MORGANE TSCHIEMBER LAURÉATE DE LA BOURSE FAWU ABROAD 2018
- Posted by Béatrice Cotte
- On 15 mai 2018
- Bourse FAWU ABROAD
La Bourse FAWU ABRAOD 2018 a été attribuée lundi 14 mai à l’artiste plasticienne Morgane Tschiember.
Dotée de 6000 euros, la Bourse FAWU ABROAD finance en 2018 une résidence de deux mois à LOS ANGELES en partenariat avec FLAX (France Los Angeles Exchange), afin de soutenir l’artiste lauréate dans le développement de sa carrière à l’international.
Le jury 2018, composé de Béatrice Cotte, d’Henri-François Debailleux, GaÏa Donzet, Arnaud Laporte, Karolina Lewandowska, Chiara Parisi et Philippe Piguet a élu la lauréate parmi les trois finalistes.
Bruno Serralongue, Smith et Morgane Tschiember avaient été préalablement sélectionnés comme finalistes par Anna Milone, directrice et curatrice des programmes de FLAX, parmi les douze artistes nommés par le comité scientifique, en avril dernier, pour cette deuxième édition de la Bourse FAWU ABROAD: Jean-Baptiste Bernadet, Camille Blatrix, Sepand Danesh, Agnès Geoffray, Charles de Meaux, Bruno Serralongue, Smith, Stéphanie Solinas, Yann Toma, Morgane Tschiember, Ida Tursic & Wilfried Mille et Jérôme Zonder.
Créée en 2017 par l’Association Follow Art With Us, la Bourse FAWU ABROAD est attribuée chaque année à un artiste confirmé de la scène française, travaillant dans le domaine des arts plastiques et visuels. Elle a pour objectif d’étendre les réseaux des artistes à l’international et de les aider dans le développement de leurs projets et carrières à l’étranger.
La résidence de Morgane Tschiember aura lieu à Los Angeles avec FLAX (France Los Angeles Exchange) de novembre à décembre 2018.
MORGANE TSCHIEMBER LAURÉATE 2018 de la Bourse FAWU ABROAD
Morgane Tschiember est née en 1976 à Brest.
Elle vit et travaille à Paris.
Elle est représentée par la Galerie Loevenbruck.
Morgane Tschiember est artiste, sculpteur mais aussi peintre, presque à son corps défendant. Elle est beaucoup de choses et c’est pour cela que son œuvre et sa force vitale impressionnent et nous entraînent. Elle n’a peur de rien, elle prend à bras le corps les matériaux, les formes, les espaces et les couleurs. (Alexia Fabre, conservatrice en chef du Mac Val)
Texte d’Amélie Lavin, directrice des musées de Dole, sur le travail de Morgane Tschiember :
Être artiste, c’est une activité sans fin, toujours réinventée et jamais aboutie. C’est encore plus vrai chez certains artistes qui ont fait le choix d’une pratique où l’œuvre toute entière est à chaque fois remise sur le métier, où chaque nouvelle idée, chaque nouvelle forme, chaque nouvelle tentative en amène une autre, et encore une autre, tout en venant à chaque fois réinterroger le travail passé. Cette attitude – car c’en est une – nous avons pris l’habitude de la nommer celle du work in progress.
In progress. En chantier. Le chantier est d’ailleurs une bonne entrée en matière pour parler du travail de Morgane Tschiember (…). En chantier, parce que son travail a à faire avec la matière, les matériaux, leurs qualités, leurs états, ce qui leur arrive, ce qui les transforme. En chantier parce que son travail est rude, brut, voire brutal, qu’il utilise, ou va utiliser, des matières et des formes propres aux métiers du bâtiment, de la construction : béton, verre, métal, mousses isolantes, briques, murs, sols, plafonds… En chantier parce qu’elle produit une œuvre ouverte, qui cherche dans toutes les directions, pousse comme une plante ou une construction sauvage et déterminée à la fois à essayer tout, le possible et l’impossible. En chantier parce que chaque expérience d’une forme ou d’une matière en appelle une autre et que rien n’a de fin.
En chantier parce que son œuvre est à la fois forte et fragile, qu’elle conduit ses re-cherches, ses expériences, comme des protocoles, dans une grande rigueur, avec la détermination d’une aventurière qui ose mélanger peinture à l’huile et peinture à l’eau dans ses Rolls ; travailler des terres souples qui deviendront dures et fra-giles comme la céramique des Shibari pour la ligoter comme une chair sensuelle selon des principes appris auprès d’un maître du bondage japonais ; gorger de céramique des mousses, qui vont brûler à la cuisson, faisant fondre et fusionner le moule dans la forme qu’il a fait naître; chercher l’alliance impensable entre des états contraires de la matière. Une grande rigueur, mais alliée à l’acceptation des accidents, du hasard qui – comme en recherche fondamentale – amènent bien souvent à des découvertes impensées.
De plus en plus, il apparaît clairement que le travail de Morgane Tschiember s’or- ganise comme un système, mais complexe, ramifié, empruntant, pour paraphraser une terminologie borgesienne, des « voies aux sentiers qui bifurquent ».
Empirique et concret, son travail s’ancre, il est vrai, dans une dimension très terre à terre, très physique, mettant au centre une sorte de corps à corps permanent avec la matière, laissant d’ailleurs volontairement visible dans ses œuvres les traces du « faire », du geste, donnant à voir à la fois le processus de production mais aussi la trace de son propre corps. Ainsi de l’empreinte de son souffle maté- rialisé dans ces Bubbles, où le verre soufflé vient couler dans des formes molles et hypersensuelles sur des structures de métal très architecturées. Ou des Rolls qui conservent la trace de ce mélange impossible, qui confine au combat organisé, entre l’eau et l’huile.
Mais ce rapport au monde – les mains dans le cambouis pourrait-on dire, puisque l’artiste tient toujours à faire elle-même et non à déléguer le processus de produc-tion de l’oeuvre – est physique jusqu’à la métaphysique, c’est un système dyna-mique, où le mouvement est à l’œuvre en permanence, où il est question de façon obsédante de transformation, de seuil, de passage d’un état à un autre : la matière première des Bubbles passe de l’état de sable à celui de liquide en fusion soufflé puis de verre aux formes molles et organiques ; elle redeviendra sable dans le pay-sage entropique de Pow(d)er. Et elle sera béton dans de nouvelles formes étranges tout juste apparues dans l’atelier de l’artiste, coulées dans des moules en carton, et bien difficiles à décrire : monumentales et effondrées à la fois, elles sont comme des corps étrangers, à la fois météorites tombées du ciel et morceaux de corps pétrifié dans une matière grise et rugueuse.
Association FAWU
L’association FAWU – Follow Art With Us– a été fondée en 2017 par l’historienne de l’art et éditrice Béatrice Cottepour soutenir la notoriété des artistes français à l’étranger. Elle regroupe à ce jour soixante-quinze amateurs d’art et collectionneurs. Toute l’année, l’association organise des rencontres avec des artistes et des professionnels autour de l’art contemporain en France et à l’étranger. Afin d’être un soutien utile et efficace dans la carrière des artistes qu’elle supporte, l’association FAWU a créé la Bourse FAWU ABROAD, qui finance chaque année la résidence d’un artiste français, ou vivant en France, dans une institution étrangère renommée. Avec cette action de mécénat, les membres de l’association offrentà un artiste en milieu de carrièrela possibilité d’élargir ses horizons et ses réseaux afin de l’aider concrètement dans le développement de sa carrière à l’international.
France Los Angeles Exchange (FLAX)
Créée en 2006, France Los Angeles Exchange (FLAX)est une fondation californienne à but non lucratif dont la mission est de renforcer les liens entre la Californie du Sud et la France, à travers les arts. La fondation FLAX engage un dialogue entre les artistes, les curateurs, les critiques et les institutions culturelles des deux pays grâce à une approche mobile et coopérative.
FLAX intervient dans le domaine des arts vivants, de la musique et des arts plastiques.
Grâce à son programme de résidence en arts visuels, FLAX facilite la découverte de la ville et de la scène artistique localeaux artistes, curateurs et critiques invitéstout en les accompagnant pour la production de projets en collaboration avec ses partenaires.
Site internet de FLAX: www.flaxfoundation.org
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