ASIA NOW 2016 : Entretien avec Alexandra Fain
- Posted by Béatrice Cotte
- On 18 octobre 2016
- Foire Art contemporain, Paris
C’est chez elle, autour d’un thé, qu’Alexandra Fain, Directrice d’ASIA NOW, « boutique art fair » dédiée à l’art contemporain asiatique, nous reçoit pour parler de la deuxième édition de la foire. Dix jours avant l’ouverture, l’élégant appartement d’Alexandra s’est transformé en une « ruche », où une dizaine de personnes s’activent et travaillent à la réussite de l’événement. L’excitation est à son comble !
FAWU : Lors de sa première édition, l’année dernière, ASIA NOW avait grandement attiré l’attention par sa nouveauté, sa fraîcheur et la qualité de sa proposition. Quels sont vos objectifs pour cette seconde édition ?
Alexandra Fain : Cette année, nous avons choisi d’installer l’événement dans un nouveau lieu, plus en phase avec l’identité de « boutique art fair » de la foire. Situés à une adresse prestigieuse du 8ème arrondissement de Paris, les deux grands appartements haussmanniens et l’atelier d’artiste que nous investissons pour l’occasion, vont donner à la foire une toute autre atmosphère, plus lumineuse, plus intimiste, très « parisienne », qui lui permettra d’ancrer sa véritable identité. En plus de permettre une déambulation beaucoup plus agréable que celle de l’Espace Pierre Cardin, ce nouveau lieu nous permet d’accueillir cette année 34 galeries, contre 18 en 2015. Nous espérons également recevoir 15 000 visiteurs versus 9 000 l’année dernière.
FAWU : Cette année les dates de la foire coïncident exactement avec celles de la FIAC, est-ce justement pour mieux capter ses visiteurs et augmenter votre taux de fréquentation ?
Alexandra Fain : Oui, l’année dernière ASIA NOW ouvrait le bal des foires à Paris, en lançant son événement le lundi. Le vernissage fut d’ailleurs un énorme succès ! Nous avions parié sur le fait que la Frieze et la Fiac se déroulaient à seulement une semaine d’écart et que les collectionneurs internationaux enchaîneraient les deux événements. Cette année, ce n’est pas le cas, et l’on peut craindre que certains collectionneurs américains ne répondent pas à l’appel à cause du contexte international. Cependant, les grands collectionneurs européens sont attendus de pied ferme à la Fiac. Ainsi, pour donner à nos galeries, qui se déplacent de l’autre bout du monde, toutes leurs chances de capter cette clientèle, ainsi que les curateurs et comités de sélection des grandes institutions mondiales, nous avons décidé de caler les dates d’ASIA NOW sur celles de La Fiac. Nous avons également mis en place un système de navettes gratuites à l’angle de l’avenue Winston Churchill et du cours la Reine, afin de faciliter le flux entre les deux foires.
FAWU : ASIA NOW a une proposition très ciblée, qui présente uniquement l’art contemporain asiatique, quelle est votre cible à Paris, et pourquoi avoir créé une foire satellitaire sur ce secteur « niche » ?
Alexandra Fain : Pour une telle scène, celle de l’Asie, ASIA NOW s’adresse à un public de connaisseurs qui s’implique vraiment sur ce marché. C’est une proposition qui s’intéresse à une clientèle internationale de passionnés, tels que ceux qui se déplacent pour les grandes foires comme la Fiac. C’est pour cela que nous avons choisi de monter cet événement plutôt en octobre qu’au printemps, où les foires parisiennes rassemblent moins de visiteurs internationaux.
En outre, nous pensons qu’aujourd’hui qu’il y a la place pour une foire satellitaire, hyperspécialisée et complémentaire de la Fiac. Une foire qui ne cherche pas à reproduire une « mini Fiac », mais qui se concentre sur une zone géographique. Cela donne ainsi la possibilité aux visiteurs d’approfondir leurs connaissances et d’appréhender, en ce qui concerne ASIA NOW, les nouvelles perspectives qu’offre aujourd’hui l’art contemporain asiatique.
Avec ASIA NOW nous voulons rendre compte, à travers des choix très sélectifs, de la richesse de la création artistique asiatique. Nous pensons souvent connaître ce marché, mais il est tellement vaste que souvent on l’aborde de façon partielle…C’est donc dans la perspective d’apporter un nouvel éclairage sur sa valeur et son potentiel que nous avons construit notre proposition autour de 13 territoires d’Asie, dont le Bangladesh, le Cambodge, la Chine, La Corée du Sud, Hong Kong, l’Indonésie, le Japon, les Philippines, Singapour, Taïwan, La Thaïlande, le Tibet et le Vietnam. L’occasion également de mettre en avant des artistes formidables qui méritent aujourd’hui d’entrer dans des institutions et collections européennes.
FAWU : Cette année vous doublez quasiment le nombre de galeries, comment les sélectionnez-vous ?
Alexandra Fain : Nous nous distinguons également d’un certain nombre d’autres foires sur ce point. Nous n’avons pas de dossier d’inscription à remplir en ligne pour les galeries ou d’open call. Nous invitons les galeries après un processus de sélection très long qui se fait sur le terrain. C’est à partir des rencontres que nous faisons dans chaque pays où nous nous déplaçons, que nous composons notre « paysage » de galeries pour ASIA NOW. Nous sommes sur place guidés par des commissaires d’exposition, des curators , des collectionneurs, par les galeries que nous connaissons et qui cooptent d’autres galeries. Grâce à ce réseau composé au final d’une soixantaine de professionnels, nous avons invité pour cette édition 34 galeries triées sur le volet pour la qualité de leurs artistes, de leurs programmations et de leurs projets. Nous aurions aimé en présenter 15 de plus, mais la taille du lieu ne nous permet pas de les accueillir cette année. C’est une véritable frustration, mais l’année prochaine, si tout se passe bien, nous reviendrons sur ce site qui devrait s’agrandir et nous pourrons alors les inclure dans notre sélection.
Ainsi, nous avons sur ASIA NOW à la fois les meilleures galeries de chaque pays, comme la galerie Park Ryu Sook, une très grande galerie de la Corée du Sud, ou la galerie Chi-Wen Gallery de Taïwan, et des galeries très pointues comme la galerie URANO de Tokyo qui présente Takahiro Iwasaki, récemment nominé pour représenter le japon à la prochaine Biennale de Venise en 2017.
FAWU : Quels sont les points forts de cette deuxième édition ?
Alexandra Fain : Les performances, que nous incluons cette année dans le programme, dont celle de l’artiste singapourien Teow Yue Han, feront parties sans nul doute des points forts, mais également la carte blanche donnée à Hervé Mikaelof, en collaboration avec Matthias Arndt, qui sera dédiée à la scène artistique de l’Asie du Sud-Est. Les douze pièces de design conçues par Shang Xia en collaboration avec Christie’s spécialement pour l’occasion marqueront également, cette seconde édition.
Enfin, je souhaite souligner que plus de 35% des artistes exposés cette année sont des femmes, avec notamment quelques très beaux solo show comme celui de l’artiste Taïwanaise Chien-Chi Chang, “Double Happiness (2003-2009)”, présenté par la galerie Chi-Wen (Taïwan). L’accent sera également mis sur les femmes avec l’exposition consacrée à l’indépendance des femmes, organisée par Magda Danysz et commissionnée par Etam ou avec l’exposition collective « Girls : Portraits, Fantasies and Troubles » présenté par la galerie Leo Xu Projects. Ce n’était pas un choix volontaire au départ, de mettre un petit accent sur les femmes pour cette seconde édition d’ASIA NOW, mais le hasard fait parfois bien les choses!
Facebook : Asia Now Paris
Instagram : @ASIANOW
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