RADEK SZLAGA : Carte blanche de Sandra Mulliez à la Galerie Laure Roynette
- Posted by Béatrice Cotte
- On 14 avril 2015
- artiste polonais, Peinture, solo show
J’ai rencontré Radek Szlaga, il y a tout juste un an maintenant, lors d’un voyage de repérage à Varsovie. Connectée grâce à Angelika Markul et Sandra Mulliez à Marta Kolakowska, directrice de la Galerie Leto, (une des plus grande galerie d’art contemporain à Varsovie) j’ai pu ainsi visiter son atelier. Un très bel espace situé à quelques mètres de sa galerie « mère », installée dans la Soho Factory.
L’atelier de Radek Szlaga à Varsovie
Le quartier de Praga Sud, est en effet un lieu industriel reconverti en une zone propice au développement des activités artistiques (architecture, design, mode…). Dans une ambiance presque « New-yorkaise », j’ai donc découvert le travail coloré et énergique de ce jeune artiste polonais de 36 ans, qui voyage sans cesse entre la Pologne et les Etats-Unis.
L’atelier de Radek Szlaga à Varsovie
Une partie de sa famille a immigré et vit à Detroit et d’une certaine manière cette biculture américaine et polonaise influence aujourd’hui inévitablement son art. On retrouve dans ses peintures des influences esthétiques des comics trips, du street art (graffiti, inscriptions) et de la culture hip hop, rap américaine, mais aussi des références au ghetto de Varsovie, à l’immigration, au colonialisme, à l’histoire européenne plus généralement. Sa peinture combine de façon très originale ces deux mondes si éloignés, pour ne former plus qu’un seul espace hybride sur la toile, où les villageois polonais coexistent avec les Afro-Américains pour nous raconter finalement une histoire, notre histoire!
Radek Szlaga, Ghetto Enterpreneurs, huile sur toile, 120 x 200 cm, 2014, courtesy Galerie Leto
Diplômé en peinture, avec les honneurs, de la renommée Académie des Beaux-Arts de Poznan en 2005, Radek Szlaga a tout de suite été considéré comme l’un des plus intéressants peintres de sa génération. Régulièrement exposé dans les plus grandes institutions de Pologne, comme dernièrement à La National gallery of Art de Varsovie Zacheta, Radek Szlaga expose ce mois-ci pour la première fois en France et en Belgique (pendant Art Brussels).Depuis un moment déjà, Radek souhaitait trouver une galerie à Paris pour présenter son travail. Voilà chose faite grâce à Sandra Mulliez et Laure Roynette !
Vue de l’exposition de Radek Szlaga « The Heart » à la Galerie Laure Roynette
Comme moi, Sandra a rencontré cet artiste très attachant dans son atelier à Varsovie, lors du week-end des galeries organisé fin septembre, comme moi, elle a été touchée par la puissance et l’expressivité de sa peinture. Lorsque Laure Roynette a proposé à Sandra Mulliezune carte blanche, elle n’a pas hésité une seconde à soumettre à la galerie le travail extrêmement fort, sensible et intuitif de Radek Szlaga.
Le peintre voit la réalité qui nous entoure sous différents angles et perspectives qui sont en mouvements constants. Sa peinture est une histoire, une géographie, de manques et d’excès à la fois. Reflet selon lui de la complexité de sa personnalité. Il vit avec la peinture une relation libre et voit le monde à travers elle. Cette façon de vivre intensément l’acte de peindre et d’incarner la peinture, définissent toutes ses actions.
Radek szlaga, Opary / Fumes, huile sur toile, 90 x 80 cm, 2014, courtesy Galerie Leto
Radek Szlaga, considère sa peinture comme un antidote à la complexité du monde qui l’entoure. La peinture est son dialecte, son espace, celui où il formule les règles de son environnement et où il peut ainsi s’exprimer en toute liberté. Il compose son propre langage, sa propre vision, en adoptant et juxtaposant, superposant, des techniques différentes (dripping, graffiti, dessin, rayures, coulures, réalisme…) et des sujets extraits d’histoires distinctes afin de mieux fusionner le tout et d’organiser ces différents fils de lecture du monde en systèmes, dictionnaires et lexiques.L’artiste avoue être immergé dans une culture musicale forte qui influence parfois sa peinture, mais il est aussi issu de la génération Internet et surfe volontiers sur les nouvelles technologies. Il ne s’est jamais vraiment posé la question de l’influence des artistes des générations précédentes sur son art, mais il regarde le travail d’artistes polonais comme, Nikifor, Wroblewski, Sasnal, ou d’artistes anglo-saxons et américains comme Basquiat, Peter Doig, Richard Prince et actuellement plus particulièrement les travaux trashs, sombres, torturés, avec une pointe de sensibilité, de faille, comme chez Christopher Wool, Mike Kelley, Chris Burden.
Radek Szlaga, Hunter 3, huile sur toile, 2014
Vue de l’exposition de Radek Szlaga « The Heart » à la Galerie Laure Roynette
Les œuvres exposées à la Galerie Laure Roynette, sont inspirées par le livre de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, 1899, par la peinture de Christopher Wool, ainsi que par le roman de Sven Lindqvist, Exterminer toutes les brutes, et certaines images du film Apocalypse Now, 1979, de Francis Ford Coppola. Il cherche à comprendre comment la nouvelle de Joseph Conrad est devenue l’une des œuvres les plus adaptées de la littérature du XXème siècle, et qui reste malheureusement d’une actualité effrayante !
Carte blanche à Sandra Mulliez : Radek Szlaga, « The Heart », à voir à la Galerie Laure Roynette, 20 rue de Thorigny, 75003 Paris, du 16 avril au 23 mai 2015. Vernissage Jeudi 16 avril de 19h à 21h. http://www.laureroynette.com
Ø Sandra Mulliez, crée en 2009, SAM Art Project, un projet de mécénat destiné à promouvoir, par le biais de résidence d’artistes et par l’attribution d’un prix, l’oeuvre d’artistes étrangers en France et l’oeuvre d’artistes Français à l’étranger.
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