MARIE HUDELOT : « Question d’identité »
- Posted by Béatrice Cotte
- On 17 avril 2014
- 2014, Artiste française, Galerie d'art, Paris, Photographie, solo show
C’est par hasard en me promenant la semaine dernière rue Notre-Dame-de-Nazareth, que j’ai découvert le travail de cette jeune artiste âgée de 33 ans. Alors que je franchissais pour la première fois le seuil de la Galerie Rivière/Faiveley, spécialisée dans la photographie contemporaine et fraîchement installée dans le Haut Marais, j’ai tout de suite été attirée par les œuvres accrochées aux murs. Le travail photographique très esthétique et intriguant des portraits « camouflages » aux couleurs « flamandes » et aux objets « métaphoriques » de Marie Hudelot ont immédiatement su séduire ma « critique » pupille !
C’est après des études de cinéma que Marie Hudelot se tourne vers la photographie.
En 2006, dans le cadre d’une exposition au Centre Culturel Christiane Peugeot, elle réalise un ensemble de photographies accompagné d’une vidéo dans laquelle l’artiste se met en scène, et marque son intérêt pour la performance, le genre du portrait, la féminité, ses codes et ses significations.
En cohérence avec ses problématiques antérieures et nourrie d’éléments autobiographiques, Marie Hudelotpoursuit son travail en se questionnant sur les notions d’identité et de filiation culturelle et propose à voir une nouvelle série basée sur les questions que peuvent engendrer certains héritages culturels.
La série « Héritage »
Cette série de portraits symboliques s’inspire des différents attributs de l’héritage familial de Marie Hudelot, partagé entre l’Orient et l’Occident, et plus précisément entre la France et l’Algérie.
Traités à la manière de la tradition picturale des natures mortes, la série Héritage met en avant des personnages au visage recouvert par des éléments végétaux et par différents objets significatifs de rites et de coutumes. Les artifices prennent ainsi l’ascendant sur l’individu pour permettre une réinterprétation de la transmission et de l’héritage culturel.
« Pour moi chaque accessoire : bijou, plume, branche, racine, fleur, chapeau ou ruban devient un objet de mémoire, symbole de combat, de séduction, de féminité, de jeunesse, de vie et de mort. En jouant sur l’accumulation des objets et leur profusion jusqu’à l’exagération, les sujets de mes photographies se transforment en natures mortes semblables à des totems ou emblèmes familiaux et mettent en avant mon questionnement sur la complexité de l’identité à travers l’héritage familial.
La série «Héritage» peut être regroupée en trois chapitres métaphoriques :
– Celui de «la trace», plus abstrait, avec des éléments d’une nature en friche ou recomposée, évocatrice de mort et renaissance.
– Celui des «combats» avec une réinterprétation des différents luttes et honneurs de la guerre, tel un hommage aux ancêtres, anciens combattants parfois mort dans l’indifférence ou l’anonymat de la guerre.
– Et enfin le symbole de la «féminité» situé dans le contexte de double culture occidentale et orientale, tantôt ressenti comme une dichotomie, tantôt comme un signe de mixité.» Marie Hudelot.
Marie Hudelot, Camouflage à l’ananas, 2013 |
Dans Camouflage à l’ananas et Camouflage aux plumes, Marie Hudelot parle plus particulièrement d’elle et des choses sur lesquelles elle s’interroge. Comment elle essaie de construire son identité, son rapport à la féminité, avec sa double culture occidentale et orientale, une éducation bourgeoise d’un côté et populaire de l’autre.
« Quand je fais mes photos, j’ai les mots clefs et les accessoires en tête, mais il y a toujours un côté performatif. Je construis en prenant la photo, toujours en lumière naturelle et en moyen format. Je prends le temps de composer, un peu comme un tableau. Pour cette série, j’ai eu envie de créer des personnages caméléons comme dans le film Zelig de Woody Allen. Des personnages, qui, à force de vouloir incarner ce qu’ils aiment ou appréhendent vont devenir ce symbole ou cet objet.
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Pour le visage aux plumes, je voulais créer un personnage qui corresponde aux codes de mes deux cultures. J’ai grandi avec un double héritage et les codes vestimentaires et de séduction ne sont pas du tout appréhendés de la même manière dans chacune des deux cultures. C’est presque deux manières de faire opposées. J’ai eu envie de singer un peu ces symboles en créant ce personnage qui, en usant de ces vêtements et ces accessoires luxueux se transforme lui même en symbole du luxe et de séduction.
Pour la fille à l’ananas, l’ananas évoque l’exotisme et représente la confrontation de l’exotisme face au vichy et au côté traditionnel. Elle répond à un questionnement personnel, celui de la perception d’une femme orientale dans une culture occidentale très carrée. Quand ma mère, issue d’une famille algérienne, a rencontré mon père, venant d’une famille française très traditionnelle après la seconde guerre mondiale, les couples mixtes étaient assez rares. Le vichy incarne le côté droit, carré, très conventionnel et tout d’un coup une différence arrive, en l’occurrence, l’exotisme. » Marie Hudelot
La Galerie Rivière/Faiveley, lui consacre à travers cette nouvelle série de photographies son premier solo show à Paris. Une très belle occasion d’aller flâner dans le bouillonnant « Haut Marais » et d’aller admirer le travail de cette jeune artiste « à suivre ».
A découvrir jusqu’ au 24 mai 2014, du mardi au samedi de 11h à 19h à la Galerie Rivière/Faiveley, 70, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 75003, Paris.
Galerie Rivière/Faiveley |
Plus d’informations sur le site www.galerierivierefaiveley.com
Site Internet de l’artiste
Dernières expositions :
2014- FOTOFESTIWAL de LODZ, Pologne, Nominée pour le Grand prix
- CIRCULATION(S), Festival de la jeune photographie européenne, au Centquatre, Paris – EMOI PHOTOGRAPHIQUE, sélection Portraits, Angoulême
- ENCONTROS DA IMAGEN, Braga, Portugal
2013 – Exposition Collective, Inaugurations Partagées, Galerie Cédric Bacqueville, Lille, – Exposition Portraits de Vichy, Flash-Expo
2006 – Exposition Collective, «Au-delà des apparences» à la fondation Christianne Peugeot de Paris – Exposition galerie «Cedric Bacqueville» de Roncq.
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