disséminées dans le parc, puis chaque année nous commanderons une à deux nouvelles sculptures en phase avec le thème de l’exposition annuelle. Comme le parc ne sera pas extensible, nous avons prévu dans le cahier des charges que toutes les œuvres soient démontables en moins de 24 heures. Cela permettra de ne pas figer le parc de sculptures et de le rendre modulable et ouvert à des échanges avec d’autres institutions.
Avez-vous déjà visité le centre d’art contemporain de Vassivière, lui aussi situé sur une île entouré d’un parc de sculptures ? Qu’en pensez-vous en comparaison avec votre projet ?
Oui, c’est un site étonnant complétement perdu au milieu de la France dans une région magnifique, le Limousin. Le centre d’art est situé sur une île créée artificiellement au milieu d’un lac lui aussi artificiel. Je n’ai pas trouvé personnellement que ce centre ultra conceptuel était en adéquation avec le public qui le visitait. L’absence de médiation laisse le visiteur dubitatif sur l’intérêt de certaines œuvres. Pourtant les expositions sont très pointues et pour la région c’est un projet audacieux. Je me suis promenée dans le parc de sculptures et en effet on part à la chasse aux trésors et notamment d’œuvres axées sur le Land Art. En ce qui concerne la Fondation Carmignac, nous allons avoir une approche beaucoup plus pédagogique et pas spécialement focalisée sur le Land Art. On a prévu d’avoir un artiste appartenant à ce mouvement mais pas plus.
Comme Nils Udo ?
Je ne donnerai aucun des noms des artistes que nous avons sélectionnés à ce stade du projet. Vous citez Nils Udo, oui cela pourrait faire sens avec la photographie qui est très présente dans la collection…Mais il y a d’autres artistes qui peuvent aussi s’inscrire dans notre programme. Comme je vous le disais précédemment, les œuvres que nous commandons pour le parc ne seront pas spécialement des œuvres de Land Art ; ce sont les artistes qui choisissent s’ils souhaitent jouer avec la perspective, la nature présente, l’air marin, la corrosion des éléments naturels… Libre à eux donc après leur passage à Porquerolles de se convertir au Land Art (rires).
Quelle est la date prévue pour l’ouverture de la fondation sur l’île de Porquerolles ?
La date est liée à de nombreux délais et impératifs administratifs, comme le permis de construire, l’aval du Conservatoire du Littoral, la charte du Parc National, La zone Natura 2000… C’est un dossier très technique et l’ouverture devrait avoir lieu au printemps 2016, si tout va bien.
Quels sont le budget et les objectifs en terme de fréquentation ?
Nous disposons pour la Fondation d’un budget de 4 millions d’euros. Nous pensons que lors de la première année d’ouverture au public nous pourrions atteindre les 20 000 entrées. Cette estimation est basée sur l’étude de la fréquentation de lieux similaires comme la Fondation Maeght. A Saint-Paul de Vence, il y a 3 millions de visiteurs par an. Sur ces 3 millions, il y a 100 000 touristes qui se rendent à la Fondation Maeght. En comparaison, il y a 1 million de visiteurs par an à Porquerolles.  Sachant que nous ne sommes pas encore aussi connus internationalement et que l’offre à Saint-Paul de Vence est plus large, nous avons estimé que 20 000 entrées était un objectif réalisable.
Quelles seront les conditions d’accès ?
Si le parc de sculptures sera ouvert toute l’année au public l’espace muséal de la Fondation sera ouvert seulement 6 mois de l’année, d’avril à novembre.
Pour que le lieu reste ouvert le plus possible et aussi pour répondre à la demande du public scolaire de la région, nous allons élaborer tout un programme de visites spécifiques. Ainsi nous aurons des publics variés à différentes périodes de l’année.
En ce qui concerne le ticket d’entrée nous réfléchissons à des billets couplés avec parking et traversée en bateau à un prix raisonnable. Nous souhaitons que tout le monde puisse venir et en même temps, il faut que la visite du lieu reste une expérience unique dont on profite au calme. De ce fait, un système de réservation va être mis en place afin de réguler le flux des visiteurs et de pouvoir le répartir au mieux sur l’année.
 

Roy LICHTENSTEIN, Fishing village, 1987, huile et Magna sur toile, 198,1 x 304 cm
© Estate of Roy Lichtenstein New York/ ADAGP, Paris 2013
© Thomas Hennocque / Fondation Carmignac

 
Revenons à la collection dans sa globalité, aujourd’hui comment et par qui sont sélectionnées les œuvres qui entrent dans la collection ?
Un de mes rôles en tant que Directrice et Curatrice de la Fondation est de trouver des œuvres et de les soumettre à Monsieur Carmignac. Après deux ans de travail à ses côtés, je commence à bien connaître ses goûts en matière d’art. C’est un homme surprenant qui aime découvrir des choses nouvelles. Mon objectif est donc de découvrir en France et à l’étranger, notamment dans les pays émergents, les artistes qu’il va aimer demain. Je monte des dossiers sur les artistes que je repère, je lui présente et nous discutons ensemble de leur œuvre. Pour les artistes qui retiennent son attention, j’organise ensuite une visite dans leur galerie ou dans  leur atelier. Pour les foires d’art contemporain, je reçois à l’avance tous les portfolios des galeries. J’étudie et je sélectionne en amont de la foire les œuvres qui pourraient nous intéresser et ensuite cela se fait sur place tout de suite « on the spot » ! Rien ne remplace la relation directe avec une œuvre. A la Fiac cette année, nous avons acheté une œuvre de Douglas Gordon. Je m’intéressais depuis cinq ans à son travail et ses nouvelles œuvres s’orientant sur le spray painting (une version contemporaine d’Andy Wahrol), nous avons sauté le pas ! Cela illustre le travail que nous mettons en place pour trouver des rappels entre des artistes établis de la collection et de plus récents afin que la collection ait un sens. Cela nous pousse en même temps à aller toujours plus loin. Ainsi, nous sommes allés au Mexique et nous avons acheté une pièce qui sera l’œuvre la plus conceptuelle de la collection. Cette acquisition nous l’avons faite car nous étions déconnectés de nos repères habituels. C’est une bonne façon de se challenger en permanence !
 
Douglas Gordon, I’m right, Enamel spray paint on aluminium, 135 x 200 x 4 cm (DOGO-0956)
© Studio lost but found/ADAGP, Paris 2014  

© Fondation Carmignac  
 
Ce qui est très agréable avec un collectionneur comme Monsieur Carmignac c’est qu’il va toujours regarder au delà des sentiers battus et qu’il achète avec son cœur et ses yeux et non pas avec ses oreilles ! Cela  se ressent dans la collection et c’est ce qui fait sa force je pense. Ce qui lui plait dans l’art c’est la sensibilité des artistes et ce qu’ils voient avant les autres. Les artistes sont les premiers à faire leurs révolutions et cela montre les étapes des évolutions qu’il y a dans la société ; pour lui ce sont autant de petits vecteurs informatifs. Avec le projet de la fondation et du parc de sculptures, il rencontre de plus en plus d’artistes et c’est une nouvelle phase qui s’ouvre.
Quelle est la dernière œuvre acquise par la Fondation ?
 

Ryan Brown (Doylestown, Estados Unidos, 1977) Concern for the spirit, 2013
Watercolor, acrylic, ink, graphite, salt on canvas, 213 x 90 x 6.5 cm
(RB 28)© Galería OMR

 
C’est l’œuvre de Ryan Brown acquise à Mexico. Elle représente une page cornée de catalogue de vente aux enchères avec pour chaque lot la description des images et à la place des images, un grand carré bleu, un petit carré jaune… On est dans une œuvre conceptuelle et pop à la fois qui, avec ses couleurs primaires fortes, épouse parfaitement l’identité de la collection, tout en ouvrant la porte à des œuvres plus conceptuelles. Monsieur Carmignac l’a clairement acquise pour faire un pied de nez aux maisons de ventes aux enchères qui facturent jusqu’à 25% de frais de vente. Un pourcentage très élevé, qui aujourd’hui rebute certains collectionneurs et les pousse à acheter sur le second marché avec d’autres intermédiaires.
Quelles sont les œuvres exposées dans votre bureau ?
J’ai une grande œuvre récente d’Albert Oehlen, Kopie, qui date de 2008 et que nous avons acquise pour la Fondation Carmignac en 2013 à la foire de Bâle. 
 
Albert OEHLEN, Kopie (FM 22), 2008, Oil and paper on canvas, 210 x 170 cm
© Albert Oehlen / Stefan Rohner

© Thomas Hennocque / Fondation Carmignac  
 
 
Mais surtout dans mon bureau, j’ai punaisé aux murs les plans du projet de Marc Baranipour Porquerolles ainsi que ceux des jardins par Louis Benech, des photographies de chaises de musées qui m’inspirent pour ce projet et également des libellules d’Amazonie naturalisées sous cloche. Je les trouve magnifiques, elles me font penser au travail que nous effectuons à Porquerolles sur la préservation du milieu naturel avec  les écologistes et les écologues. Derrière mon bureau il y a un peu plus de « fantaisie provocatrice » disons, avec deux pages de unes de Libérationencadrées « Casse-toi riche con » et « Bernard, si tu reviens, on annule tout!».
Quels sont vos coups de cœur dans cette collection?
C’est toujours la dernière œuvre achetée pour la Fondation. J’aime tout spécialement l’œuvre de Douglas Gordon  qui est vraiment magnifique et la photographie, Untitled #296, de Cindy Sherman. Je ne me lasse pas de la peinture, Cedars, d’Hannibal Srouji. J’ai d’ailleurs acheté pour moi une œuvre beaucoup plus petite de cet artiste libanais.
 

Hanibal SROUJI, Cedars, 2012, acrylique et feu sur toile
232 x 142 cm
© Courtesy of Hanibal Srouji
© Thomas Hennocque / Fondation Carmignac

 
Cela amène directement ma question suivante : collectionnez-vous ?
Oui, et d’ailleurs lorsque j’adore une œuvre que Monsieur Carmignac ne souhaite pas acquérir, c’est toujours très difficile d’y renoncer, car j’aimerais l’acheter pour moi, mais je ne peux malheureusement pas accueillir toutes ces œuvres chez moi !
Je collectionne donc à mon échelle depuis longtemps. J’ai acheté ma première œuvre à la FIAC, une œuvre de Ben, pour 100 euros si ma mémoire est bonne ; il y est écrit « Le jour où j’arrêterais de mentir, j’arrêterais de faire de l’art » (rires). J’ai travaillé en Galerie, où l’on tisse des relations spéciales avec les artistes qui parfois vous offrent des œuvres et j’ai également voulu marquer chaque étape importante de ma carrière, en achetant de l’art plutôt que des bijoux.
La collection créée par Monsieur Carmignac à partir de ses coups de cœur n’est-elle pas cependant un peu conformiste ? Après-tout on y retrouve tous les grands noms de l’art contemporain qu’un grand collectionneur se doit de posséder… Le projet de Porquerolles n’est-il pas l’occasion de lui donner un axe plus différenciant?
Oui, en effet,  à partir du moment où on a Andy Wahrol, Jean-Michel Basquiat , Roy Lichtenstein, ou Gerhard Richter dans sa collection on fait partie d’un petit cercle de grands collectionneurs internationaux qui possèdent les mêmes grandes figures de l’histoire de l’art contemporain. Cependant, la première différenciation se fait avec les dates d’acquisition des oeuvres. Je vous rappelle que Monsieur Carmignaca acheté ses œuvres de Gerhard Richter dans les années 1990, lorsque l’artiste n’avait pas encore autant de succès. Il a également acquis les œuvres de Jean-Michel Basquiat  lorsqu’il l’a rencontré à New York dans les années 1980 et que l’artiste a peint son portrait. Quant à Roy Lichtenstein, Monsieur Carmignac est, avec neuf œuvres, le plus important collectionneur de cet artiste en France.

Andy WARHOL, Mao, 1973, peinture polymère et sérigraphie
sur toile, 127 x 107 cm
© The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc./ ADAGP, Paris 2013
© Thomas Hennocque / Fondation Carmignac

 

Je pense également que Monsieur Carmignacmarque la différence aussi dans l’accrochage des œuvres, avec une certaine ironie parfois, comme dans son bureau en mettant face à face les portraits de Lénine et de Mao par Andy Wahrol. C’est vrai qu’il y a des grands noms mais pour autant je ne pense pas que nous soyons dans une collection consensuelle. 
 

Ayman BAALBAKI, Untitled, 2009, Huile sur tissu d’ameublement imprimé, 194 x 121 cm
© Courtesy of Agial Art Gallery, Beirut
© Thomas Hennocque / Fondation Carmignac

 
L’œuvre d’ Ayman Baalbaki dans l’entrée des bureaux de Carmignac Gestion à Paris est une œuvre très agressive, qui dérange, celle de Said Bachà, Chef Lashkar de Mahnbanr, vallée de Swat, (2011) dans la salle de conférences et les Idiots d’Olaf Bruning, sont aussi là pour nous interpeller.
 

Ayman BAALBAKI, Untitled, 2009, Huile sur tissu d’ameublement imprimé, 194 x 121 cm
© Courtesy of Agial Art Gallery, Beirut
© Thomas Hennocque / Fondation Carmignac

 
Il y a également des œuvres sensuelles, voire sexuelles, accrochées dans les bureaux, comme celle de Keith Haring ce qui est plutôt osé pour une entreprise. Grace à cette facette un peu « provocatrice » de la personnalité de Monsieur Carmignac, la collection se démarque nettement.
 
En résumé, je dirais qu’en effet nous avons des artistes majeurs mais pas les oeuvres les plus consensuelles ! L’identité de la collection est donc assez forte de notre point de vue. Aujourd’hui, en tant que Directrice et Curatrice de la Fondation mon challenge est de continuer à accentuer la personnalité de la collection tout en la renouvelant et en allant vers des artistes plus jeunes et plus contemporains. Cela a déjà commencé via la photographie qui tient une place importante dans la collection et quelques œuvres de Street Art. Mon objectif pour les années à venir est de garder l’esprit pionnier de Monsieur Carmignacet de faire de cette fondation d’art contemporain une référence en matière de découverte des talents de demain.
Merci beaucoup Gaïa Donzet de nous avoir reçu pour répondre à nos questions.

Follow Art With Me vous souhaite tout le succès que vous méritez dans la réalisation de cet ambitieux et beau projet.
 
 
Site Web de la Fondation Carmignac
Fondation d’entreprise Carmignac Gestion
www.fondation-carmignac.com
About Béatrice Cotte

Fondatrice et Rédactrice en chef Diplômée d'une maîtrise en Histoire de l'art (Panthéon Sorbonne - Paris IV) et d'un Mastère en Management de l'édition (ESCP), elle commence sa carrière dans l'édition de livres d'art (Ville de Lyon et Imprimerie Nationale). Après une expérience en marketing dans le domaine du Luxe (LVMH et LANCASTER) et la création de deux marques textiles (Une Fée, Un Ange et Magic Stroller Bag), elle revient à ses premiers amours, l'art, et fonde en 2012 le site Follow Art With Me, transformé en 2016 en Follow Art With Us. En 2016, Béatrice est membre du Jury du Prix des Amis du Palais de Tokyo. En 2017 elle fonde l'association FAWU et la Bourse FAWU ABROAD.

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