DUNCAN WYLIE : « From Chaos »
- Posted by Béatrice Cotte
- On 17 septembre 2012
- Artiste Zimbabwéen, Galerie d'art, Paris, Peinture, solo show
Samedi 8 septembre, 16h, je vais rejoindre mes amis, Emilie Fondevila et Juan Carlos Valencia au vernissage d’un de leurs amis, Duncan Wylie. J’ai hâte de rencontrer cet artiste, dont ils me parlent depuis longtemps, et dont j’ai déjà vu les œuvres, il y a deux ans lors de son solo show à Slick Art fair Paris, sur le stand de sa galerie new-yorkaise Virgil de Voldere Gallery, puis en mars dernier à Art Paris avec sa galerie parisienne, la galerie JGM.
17h, je pousse enfin les portes de la galerie JGM, située dans l’arrière cour d’un bel hôtel particulier du Marais. Cette prestigieuse galerie, expose pendant six semaines « From Chaos », une quinzaine d’œuvres de l’artiste. Cela fait plus de 10 ans que Duncan Wylie n’a pas fait d’exposition solo en galerie à Paris, et cette exposition constitue, comme il me l’explique, une étape importante dans son parcours de création.
« From Chaos », un chaos analytique en mouvement :
Il a fallu à Duncan Wylie, cinq mois de travail pour créer cette exposition « From Chaos », où, en se servant d’images de destruction, l’artiste crée de nouvelles structures réinvesties par une peinture dynamique privilégiant le mouvement, l’espace et la couleur.
Les peintures de l’artiste superposent et mélangent des images d’architectures détruites, lors de cataclysmes naturels, de guerres, d’attentats, d’accidents…, et créent ainsi plusieurs plans, espaces, perspectives, profondeurs, plusieurs chemins d’exploration possibles pour l’œil du spectateur.
A la question, pourquoi des architectures effondrées ?
Il nous répond, qu’il a toujours utilisé des images déconstruites. Dans ses séries précédantes, il créait la brèche en juxtaposant des images peintes. Dans cette série, les images de structures effondrées peintes en palimpseste font écho à l’histoire de son pays d’origine le Zimbabwe, où il a vu toutes les structures sociales, économiques, éducatives et politiques tomber une à une.
Puis il nous parle des destructions de bidonvilles opérées par le dictateur Robert Mugabe à Harare, le lieu où il est né.
Il nous répond, qu’il a toujours utilisé des images déconstruites. Dans ses séries précédantes, il créait la brèche en juxtaposant des images peintes. Dans cette série, les images de structures effondrées peintes en palimpseste font écho à l’histoire de son pays d’origine le Zimbabwe, où il a vu toutes les structures sociales, économiques, éducatives et politiques tomber une à une.
Puis il nous parle des destructions de bidonvilles opérées par le dictateur Robert Mugabe à Harare, le lieu où il est né.
Duncan Wylie
Untitled (heros anti-heroes series), 2012 Huile et alkyd sur toile, H 27 x 22 cm |
Depuis 2005, dans le cadre de l’opération Murambatsvina (« chasser la saleté »), près de 700 000 personnes sont expulsées de la capitale, sans avoir d’autre lieu où se loger, pour « assurer la sécurité » dans Harare. Ces destructions de bidonvilles visent à frapper les quartiers qui avaient voté le plus pour l’opposition à Robert Mugabe.
Sur certaines des toiles exposées, parfois 7 à 8 images s’entrechoquent et se superposent, afin de toujours repousser plus loin l’espace. C’est l’histoire d’un monde en perpetuelle reconstruction, en perpetuel mouvement. L’artiste cherche à faire bouger, glisser l’architecture. Ce désir de peinture en mouvement évoque le départ d’un lieu, d’une œuvre, pour aller vers autre chose et c’est bien de construction que Duncan Wylie nous parle à travers ses œuvres.
Duncan Wylie, est un artiste qui génère – paradoxalement- le chaos à partir d’une base méthodique. Par son protocole pictural il cherche à créer des accidents en peinture, au niveau micro comme au niveau macro.
Lorsqu’il commence une toile, il peut tracer par exemple des lignes verticales rouges parallèles, à intervalles réguliers. Ces lignes structurelles, d’ancrage, lui permettent, comme il me l’explique, d’avoir la première base construite de l’œuvre qu’il casse ensuite en appliquant hâtivement ses premières touches de peinture, pour que la peinture ait la même action que l’image.
Il utilise pour ces premières couches des huiles à séchage rapide à la texture un peu brute, et aux couleurs assez basiques. Puis, il utilise des huiles fines et transparentes aux teintes plus recherchées, dont un vert très particulier issu des couleurs des petites écoles rurales du Zimbabwe (Light Pool, 2012), et enfin il superpose d’autres couches et épaisseurs de peinture. Cette méthode, fondée sur l’accumulation de strates, laisse toute latitude aux repentirs et aux revirements imposés par la peinture elle-même. Elle implique aussi une notion de temps. Il cherche la surprise et l’étonnement : l’image finale doit-être comme un « évènement » en suspension.
Lorsqu’il commence une toile, il peut tracer par exemple des lignes verticales rouges parallèles, à intervalles réguliers. Ces lignes structurelles, d’ancrage, lui permettent, comme il me l’explique, d’avoir la première base construite de l’œuvre qu’il casse ensuite en appliquant hâtivement ses premières touches de peinture, pour que la peinture ait la même action que l’image.
Il utilise pour ces premières couches des huiles à séchage rapide à la texture un peu brute, et aux couleurs assez basiques. Puis, il utilise des huiles fines et transparentes aux teintes plus recherchées, dont un vert très particulier issu des couleurs des petites écoles rurales du Zimbabwe (Light Pool, 2012), et enfin il superpose d’autres couches et épaisseurs de peinture. Cette méthode, fondée sur l’accumulation de strates, laisse toute latitude aux repentirs et aux revirements imposés par la peinture elle-même. Elle implique aussi une notion de temps. Il cherche la surprise et l’étonnement : l’image finale doit-être comme un « évènement » en suspension.
Dans son atelier, l’artiste travaille sur plusieurs œuvres en même temps. Il passe d’une œuvre à l’autre et explique qu’il opère ce mouvement de translation à l’intérieur même de son travail. Certaines parties d’une toile peuvent glisser sur une autre. Il explore ainsi plusieurs voix, entre abstraction et figuration.
Duncan Wylie
Untitled, 2012, Huile et alkyd sur toile,H 43,5x58cm |
Déconstruire pour reconstruire. L’art « maîtrisé » de Duncan Wylie traduit une véritable complexité d’images.
Il part d’un évènement, d’ images (photos, coupures de journaux) mais ne sait jamais vraiment où celles-ci vont le mener. Pourtant il construit patiemment, comme un puzzle, à partir de plusieurs images qu’il assemble, au grès des accidents, une oeuvre qu’il laisse émerger, sans rien lui imposer. Duncan Wylie est un véritable architecte d’architectures déconstruites. Il le dit, ce qu’il aime par dessus tout c’est construire. On ressent son bonheur de créer au travers des couleurs lumineuses et finalement chaleureuses qu’il donne à ses œuvres. Bien que les sujets de ses toiles évoquent des épisodes douloureux, on ne ressent pas de tristesse ou d’effondrement en les regardants, mais bien une tension, une dynamique, une énergie, une force.
Duncan Wylie
Untitled, 2012, Huile et alkyd sur toile, H 116 x 89 cm |
Pour la première fois dans cette série commencée en 2005, la figure humaine apparaît, en silhouette, fondue dans les décombres mais paradoxalement lumineuse; ou sous forme de portrait, avec la série des portraits de robert Mugabe, qui reflète une image de chaos et d’ambivalence.
Et comme nous le fait justement remarquer Juliette Singer, Conservatrice du Patrimoine, « La perte de repères spatio-temporels reste néanmoins totale. Les échelles se brouillent, les accidents se multiplient. L’œuvre se fait palimpseste, témoin de pans d’histoires hétéroclites qui se superposent sur une même surface sans se fondre tout à fait.
Et comme nous le fait justement remarquer Juliette Singer, Conservatrice du Patrimoine, « La perte de repères spatio-temporels reste néanmoins totale. Les échelles se brouillent, les accidents se multiplient. L’œuvre se fait palimpseste, témoin de pans d’histoires hétéroclites qui se superposent sur une même surface sans se fondre tout à fait.
Tout se passe comme si Duncan Wylie nous donnait à voir à travers sa peinture en mille-feuille, différentes strates de la mémoire. Mémoire fragmentée d’un monde en transformation. Mémoire d’une histoire de l’art où se croisent la conception européenne de la peinture comme « fenêtre ouverte sur le monde », et l’approche anglo-saxonne d’une peinture à dimension murale. »
« Il bâtit des démolitions. Il creuse les failles de la mémoire du monde, de l’histoire de l’art, de la sienne propre. Il mélange les images, tout en jouant sur des effets de démultiplication et de miroirs, que certains de ses derniers tableaux reprennent jusque dans la forme du diptyque. Au final, le chaos structuré de ses peintures, loin d’être apocalyptique, relève plutôt d’une palingénésie énergique, aussi sonnante et éclatante qu’un air de trompette de Miles Davis. Nourri d’un mouvement perpétuel de destruction-création ouvrant sur tous les possibles, l’espace du tableau laisse la peinture gagner sur l’image et l’énergie du renouveau, prendre le dessus sur la ruine. »
A découvrir du 8 septembre au 20 octobre 2012, du lundi au vendredi de 10h à 19h et le samedi de 11h à 19h, JGM. Galerie, 79, rue du Temple, 75003, Paris.
Plus d’informations sur le site www.jgmgalerie.com
Biographie :
Portrait de Duncan Wylie |
Duncan Wylie, est né à Harare en 1975 au Zimbabwe. Après avoir quitté son pays d’origine, il entame en 1994 ses études d’art à Paris à l’Ecole des Beaux arts, dont il sort diplômé en 1999 avec les félicitations du jury.
En 2005, Duncan Wylie est naturalisé français.
Aujourd’hui, il vit et travaille à Saint-Ouen.
Site web de l’artiste : www.duncan-wylie.com
Page Facebook : https://www.facebook.com/duncan.wylie.75
Page Facebook : https://www.facebook.com/duncan.wylie.75
Dernières expositions (sélection) :
2011
“ Blood from a Stone ”, New York (US), Galerie Virgil de Voldère.
“ Beyond the Crisis ”, Curitiba (BR), 6ème Biennale de Curitiba.
“ Our house in the middle of our street ”, Malakoff (92), Maison des Arts de Malakoff, 25 mai – 17 juillet, commissaire : Jeanne Susplugas.
“ Tragique du Paysage ”, Paris, Galerie Eric Mircher.
“ D’après la ruine ”, Vilnius (LH), Académie des Beaux-Arts, Titanic Rooms, 15 avril – 15 mai, commissaire : Renaud Serraz.
“ Des paysages, des figures ”, Saint-Ouen (93), Château de Saint-Ouen, 17 janvier – 27 mars, commissaire : Olivier Masmonteil (carton d’invitation, dépliant).
2010
“ Duncan Wylie New Paintings ”, Paris, Slick, Galerie Virgil de Voldère, 21 – 24 octobre.
“ Dynasty ”, Paris, Palais de Tokyo et Musée d‘Art Moderne de la Ville de Paris, 10 juin – 5 septembre (catalogues).
“ Collection 3 ”, Alex (74), Fondation Salomon, 13 mars – 30 mai, commissaire : Anne Malherbe (catalogue).
Collections publiques :
Grenoble (38), Musée de Grenoble
Puteaux (92), Fonds National d’Art Contemporain
Amsterdam (NL), CBK
Paris, Fondation Gaz de France/Emmaüs
Boulogne (92), Fondation Colas
Saint-Ouen (93), collections municipales
Saint-Grégoire (35), collections municipales
Collections publiques :
Grenoble (38), Musée de Grenoble
Puteaux (92), Fonds National d’Art Contemporain
Amsterdam (NL), CBK
Paris, Fondation Gaz de France/Emmaüs
Boulogne (92), Fondation Colas
Saint-Ouen (93), collections municipales
Saint-Grégoire (35), collections municipales
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