YIA- LA CONFIDENTIELLE 2015 : L’OUTSIDER GAGNANT !
- Posted by Béatrice Cotte
- On 8 avril 2015
- 2015, Foire Art contemporain, Paris, Yia
YIA-CONFIDENTIELLE 2015
Parmi toutes les foires qui se sont déroulées la semaine dernière à Paris, ART PARIS, DRAWING NOW, LE PAD, LE SALON DU DESSIN, DDessin…, YIA-LA CONFIDENTIELLE a su très honorablement tirer son épingle du jeu.
Installée pour sa deuxième édition dans l’atypique et lumineux espace du Bastille Design Center, un bâtiment du Paris industriel du milieu du XIXème siècle, YIA-LA CONFIDENTIELLE proposait un événement à taille humaine, original, regroupant une petite quinzaine de galeries. Certes une sélection réduite, un peu à l’écart du cœur bouillonnant de Paris et de ses concurrentes, mais avec un parti pris de foire/exposition très intéressante.
Pas de cloisonnement sous forme de stands pour cet événement, mais une occupation de l’espace réfléchie dans son ensemble et confiée à plusieurs commissaires d’expositions afin de construire une proposition à la fois esthétique, cohérente et de qualité. Résultat, une déambulation fluide, une diversité esthétique, une synergie entre les œuvres, un dialogue qui fonctionne. En organisant sa nouvelle foire commerciale sous cette forme d’exposition « curatée », Romain Tichit a su proposer aux collectionneurs et aux professionnels, une alternative aux foires « grandes surfaces », parfois décousues, comme Art Paris cette année. Certainement l’événement aura été moins rentable financièrement, mais il aura eu le mérite de proposer un rendez-vous atypique, creuset entre une nouvelle génération de galeries et des propositions de jeunes curateurs invités pour l’occasion. Des artistes déjà reconnus étaient ainsi présentés en parallèle d’artistes émergents, offrant ainsi une vision particulière des œuvres soutenues par la cohérence d’un propos thématique.
Véritable lieu d’échanges, favorisés par son format intimiste, la présence des artistes, des curateurs et des médiateurs, la foire accompagne ainsi de façon intimiste les collectionneurs et amateurs d’art dans leur découverte de nouveaux artistes, car « Le début d’un parcours artistique et d’une collection d’art se fera toujours de façon CONFIDENTIELLE » comme le rappelle Romain Tichit en citant Pedro Morais.
VISITE
Lionel Sabatté, Licorne de février, 2015, béton, féraille, charbon et curcuma, 146 x 267 x 100cm
courtesy de l’artiste
Dans la petite cour intérieure, juste avant de franchir le seuil du bâtiment, le visiteur était accueilli par une majestueuse sculpture Licorne de Lionel Sabatté. Notons, qu’il était le seul artiste, à notre connaissance, présent sur trois foires à la fois : ART PARIS avec ses peintures de grands formats sur le stand de la Galerie D.X., avec ses dessins d’oiseaux sur DRAWING NOW sur le stand de sa galerie suisse, la Galerie C, et enfin sur YIA-LA CONFIDENTIELLE, avec ses sculptures sélectionnées par le commissaire David Rosenberg dans le cadre de sa proposition « Obscur- Clarté ».
YIA-CONFIDENTIELLE 2015- exposition « Obscur-clarté » curatée par David Rosenberg
Cette thématique était développée au sous-sol du Bastille Design Center, avec des œuvres soigneusement choisies par David Rosenberg, parmi la création de 28 artistes contemporains français et internationaux. Enseignant (Art contemporain & esthétique) à l’Université Paris 8, Commissaire d’expositions et auteur, David Rosenberg organise régulièrement des expositions en France et à l’étranger, dont Néon ! Who’s afraid of red, yellow and blue ? à La Maison rouge, Fondation Antoine de Galbert en février 2012.
Sous les voûtes de briques et dans une pénombre subtilement maîtrisée, qui servait idéalement le propos mis en scène par le commissaire d’exposition, on aura pu admirer :
Sara Favriau, courtesy Galerie Maubert
Les œuvres d’un blanc immaculé de la nouvelle lauréate du Prix des Amis de Tokyo, Sara Favriau (courtesy Galerie Maubert), dialoguant avec trois éclipses de béton de Lionel Sabatté (artiste invité) ;
A gauche photographie de Zhang Wei, à droite, Frank Perrin, « Empire #2″(Mao Z.)
2014, courtesy Galerie LA GAD
Les photographies juxtaposées de Frank Perrin (courtesy LA GAD) et de Zhang Wei (courtesy A2Z gallery). Avec Empire, Frank Perrin examine le lien paradoxal que le fantasme de pouvoir et de mode entretiennent ensemble…
YIA-CONFIDENTIELLE 2015- exposition « Obscur-clarté » curatée par David Rosenberg
Dans son installation/table au centre de l’espace, Caroline Corbasson (courtesy Galerie L’Inlassable) a réuni un ensemble de pages de vieux livres d’histoire de l’art, dont elle a remplacé les reproductions des oeuvres de célèbres peintres, par de la poussière de graphite noir. Le graphite ensuite gratté pour représenter des ciels constellés d’étoiles, illustre à travers ces nouvelles fenêtres de l’art un appel poétique vers l’infini et le cosmos.
Caroline Corbasson, courtesy l’Inlassable Gallery
Pour illustrer son propos autour du contraste entre la lumière et l’ombre, le noir et blanc, entre autres œuvres, avaient également été retenues par David rosenberg, une sculpture en néon de Nathaniel Rackowe (courtesy galerie Jérôme Pauchant), une photographie de maison « hitchcockienne » de Marlot&Chopard (courtesy galerie Jérôme Pauchant) ou bien encore une peinture « malevitchienne » de Cousteau Tazuke (courtesy Frantic gallery).
Nathaniel Rackowe, courtesy Galerie Jérôme Pauchant
Au rez-de-chaussée, je retrouvais avec plaisir la sculpture du tronc d’arbre « débité en tranches » de Keen Soulhal (courtesy La Gad), vue sur le Salon Jeune Création 2014 en octobre dernier. Son langage plastique poétique et hybride, associant techniques artisanales du travail du bois et du verre, avait retenu mon attention. J’apprécie en effet tout particulièrement les artistes qui savent tisser des liens sensibles entre artisanat et art contemporain.
Keen Soulhal, courtesy La Gad
La Galerie Olivier Robert présentait deux photographies, images détournées de la vie quotidienne de l’artiste Maya Rochat, ainsi qu’une vidéo et une peinture/sculpture, Digital Stretcher Studies, de Valentin Dommanget, qui réconcilie ornement et abstraction, digital et géologie…
Pierre Clément
Un peu plus loin, je croisais le chemin de l’artiste Pierre Clément et de son installation sculpture spécialement réalisée pour le lieu. Par un travail sur la forme, le mouvement, la lumière, il multiplie les voies. L’artiste m’explique qu’il utilise les outils numériques pour créer une certaine distance au réel en inventant un futur qui donne une fausse apparence de bricolé. Mais son univers fait aussi naître des formes, installations ou sculptures réalisées en matériaux classiques, bois, verre, papier, polystyrène, etc. Dans tous les domaines, l’éclectisme est sa règle.
Evan Robarts, The Delaware, Untitled Composition no.2, 2015,
métal, grillage, balles, 122 x 92 cm, courtesy Galerie Jérôme Pauchant
A l’étage, sous le titre « Altered States #2 », la Galerie Jérôme Pauchant, exposait les œuvres de Niall McClelland, Evan Robarts, Ryan Wallace. Bien que visuellement très différentes, les œuvres développent un langage commun autour de la manipulation de l’objet manufacturé et de la transformation des matériaux organiques. Leur usage originel est détourné pour disparaître derrière le paradoxe formel propre à la désacralisation de l’art.
L’intrusion d’éléments bruts provenant du réel (film de protection teinté pour vitre de voiture, balles en caoutchouc, feuilles de palmier, encres de cartouche d’imprimantes ou encore papier aluminium) rejoint cette «approche perceptive du réel» chère aux Nouveaux Réalistes, aussi bien que le positionnement d’éléments naturels et de «produits pauvres», éléments de composition dans l’Arte Povera. Cette relecture s’inscrit dans la modernité d’un discours et d’un langage propre au XXIe siècle.
YIA-CONFIDENTIELLE 2015
Charles Laib Bitton, courtesy Galerie Virginie Louvet
Sur les coursives du premier étage, mon œil s’est arrêté, semaine du dessin oblige, sur les dessins au charbon, réalisés selon une technique danoise, de Charles Laib Bitton (courtesy Galerie Virginie Louvet). Les compositions simples et géométriques développent des ambiances claires-obscures minutieusement recherchées.
espace investi par la Galerie Dohyang Lee, avec des oeuvres de Romain Vicari et Rohwajeong
A l’étage, je me suis également intéressée à la scénographie de la Galerie Dohyang Lee autour des œuvres de Romain Vicari et Rohwajeong.
Pour finir cette sélection d’œuvres repérées sur YIA-LA CONFIDENTIELLE, je laisse le mot de la fin à l’œuvre quelque peu ironique et drôle de Benjamin Mecz. Joli Pied-de-nez!
Benjamin Mecz, courtesy Galerie La Gad
YIA ART FAIR PARIS
Du 26 au 29 mars 2015, 74, boulevard Lenoir, 75011 Paris.
Plus d’informations sur le site www.yia-artfair.com
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