Descriptif
Exposition James Turrell « Inspirer la lumière »
Cet été, dans le cadre de son exposition estivale, la Venet Foundation présente deux œuvres de l’artiste américain James Turrell (1943 -)..
La lumière de Turrell apparaît grâce à des dispositifs dissimulés, élaborés avec précision, et vient reproduire des phénomènes naturels que l’artiste amplifie et met en scène en dramaturge. L’obscurité, le silence, la présentation d’une manifestation perceptuelle que l’œil ne s’explique pas et qui nous dépasse, aboutissent à l’abandon dans la contemplation, à une confrontation avec le sublime.
« James Turrell est un constructeur de temples, en ce sens qu’il réinvente des lieux pour l’aura, pour le jeu de l’ouvert et du cadre, le jeu du lointain et du proche, la mise à distance du spectateur ou bien sa perdition haptique. James Turrell construit des objets d’incandescences et de nuées, des objets doués d’un volcanisme silencieux. Des bouches sans noms prononcés, ou des buissons ardents réduits au hiératisme d’un seul rectangle rouge. Des petites cathédrales où l’homme se découvre marchant dans la couleur1 ». Georges Didi-Huberman
La première œuvre de James Turrell présentée cet été à la fondation, intitulée Elliptic, Ecliptic, appartient à la série des skyspaces, ces bâtiments, ici ovoïde, dans lesquels le spectateur est invité à s’asseoir afin d’observer le ciel à travers un espace resserré, dégagé de toute pollution visuelle, et mis en lumière par un dispositif dissimulé dans la structure. Tout comme Klein cherchait à peindre le ciel, Turrell le sculpte dans l’espace et le colore en teintant son environnement. La concentration du bleu, du plus clair en début de journée, au plus foncé la nuit, en un espace restreint fait ressortir son intensité et l’immensité de l’infini. Dégagé de tout contexte, c’est un monochrome abstrait que l’on contemple. Un monochrome défini par ses contours, mais dont la profondeur nous est inconnue, voire inexplicable.
Elliptic, Ecliptic est une installation pérenne de la Venet Foundation, comme la Chapelle Stella, réalisée par Frank Stella à l’occasion de l’inauguration en 2014.
Comme à Marfa au Texas (où se trouvent notamment les fondations Chinati et Judd), l’exigence de la Venet Foundation est de présenter les œuvres dans des conditions idéales. Tout ici, la nature, l’architecture, l’accrochage, est au service des artistes. Construite dans le parc de sculptures de la fondation, en regard de la chapelle de Frank Stella, le skyspace, que Georges Didi-Huberman décrit comme un temple, souligne le tropisme des artistes contemporains à élaborer des monuments à connotations sacrées et à s’inscrire dans une histoire séculaire dont ils conservent la substance tout en en réécrivant les codes.
La deuxième œuvre de Turrell, Prana, est présentée dans la galerie contemporaine de la Venet Foundation, conçue par Berthier et Llamata. Elle consiste en un espace clos, hermétique à toute lumière extérieure au bout duquel un rectangle rouge dissimule sa nature exacte. Ce qui semble être un objet peint, du pigment pur, ou une projection lumineuse se révèle après examen être
une ouverture (aperture dans le vocabulaire de Turrell) sur une réflexion lumineuse. Derrière le cadre découpé dans la paroi, disparaît toute notion spatiale dans une sorte d’abîme embrumé d’un rouge flamboyant évoquant l’intérieur d’un volcan en fusion.
Prana, son titre, emprunté à la religion hindoue, vient du sanskrit. Selon les Upanishad, il s’agit d’une énergie vitale universelle qui imprègne tout, et que les êtres vivants absorbent par l’air qu’ils respirent. Chez Turrell, cette énergie apparaît dans l’air à la faveur d’un brouillard coloré dont le pouls se dissipe à mesure que l’œil s’accoutume à l’obscurité de la pièce. Ce qui en subsiste après quelques minutes, c’est la source de ce brouillard, le rectangle de couleur pure qui persiste comme une source intarissable.
Dans l’œuvre de Turrell, il y a la découverte d’un environnement inhabituel, non naturel.
Une fois le sas passé, « l’homme qui marche sait déjà que l’espace va cesser de lui être quotidienne ». Il y a aussi la mise en scène d’une sensation fantasmée, d’un souvenir in utero à mi-chemin entre l’organique et le volcanique.
Citations d’Alexandre Devals
Légendes des photographies :
. James Turrell, Elliptic Ecliptic, 1999, Crédit photo : Frédéric Chavaroche, Archives Bernar Venet.
. James Turrell, Prana, Archives Bernar Venet.
Informations Pratiques
- Nom de l'évènementJames Turrell "Inspirer la lumière"
- Date de l'évènementJuillet - Octobre 2016
- LieuVenet Foundation - 365 chemin du Moulin des Serres 83490 Le Muy