FONDATION HIPPOCRENE : LE MUSÉE D’UNE NUIT (SCRIPT FOR LEAVING TRACES)
- Posted by Béatrice Cotte
- On 4 octobre 2014
- Collection privée, Exposition, Fondation d'Art Contemporain, Paris
Vue de l’exposition Le Musée d’une nuit (Script for leaving traces) |
Pour la 13ème édition de Propos d’Europe et dans le cadre de son nouveau cycle de partenariats avec des fondations européennes initié en 2013, la Fondation Hippocrène invite cette année la DRAF (David Roberts Art Foundation) de Londres. Elle accueille ainsi, du 3 octobre au 20 décembre prochains, une exposition conçue par le commissaire Vincent Honoré, directeur de la DRAF. Intitulée Le musée d’une nuit (script for leaving traces), celle-ci rassemble une sélection d’une trentaine d’œuvres issues des 2000 pièces constituant la David Roberts Collection, montrées pour la première fois hors du Royaume-Uni, ainsi que des commandes spécifiques.
Vue de l’exposition Le Musée d’une nuit (Script for leaving traces) |
Des peintures, dessins, photographies, sculptures, installations, éditions inédites d’artistes modernes tels Man Ray ou Tamara de Lempicka, et contemporains : Jakuta Alikavazovic, Yto Barrada, Nina Beier & Marie Lund, Martin Boyce, Enrico David, Michael Dean, Ayan Farah, Lito S. Freeman, Bethan Huws, Pierre Huyghe, Sergej Jensen, Renaud Jerez, Sarah Lucas, Benoît Maire, Marlie Mul et Rosemarie Trockel, investissent l’ancienne agence d’architecture construite en 1927 par Robert Mallet-Stevens, siège de la Fondation.
© Robert Mallet-Stevens pour la Fondation Hippocrène avec l’autorisation de l’ADAGP, Paris. Photo : André Morin, 2011 |
« Chaque bâtiment de Mallet-Stevens ressemble à ses décors pour le cinéma, et les personnes qui les traversent à des acteurs. L’architecture de Mallet-Stevens, comme les décors de cinéma, opère par indications (socle, fenêtre, cheminée, etc. tout juste défini pour qu’on le reconnaisse), agit par suggestion, demande au spectateur une recomposition de la totalité à partir de fragments qui lui sont fournis. » écrit l’historien de l’architecture Fernando Montes.
Vue de l’extérieur du bâtiment Mallet-Stevens et de la fontaine |
L’agence – ou l’atelier – de Mallet-Stevens (1886-1945), fondateur de l’Union des Artistes Modernes (1929), est construite pendant l’âge d’or de l’architecture moderniste dans une rue de Paris conçue par l’un des architectes majeurs, avec Le Corbusier, de l’époque. Cependant, l’œuvre de Mallet-Stevens disparaît rapidement après le décès de l’architecte. De ses constructions, il ne reste à peu près rien : seulement des traces. La plupart des villas sont restées inachevées ou ont été altérées, les immeubles ont été détruits ou dénaturés. Il faut attendre une rétrospective au Centre Pompidou en 2005 pour que son œuvre commence à acquérir une reconnaissance davantage publique.
typrographie et signature sur le mur extérieur du bâtiment |
L’exposition se développe à partir du contexte dans lequel elle se déploie. Elle compose avec ces deux premières données : l’architecte et le collectionneur. Montrer une collection révèle le portrait en creux de celui qui la constitue. Cela amène également à penser la collection non comme un processus d’accumulation, mais comme une dynamique de la perte, fondamentalement. Exposer des œuvres dans un bâtiment de Mallet-Stevens revient aussi à investir un souvenir d’architecture tout autant qu’un décor de film muet (Mallet- Stevens débute en construisant des décors, pour le réalisateur Marcel L’Herbieren particulier).
Bethan Huws, Untitled, 2002 Courtesy the artist and David Roberts Collection, London. © ADAGP, Paris 2014 |
Au-delà des pièces de la David Roberts Collection qui sont présentées, des artistes suivis depuis longtemps par la DRAF ont été invités à participer à l’exposition via des commandes spécifiques. Benoît Mairea ainsi conçu une installation intégrant autant ses propres œuvres que celles d’autres artistes. Nina Beier & Marie Lund réactivent quant à elles une performance déjà proposée à la DRAF en 2008. Renaud Jerez présente une nouvelle intervention in situ, au sol, tandis que Lito S. Freeman, pour sa première exposition publique, expose un assemblage de plaques de bois brutes peintes à l’huile.
A gauche sculpture de Sarah Lucas Grace, 2006 ; à droite au mur oeuvre de Martin Boyce, Eyes, 2012
Courtesy the artist and David Roberts Collection, London.
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Propos d’Europe 13 : Le musée d’une nuit (script for leaving traces) est une exposition qui propose une expérience de la perte. Les notions de trace, de conservation, de disparition ou de ruine, alimentent une fiction dans laquelle des œuvres des années trente à aujourd’hui jouent d’une certaine fragilité formelle. Elles orchestrent une exposition qui s’avère être sa propre trace, dans un lieu qui n’est plus que le reflet de ce qu’il a été.
L’exposition de la DRAF à Paris est une exposition conçue comme un récit multiple : celui d’un lieu, d’un architecte, d’une collection, celui d’une perte. Le principe, c’est de la construire comme un jeu, c’est-à-dire de jouer de la machine d’exposition (on emprunte au modernisme et au surréalisme) comme d’un scénario latent et d’éviter la démonstration, de changer le spectateur en témoin s’il n’est pas acteur. C’est de proposer un contexte.
Cette exposition s’inscrit dans le Parcours Privé de la FIAC 2014
Du 3 octobre au 20 décembre 2014
Du mardi au samedi de 14h à 19h Entrée libre
Fondation Hippocrène
12, rue Mallet-Stevens 75016 Paris
La Fondation Hippocrène, créée en 1992 par Jean et Mona Guyot, est une fondation d’utilité publique, familiale et indépendante, dont le programme est axé autour de l’Europe et de la jeunesse. Sa mission principale consiste à renforcer la cohésion entre les jeunes européens. Elle fait ainsi « Vivre l’Europe » en soutenant financièrement des projets aussi bien culturels et éducatifs, qu’humanitaires et sociaux. Depuis 2001, l’ancienne agence de Mallet- Stevens constitue le siège de la Fondation. Depuis 2002, la Fondation Hippocrène présente des expositions d’art contemporain intitulées Propos d’Europe, qui ont pour objectif de mettre en lumière la scène artistique d’un pays et la richesse de la diversité culturelle en Europe.
DRAF (David Roberts Art Foundation)
37 Camden High St, Londres
NW1 7JE, Royaume-Uni
La DRAF (David Roberts Art Foundation) est une fondation à but non lucratif, dédiée à l’art contemporain et basée à Londres. Elle a été établie à l’initiative du collectionneur et mécène David Roberts en 2007. Elle est depuis dirigée par Vincent Honoré, qui produit avec son équipe un ambitieux programme d’expositions, de performances et de commandes artistiques. La DRAF est un espace en constante évolution, créant des prototypes et des scénarios de co-production pour les artistes et les commissaires invités à développer des projets novateurs, souvent performatifs. En 2014, la DRAF élargit son champ d’action en activant des projets satellites en dehors de son siège londonien. Le projet parisien inaugure ce nouveau programme.
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