MAIA FLORE : Nouvelle série « Situations »
- Posted by Béatrice Cotte
- On 29 janvier 2013
- Artiste française, Photographie
Lorsque Maia Flore rencontre des paysages qui l’inspirent, elle s’amuse et cela donne Situations, sa nouvelle série de 13 photographies. En exclusivité pour Follow Art With Me, Maia nous présente et nous explique cette nouvelle série. Rencontre avec une artiste très nature qui joue avec Dame nature !
Inspirations pour Situations
FAWM : Maia, pouvez-vous nous expliquer, comment est née cette nouvelle série Situations ?
Maia Flore : La première photographie, qui est à l’origine de ce nouveau travail, a été prise lors de mon séjour à Stockholm en 2009. L’idée originale n’était rien d’autre que celle de s’amuser dans un espace naturel « extraordinaire ». Lors de cette prise de vue la mer glacée m’a inspiré cette pose. Il faisait moins 23° dehors et la neige m’arrivait jusqu’au bassin, je ris beaucoup quand j’y repense.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
Cette photographie est restée ensuite dans un coin de ma tête et deux ans plus tard, lors de ma résidence en Islande, j’ai voulu renouer avec ce travail photographique « spontané » et lié à un instant T. J’ai donc réalisé la photographie où en faisant le pont j’épouse la forme du soleil couchant. C’est un merveilleux souvenir, car durant mon séjour il n’y a pas eu beaucoup de journées baignées par le soleil et cette photographie prise en bord de mer, cristallise un moment unique et rare de mon séjour en Islande. J’ai cherché tout naturellement à accueillir ce soleil en prenant la pose du pont. Encore une fois, cette prise de vue a été un réel moment d’amusement avec la nature !
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Ces photographies reflètent donc des émotions instinctives, une création sur le vif et une recherche de dialogue avec la nature ?
Maia Flore : Oui, c’est une rencontre avec un paysage et c’est comme cela que j’ai pris goût à m’amuser avec des sites naturels. La série Sleep Elevations, développait déjà cette envie de laisser une trace dans un paysage à un moment où j’ai envie qu’il se passe quelque chose et donc je le provoque !
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
Cette série s’est construite comme une histoire au fil du temps sans vraiment savoir où elle allait et comment cela allait se terminer. Lorsque je suis rentrée d’Islande et que j’ai retrouvé les paysages très agricoles et exploités de ma région dans le sud de la France, j’ai vécu un véritable choc esthétique. Après la contemplation de paysages presque vierges et harmonieux, où la nature est reine, il était difficile de retrouver des paysages entièrement travaillés par la main de l’homme. En Islande, le sentiment d’être si petite face à une nature puissante m’avait comblé. De retour en France il m’était difficile de trouver ma place dans la nature, alors que je sentais que j’en avais besoin.
Puis un matin je me suis levée, il y avait un brouillard magnifique qui effaçait, gommait tout ce que je n’aimais plus chez moi. La terre respirait à nouveau et retrouvait sa puissance dans cette brume éphémère. J’ai enfilé une petite robe rouge et je suis vite sortie avec l’envie de créer une nouvelle image avant que le brouillard ne s’évapore. C’était comme un nouveau voyage, une renaissance de mes sens.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Les paysages de la série ne sont donc pas tous des paysages nordiques ?
Maia Flore : Non, chaque paysage est un voyage, une rencontre à un moment donné de ma vie et une bonne majorité finalement sont des paysages français.
FAWM : Quelle photographie est donc née de cette rencontre avec le brouillard ?
Maia Flore : La troisième photographie est celle où ma chevelure épouse l’écorce d’un peuplier. Le brouillard a laissé place au mystère, cela permettait de redécouvrir un espace et de le voir autrement. Je me suis libérée et amusée et voilà le troisième clin d’œil. J’ai repris goût à la photographie et j’ai ensuite recherché des lieux que j’appréciais pour continuer cette aventure avec la nature.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Dans Situations, une partie des photographies dialoguent avec la brume et l’autre avec le soleil ?
Maia Flore : Au fil de ce travail, je me suis aperçue que sur les photographies ensoleillées j’avais tendance à me cacher, à adopter une posture très droite et figée, alors que dans le brouillard j’étais plus libre.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Oui, en effet, vous êtes toujours de dos ou de profil mais jamais de face, est-ce voulu ?
Maia Flore : cela s’est fait naturellement, car c’est plus le corps qui parle que l’expression, c’est une position, une harmonie du corps avec un ensemble. Je suis aussi peut-être un peu maniaque avec mes cheveux, car ils prennent beaucoup d’importance dans mes œuvres.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Le rouge semble être aussi un fil d’Ariane, quelle est sa signification ?
Maia Flore : finalement le rouge c’est comme le fil rouge d’une histoire ; c’est également comme au théâtre une manière d’endosser un costume pour « entrer en scène », ma petite touche vestimentaire rouge est devenue comme un « bleu de travail », mais un travail créatif synonyme de moments de liberté. Finalement, cette série est plus simple et plus directe que Sleep Elevations.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Dans ce travail on ressent une inspiration de l’école d’Helsinki, que vous a apporté votre résidence d’artiste là-bas ?
Maia Flore : Je cherche souvent une légitimité dans ce que je voudrais faire, et plusieurs choses à l’époque me gênaient dans mes images. Le fait de me prendre comme principal modèle, à cause de ma timidité, en faisait notamment parti. Les photographes de l’école d’Helsinki dégagent un univers qui me touche énormément. La rencontre de chaque photographe me bouleversait, soit à travers leurs installations, leur processus de création ou leur manière de représenter le monde tout simplement. Bref, j’avais aussi envie de créer mon petit monde, de trouver mon processus et d’écouter mes envies. L’énergie de création, je pense à la musique ou à la mode, qui existe en Finlande ou en Islande, m’a donné beaucoup de force. Le temps de la résidence d’artiste que j’ai effectuée cet été m’a permis de concrétiser plusieurs années de croquis et de collages. Ces derniers me servent de base pour matérialiser mes idées en images photographiques. En résidant en Finlande, j’ai finalement réalisé que mon paysage imaginaire existait quelque part.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : En regardant Situations, je me suis demandé si vous étiez seule face à la nature ou perdue dans la nature ?
Maia Flore : Non, j’étais tout simplement bien dans la nature, j’ai pris du plaisir, j’ai profité de l’instant présent.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Ces photographies représentent donc une communion entre deux personnages : vous et le paysage. Le paysage me semble en effet être un personnage à part entière de vos photographies, au même titre que vous ?
Maia Flore : J’imagine que l’on regarde le personnage humain en premier, car il se démarque avec sa touche de couleur rouge, mais je pense que l’image est un ensemble et qu’il y a en effet un vrai dialogue entre eux deux.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Techniquement comment faites-vous pour prendre vos photographies ?
Maia Flore : Parfois je suis seule et c’est moi qui prends la photographie, grâce à un petit déclencheur. D’autres fois, c’est ma grand-mère qui m’aide. D’ailleurs sur cette série ça a été un travail très intéressant avec elle. Elle est née et a passé sa vie dans ce périmètre où nous avons tenté ensemble de redécouvrir l’espace. Elle m’a souvent suggéré des lieux et j’ai adoré ses propositions. Je me suis donné ensuite le challenge de répondre en image et de trouver ce que cette jeune fille rouge pourrait y faire. Nous avons travaillé ensemble et le brouillard était un peu notre tension, parce qu’il est fugace et que nous l’avons attendu parfois pendant des mois. Lorsqu’il était là, c’était une tension énorme car il fallait aller vite, c’était très excitant de vivre cette chasse de l’instant magique avec elle. Pour la photographie avec l’échelle, ça a été un moment exceptionnel, car lorsque j’ai installé l’échelle et que je suis montée dessus, mes pieds se sont mis par hasard à hauteur de l’horizon et une seule prise a été nécessaire pour « attraper » ce moment.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
FAWM : Maia, qu’allez vous faire dans les mois qui viennent ?
Maia Flore : Je pars en résidence en Californie à l’université de Berkeley, pendant deux mois. Je vais à la découverte d’un nouveau monde, pour un moment de création un peu hors du temps.
FAWM : Nul doute que cette nouvelle aventure sera prolifique et nous réservera de belles surprises ! Nous vous souhaitons Maia un excellent voyage, et nous vous remercions pour cette formidable rencontre-interview que vous nous avez accordée juste avant votre départ.
Maia Flore, Situations, sans titre, 60x90cm, éd.7 sur papier Fine Art, Courtesy de l’artiste. |
Biographie
Maia FLORE, est née en 1988, en France.
En 2010, année d’obtention de son diplôme de l’Ecole des Gobelins, elle entreprend un grand voyage en Suède.
Sous la lumière nordique et devant la beauté des paysages, elle entame sa série de photographies « Sleep Elevations ».
Elle rentre en 2011 à l’Agence VU’, puis, part pour un nouveau voyage. Destination, cette fois-ci, l’Islande, qui s’avère également une source d’inspiration précieuse pour son travail.
En juillet 2012, l’artiste part en résidence en Finlande.
Elle est sélectionnée pour le concours PHPA (Photo d’Hôtel, photo d’auteur : www.phpa.com).
Janvier 2013, résidence à l’Université de Berkeley aux Etats-Unis.
Site internet : www.maiaflore.com
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