WHISPERS : La nouvelle série d’Emmanuelle Bousquet
- Posted by Béatrice Cotte
- On 21 décembre 2012
- Artiste française, Galerie d'art, Paris, Photographie
C’est à la Galerie Acte 2, sa galerie parisienne, que le 24 novembre dernier, Emmanuelle Bousquet m’a donné rendez-vous pour me présenter en exclusivité sa nouvelle série Whispers.
Au milieu des photographies de sa précédente série Illusion, série d’autoportraits très intimistes, j’ai donc découvert ses nouvelles photographies de jeunes filles « évanescentes », dévoilant un nouvel axe de travail et de réflexion de l’artiste.
Cette rencontre/interview m’a offert la chance de toucher du doigt le mystère et l’extrême sensibilité émanant de cette nouvelle série de photographies en « Clair-obscur ». L’opportunité également de partager avec vous en « avant-première » cette rencontre artistique.
Une photographe imprégnée, habitée…
« J’ai commencé la photographie à l’âge de dix ans. Ma grand-mère maternelle est à l’origine de cette passion. C’est elle qui m’a acheté un petit Kodak rouge. Sur mes premiers clichés, je prenais la pose devant l’objectif. Née d’une famille de créateur, la mode était mon seul repère. »
Adolescente, Emmanuelle Bousquet aborde la photographie de manière moins ludique, essentiellement comme moyen d’expression. Elle commence à photographier les deux femmes qui lui sont le plus proches, à savoir sa mère et sa soeur. Elle-même aussi. Il lui semble alors plus juste d’utiliser son corps comme un peintre utilise sa propre peinture.
Elle passe de « l’autre côté du miroir » et fait une première tentative de série photographique, en noir et blanc, où elles apparaissent toutes les trois.
Emmanuelle termine ses études, elle obtient son diplôme de Journalisme à l’ESJ Paris, part à Los Angeles où elle retrouve sa passion pour l’image à UCLA puis l’école de photographie SPEOS à Paris.
En 2004, elle rencontre le photographe Antoine d’Agata qui lui suggère de plonger dans l’univers de l’autoportrait de façon plus juste, plus épuré, avec le moins de repères possibles liés à la mode. Un style intemporel est né. De là cette vérité crue sous jacente qui se dégage des photos d’Emmanuelle. Elle s’enferme pendant des semaines, dans les lieux qui lui sont intimes, et crée sa première vraie série d’autoportraits Troubles.
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| Série Troubles |
Depuis, elle continue cette démarche en approfondissant son travail sur la féminité vue à travers les évolutions de son corps. Forte de l’intériorité acquise avec Antoine d’Agata, Emmanuelle a pu développer des notions plus esthétiques, plus symboliques, et une mise en scène qui est la marque incontournable de son style.
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| Série Illusion |
Illusion est sa 2ème série photographique d’autoportraits, les images y sont picturales, intemporelles et mystiques. C’est le fruit d’une recherche aussi bien esthétique qu’existentielle, la vision du monde d’un artiste à travers le prisme de son propre reflet.
Puis Emmanuelle a éprouvé le besoin de prendre d’autres personnes en photo avec sa nouvelle série appelée Whispers. Elle s’est penchée sur une période de sa vie qu’elle n’a pas connu dû à de sérieux problèmes de santé, l’adolescence des jeunes filles devenant Femme.
La série Whispers : une adolescence par procuration
Cette nouvelle série d’Emmanuelle Bousquet est constituée de vingt photographies de jeunes filles, qui semblent tout droit sortir d’un conte. Une atmosphère floue, à la fois féérique et inquiétante, se dégage des clichés de Whispers. Prises de vues prises de nuit pour des clairs-obscurs troublants, emprunts de mystères et de magie. Apparitions fugaces de jeunes filles en fleurs, romantiques, aux regards mélancoliques, métaphores de ce passage à la fois merveilleux et angoissant de l’adolescence à l’âge adulte.
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| Clémentine, 50 x 80cm 5éd. + 2AP, et 80x120cm 5éd. + 2AP, 2012. |
Telles des apparitions, ces princesses éphémères chahutent nos émotions et nos souvenirs d’un « autre » âge…
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| Mathilde, 50 x 80cm 5éd. + 2AP, et 80x120cm 5éd. + 2AP, 2012. |
On entend, en les contemplant, un léger bruissement, comme un murmure qui vient chuchoter à nos oreilles « innocence es-tu là ? »
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| Léa, 50 x 80cm 5éd. + 2AP, et 80x120cm 5éd. + 2AP, 2012. |
FAWN : Emmanuelle pouvez-vous nous expliquer qu’elle est l’intention sous jacente à cette nouvelle série ?
Emmanuelle Bousquet : Je voulais arrêter de faire de l’autoportrait, ou du moins le temps d’une série. Au début de cette nouvelle réflexion, j’ai instinctivement fait appel à des adolescentes car je voulais photographier une période de ma vie que je n’ai pas connu, dû à des troubles qui m’ont causé de graves problèmes de santé. Puis, je me suis aperçue, au fur et à mesure que le travail avançait, que finalement je cherchais à me photographier à leur âge. C’est en leur demandant de poser de façon mélancolique, presque triste, que je l’ai réalisé. Je n’ai même pas essayé de les faire poser autrement, car toutes les autres émotions me paraissaient hors sujet.
J’ai pensé au début que Whispers était la fin de mon travail sur l’autoportrait, mais au final c’est une série d’autoportraits par procuration, j’ai l’impression…
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| Audrey, 50 x 80cm 5éd. + 2AP, et 80x120cm 5éd. + 2AP, 2012. |
FAWN : Comment avez-vous sélectionnés vos sujets « d’introspection » ?
Emmanuelle Bousquet : J’ai choisi des jeunes filles qui ont entre 13 et 19 ans et qui sont en pleine mutation féminine. Leur point commun est leur regard. Un regard éveillé, plein de curiosité, même si je leur ai demandé au final un autre regard, mélancolique celui-là. Je n’ai pas forcement cherché à les connaître avant de les photographier, car je voulais garder sur l’image cette part de mystère et de retenue qui caractérise cette série.
FAWN : Que pouvez-vous nous dire des lieux dans lesquels vous avez ancré Whispers ?
Emmanuelle Bousquet : Toutes les photos ont été prises dans le sud de la France autour des Alpilles, vers St Remy de Provence et Eygalières, ma région natale.
Les Alpilles sont une inspiration sans limite ; j’y ressens une énergie que je ne saurai décrire, mais qui m’emporte. C’est pourquoi dans cette série les photos sont faites essentiellement en extérieur.
Je fais toujours un repérage minutieux avant les séances de photographies. Entre le repérage et la prise de vue, je m’imprègne du lieu, je l’imagine sous différents angles. J’essaie de déclencher des rêves autour de ce lieu, si je n’y arrive pas, alors j’invente des images, je prends des notes sur mon petit carnet d’inspiration. Je laisse tout cela décanter, puis je retourne sur le lieu pour laisser place au moment présent. Parfois, la photo ressort exactement comme je l’avais imaginé, d’autres fois elle est totalement différente.
Je commence toujours par le choix du lieu puis ensuite du modèle. Je cherche à ce que le modèle soit adapté au décor que je choisis, une façon de faire passer la Nature en premier plan.
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| Daisy, 50 x 80cm 5éd. + 2AP, et 80x120cm 5éd. + 2AP, 2012. |
FAWN : Techniquement, comment faites-vous pour obtenir ces « chiaroscuro » et ce « sfumato »si particulier à votre œuvre photographique ?
Emmanuelle Bousquet : Je photographie avec un 5D Marck II (numérique), en vitesse très lente, cela me permet d’obtenir cette obscurité si présente dans mes photographies. L’effet du flou/net est lui obtenu lors de la prise de vue. Mais si vous me le permettez, je préfère garder ce secret de fabrication, que j’ai mis plus d’un an à mettre au point techniquement. Disons que c’est ma signature…
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| Violette, 50 x 80cm 5éd. + 2AP, et 80x120cm 5éd. + 2AP, 2012. |
FAWN : et quelle signature! merci beaucoup Emmanuelle pour cette interview.
A découvrir durant les vacances de Noël et la saison d’hiver dans deux galeries de Megève :
. Galerie 56, 56, rue Saint-François, 74120, Megève.
. Galerie Valérie Saudan, espace art joaillerie guilhem, 74120, Megève.
Galerie :
Acte 2 Galerie
41, rue d’Artois, 75008 Paris
spect intemporel à ces clichés.
Livres :
ILLUSION,
Editieur : Images en manœuvres d’édition, Marseille, 2012
Relié : 64 pages
Prix : 35 euros
ILLUSION
Potofolio
Editieur : Chez Higgins, 2008
TROUBLES
Potofolio
Editieur : Chez Higgins, 2008
Site internet : www.emmanuellebousquet.com
Facebook : https://www.facebook.com/emmanuelle.bousquet?fref=ts
Dernières expositions solo :
2012 Acte2galerie, Book Signing et exposition « Illusion » Paris, France
2010 Richard F. Taittinger Fine Art, “Dream&Nightmare” et “Mutations” New York, US
llan Engel Gallery “Troubles” Paris, France
2008 Mois de la Photo OFF 08, Hotel Sezz , Paris, France.
Galerie Le Simoun, Paris, France
Collections :
Guggenheim New York Museum Trustee Collection
Nokia usa collection
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