Paris Internationale : ♪ Whoo, Whoo ♪ ♪ Shake it off, shake it right♪

Cette nouvelle foire off, prend des airs de « Salon des refusés » version XXIème siècle!

Comme son illustre aîné, Paris Internationale s’ouvre en marge de la FIAC (salon officiel) et prend ses quartiers dans un double hôtel particulier haussmannien, du très chic 16ème arrondissement, délaissé, en chantier… La combinaison à la fois « classique » et « destroy » du lieu avec l’exposition d’oeuvres d’art contemporain fonctionne à mort!!! Ajoutez-y les talents d’un des commissaires d’exposition les plus pointus et branchés du moment, Vincent Honoré (Directeur de la David Roberts Art Foundation à Londres), pour  concevoir le temps d’une soirée un programme de performances (Paris Internationale s’est retrouvé plongé dans l’atmosphère d’un nightclub scandé de happenings au coeur d’une mise en scène de troublants tableaux-vivants qui dépeignaient l’allégorie d’un Paris imaginaire, fictif, hantant le présent d’une avant-garde internationale…) et vous obtenez une foire détonnante, bien éloignée du «white cube», des espaces industriels ou des stands classiques des autres foires parisiennes du moment, en résumé « the place to be » des événements « off »!

Stand de la Galerie High ART

Né de la volonté de quatre galeries parisiennes bellevilloises et d’une galerie de Zurich, (Galerie Antoine Levi, Galerie Crèvecoeur, Galerie High Art, Galerie Gregor Staiger). Paris Internationale s’affiche comme un projet alternatif et collaboratif dans lequel s’expriment des intuitions différentes et complémentaires de la création artistique émergente.

Pour sa première édition, Paris Internationale 2015 accueille 41 exposants internationaux, dont 34 galeries et 7 project spaces, provenant de 14 pays.

La rencontre entre les différents acteurs parmi les plus audacieux de la scène artistique internationale et la mise en place de dispositifs moins figés que dans les foires traditionnelles donne à cette foire une atmosphère toute particulière, très « Bourgeois Bohême » à la parisienne.

Vous l’aurez compris j’ai trouvé cette foire extrêmement « rafraîchissante » et je conseille de s’y rendre pour découvrir les propositions des galeries et artistes suivants :

A l’étage de l’entrée, l’installation de l’artiste israélienne Shelly Nadashi de la galerie danoise Christian Andersen. Au deuxième étage dans le salon en rotonde, les sculptures « totems » à partir de vieux rabots de menuisier d’Emmanuel Lagarrigue et la terre cuite chamottée & Terracotta, intitulée Kink de Bettina Samson pour la galerie Sultana.

Exposées dans le même salon, les céramiques de l’artiste Ry Rocklen chez Praz-Delavallade.

L’artiste américain poursuit son travail d’alchimiste, qui consiste à transformer et réanimer des objets abandonnés. C’est dans la rue, les décharges, les brocantes et les “thrift stores” de Los Angeles que l’artiste va chercher ces objets qui deviendront oeuvres. Avec ses gestes délicats et néanmoins plein d’excentricité, il réussit à leur insuffler une seconde vie, plus poétique.

Les sculptures portraits, inspirées de Marie-Antoinette, à base de plâtre et de cheveux de Stephan Dillemuth à la galerie munichoise Deborah Schamoni, ainsi que les tableaux réalisés sur plaque d’aluminium et peints au pistolet avec de la peinture de carrosserie de voiture puis rayés par l’artiste Anne Imhof, récente lauréate 2015 du Prix de la National Gallery de Berlin.

Dans la même pièce on se laisse séduire par les petits formats de Patrick Berran chez Chapter NY.

Dans l’autre aile du bâtiment, on se renseigne sur le tout jeune peintre polonais Piotr Makowski de la Galerie Antoine Levi, on découvre pour la première fois en France la sélection de la galerie new-yorkaise Bodega et les constructions additives des projets « do-it-yourself » de Jason Benson, réalisés avec des objets usuels. A deux pas, on philosophe avec l’installation de l’artiste français conceptuel Benoît Maire exposé là par sa galerie berlinoise Croy Nielsen. 

Toile de Piotr Makowski, Photo Yann Revol, courtesy Galerie Antoine Levi

courtesy Galerie Bodega

On descend d’un étage pour ne pas louper le stand de la galerie zurichoise Freymond-Guth Ltd. qui propose un solo show de l’artiste suisse Marc Bauer. Ce dernier a réalisé spécialement pour l’occasion un immense dessin sur le mur de deux jeunes garçons nous faisant face, installés sur une falaise que le dessin en noir et blanc rend inquiétante. Cette oeuvre figurative et narrative dialogue avec son projet « inventaire » réalisé en porcelaine, où chaque objet de vaisselle relate une partie de l’histoire inventée par Marc Bauer lors d’une résidence en bretagne autour d’un adolescent et une travailleuse de l’Arsenal de Brest. On jette un oeil à la première pièce cylindrique, impression sur verre, réalisée par Servane Mary  sur le stand de la galerie parisienne Triple V. Une artiste femme qui s’intéresse aux femmes qui exercent des travaux généralement considérés comme réservés aux hommes. Là l’image choisie par Servane Mary représente une « cow girl » du far west américain. On aime le contraste engendré par la fragilité de la pièce et la force de caractère qui se dégage de cette héroïne.

Enfin, on finit notre déambulation dans cet hôtel particulier laissé à l’abandon par un petit tour dans les combles en achetant au profit du centre d’art lyonnais La Salle de Bain les peintures abstraites encadrées inédites de Jagna Ciuchta. Une belle action de mécénat afin de de terminer sa visite bienheureux!