FOTOFEVER BRUXELLES 2013 : « catch the fever, collect photography »
- Posted by Béatrice Cotte
- On 4 octobre 2013
- 2013, Belgique, Bruxelles, Photographie
Jeudi 3 octobre, 11h, nous sommes une vingtaine de journalistes et conseillers en art à être reçu par Cécile Schall fondatrice de la foire, pour une « preview » de l’édition 2013. L’occasion de rencontrer cette passionnée et passionnante petite fille du photographe Roger Schall et de mieux cerner ses ambitions pour Fotofever.
Cécile Schall, fondatrice de Fotofever |
C’est donc dans une ambiance chaleureuse et conviviale qu’elle nous accueille, reflet de l’esprit de la foire qu’elle a lancé il y a 3 ans maintenant.
Son objectif créer une plateforme de promotion de la photographie contemporaine et aider, accompagner la jeune création à trouver son public. C’est une foire jeune avec un esprit jeune, sans snobisme, ni prétention, mais sérieuse, qui s’attache à créer un événement à taille humaine dans le but de favoriser les rencontres et de faire découvrir de nouveaux talents venus des quatre coins du monde. Un véritable carrefour d’échanges entre collectionneurs, amateurs d’art, galeristes, artistes et passionnés de photographie contemporaine.
Vue des allées de la foire fotofever Brussels 2013, Tour & Taxis |
Avec Janette Danel, directrice artistique de Fotofever, Cécile Schall sélectionne une cinquantaine de galeries locales et internationales, autour d’un projet artistique qui consiste à exposer sur chaque stand au moins un artiste de moins de 40 ans. Elles incitent même certaines galeries à présenter un seul jeune artiste sur leur stand afin d’offrir quelques solos show au public. Janette et Cécile travaillent en amont leurs collaborations avec les galeries sélectionnées et les accompagnent dans leurs sélections d’artistes afin de conférer à la foire une cohérence artistique jeune et dynamique.
Daniela Edburg, Galerie Spazio Nuovo |
L’objectif de la foire étant de susciter chez les visiteurs de nouvelles vocations de collectionneurs, Cécile Schall insiste auprès des galeristes pour que le prix des œuvres, qui oscillent entre 250 et 40 000 euros, soient affichés. Afin de favoriser les actes d’achat des « primo accédants » à l’art, des cartels « start to collect » sont disposés sur chaque stand à côté de l’œuvre la moins chère. Une démarche cohérente avec l’identité de Fotofever et qui permet de démystifier le monde parfois « hautain » des foires d’art contemporain ! Fotofever est donc une foire accessible dans ses propositions, audacieuse dans ses choix et inédite dans son approche.
Domitille Ortès, exposée par la Galerie Little Birds Gallery |
Toujours dans l’optique d’ouvrir le marché à de nouveaux acquéreurs, Cécile schalla décidé, après une première édition à Paris, de développer l’année dernière son projet en Belgique avec des éditions 2012 et 2013 à Bruxelles. « A Bruxelles, il n’y a pas vraiment de marché de collectionneurs de photographies, il me paraissait donc important de participer via Fotofeverau développement de ce marché…La photo est un médium formidable et accessible pour commencer dans le domaine de l’art et de la collection…La photo est également un média plus proche des jeunes générations …avant Fotofever, il n’y avait pas de foire exclusivement dédiée à ce média à Bruxelles ». Forte de ce constat, Cécile Schallse lance donc avec succès dans ce nouveau challenge. Fotofever a accueilli l’année dernière pas moins de 10 000 visiteurs, un petit record pour une nouvelle foire !
Exposition d’une partie de la collection de ABN AMRO private banking |
Pour réitérer et améliorer cet exploit, au programme de Fotofever Bruxelles 2013, une cinquantaine d’exposants ; mais aussi l’exposition de la collection privée d’Alexandre Dupouy sur le thème de « la fesse » ! (un peu trop « aguicheur et facile » à mon goût) , l’exposition d’une sélection de la collection de photographies contemporaines du mécène de la foire ABN AMRO Private Banking, un Fotoprizeou concours pour jeunes diplômés d’écoles d’art, qui sélectionne, via un jury de professionnels du marché, un(e) jeune artiste photographe. Le lauréat se voit offrir l’opportunité de faire ses premiers pas sur le marché de l’art en étant exposé à l’occasion de Fotofever Bruxelles et Paris. Fotofever c’est également des Fototalks, une vente aux enchères en collaboration avec la maison de ventes Cornette de Saint Cyr et des visites privées de collections à travers la ville. Un concept ficelé, où des institutionnels comme le FoMu d’Anvers, le Musée de la Photographie à Charleroi(le plus grand d’Europe) et Bozar prennent également part à travers des expositions sur le site de Fotofever. Une présence active sur la foire qui ravit Cécile Schall et la conforte dans son projet de fédérer à l’avenir les institutions autour d’un « mois de la photographie » à Bruxelles…
Max Pinckers, Transitions #6 Girl with golden curls, 2010, Collection du Musée de la Photographie à Charleroi |
Annemie Augustijns, Mondriaan in Luik, 2010, Monography Series Nikon-Bozar #1 |
Petite cerise sur le gâteau, en novembre Fotofever s’offrira une deuxième session 2013 au Carrousel du Louvre à Paris en parallèle de Paris Photo. L’objectif annoncé : être une foire « satellite » complémentaire de Paris Photo, qui permette de présenter de nouveaux et jeunes artistes, moins « confirmés » que ceux exposés sur Paris Photo mais qui offriront de belles découvertes. Certaines galeries présentes à Fotofever Bruxelles seront à Paris Photo. Cécile Schall souhaite leur proposer de participer également à Fotofever Paris en parallèle de Paris Photo afin de leur permettre de mettre en avant des solo show d’artistes de moins de quarante ans et de proposer ainsi à travers les deux événements un panorama complet, cohérent et complémentaire.
Anna Orlowska, from the series My bone will knit in 30 days, courtesy Asymetria |
Anna Orlowska, Swan, from the series My bone will knit in 30 days, courtesy Asymetria |
Même si elle concède quelques petits « loupés » dans la sélection de certains artistes, Cécile Shall est très fière de cette troisième édition de Fotofever, qui reflète d’après elle assez bien la photographie contemporaine d’aujourd’hui. Lors de la visite des différents stands en sa compagnie, elle nous livre ses coups de cœur, la galerie polonaise Asymetria, qui expose la gagnante du Fotoprize 2012, Anna Orlowska (polonaise,1986), et la galerie marocaine Galerie 127, qui révèle les talents de Carolle Bénitah (marocaine,1965). Cécile Schallaime cette artiste tout particulièrement parce qu’elle utilise la photographie comme média mais aussi comme support, « la photo devient le support d’une œuvre d’art à techniques mixtes » et fait ainsi bouger les frontières.
Le stand de la Galerie 127, fotofever Brussels 2013, Tour & Taxis |
Carolle Bénitah, #13 Corpuscule lamelleux, 2013, courtesy Galerie 127 |
Au détour d’une allée nous rencontrons également la lauréate du Fotoprize 2013, une jeune photographe belge de 24 ans, Saartje Van De Steene (belge, 1989), à qui Fotofever offre un solo show.
Saartje Van de Steene, lauréate du fotoprize 2013, fotofever Brussels 2013, Tour & Taxis |
l’exposition sur le travail de Saartje Van de Steene, lauréate du fotoprize 2013 |
L’artiste finalise son stand, mais prend volontiers le temps de nous exposer son travail. Née en 1989, elle vit et travaille à Gand, où elle a obtenu avec mention le diplôme de l’ académie des Beaux-arts en 2012. Repérée pour sa série « you can get pretty lonely out here and your visit is like a good medecine », elle utilise la technique du collodon humide sur plaque de verre. Bien qu’issue de la génération numérique, cette jeune artiste utilise une technique très ancienne, utilisée entre 1851 et 1886, qui requiert une grande maîtrise, notamment au stade du développement. C’est aussi cette approche minutieuse et « décalée » qui a plu au jury.
Saartje Van de Steene, you can get pretty lonely out here, and your visit is like good medicine, 2011 |
Son travail raconte sa rencontre avec la tribu indigène Lakota dans le Dakota. En 2011, aux Etats-Unis, pendant quatre mois, la jeune photographe vit avec eux dans leurs réserves. Elle admire ce peuple pour sa force et décide d’utiliser la technique ancienne du collodon humide, technique utilisée à l’époque où ces tribus ont été forcées à vivre dans des réserves. Une façon en quelque sorte de se rapprocher de leur histoire. Elle développe avec eux ses tirages dans sa chambre noire aménagée dans sa voiture. C’est un travail de collaboration explique-t-elle, la photographie est le médium prétexte d’une rencontre, d’une histoire qui devient au fil du travail de plus en plus personnelle. C’est en mettant l’individu et sa relation avec lui au cœur de son travail que Saartjenous livre une œuvre d’une sensibilité et d’une qualité étonnantes.
Olivier Valsecchi, Dust Study 1 (ed. de 3 en 120 x 120cm et ed. de 5 en 70 x 70 cm), Courtesy Galerie Céline Moine |
Olivier Valsecchi, Time of war, 16 (ed. de 3 en 120 x 120 cm et ed. de 7 en 70 x 70 cm), courtesy Galerie Céline Moine |
Pour ma part si je rejoins le choix du jury pour l’attribution du Fotoprizeà Saartje Van De Steene, je ne partage pas tout à fait les mêmes coups de cœur que Cécile Schall. Parmi les artistes exposés, mon intérêt c’est tout spécialement porté sur les photographies d’Olivier Valsecchi (1979), artiste français, représenté en solo show par la Galerie Céline Moine. Sa série « Time of War » a été réalisée dans une ancienne usine militaire. Le titre inspiré de l’exposition Goya in Times of war (musée du Prado, 2008) en commémoration de la Guerre d’Indépendance, sous-entend lui aussi cette volonté d’émancipation. Les corps sont en tensions, chaque centimètre de muscle se contracte, les épaules fulminent dans une fumée de cendres. La cendre justement, élément primordial de cette œuvre, qui fait référence aux cycles de la vie et de la mort, semble jaillir dans une explosion d’effort, à moins que cela ne soit l’ultime souffle de ces héros ? Cette série très esthétisante traduit une recherche violente autour de la thématique du temps. Jouant sur la confusion entre brouillard et liquide, ordre et désordre, l’œuvre est une tentative de capturer l’immortalité. Chaque image est un huis clos dans lequel se confondent mort et naissance, chute et envol. Autant de paradoxes portés par un travail exigeant sur le corps, la matière et le mouvement.
Marco Maria Zanin, de la série Cattedrali rurali, courtesy Galleria Spazionuovo |
Dans un autre registre, j’ai également apprécié les photographies de la campagne italienne de Marco Maria Zanin (italien,1983), intitulées « Cattedrali rurali » ou « cathédrales rurales ». La brume du matin qui enveloppe ses paysages de mystères poétiques, l’atmosphère solennelle et silencieuse qui s’en dégage, tout participe également à un questionnement sur le temps. A découvrir sur le stand de la galerie Romaine Spazionuovo. Egalement à noter sur ce stand, l’oeuvre de Daniela Edburg (Américaine, 1975)
Matthieu Gafsou – Gisant de Saint-Fli x, série « Sacré », 50×62,5 cm, 2012, courtesy Galerie C |
Matthieu Gafsou – Ordination, série « Sacré », 50×62,5 cm, 2012, courtesy Galerie C |
Citons également le travail très intéressant de Matthieu Gafsou (suisse, 1981), prix de la Fondation HSBC 2009 et défendu par la galerie Suisse Galerie C, les très étonnantes reproductions florales et botaniques de l’artiste japonais Macoto Murayama (1984) (Galerie Frantic), les photographies en volume de Domitille Ortès (Galerie Little birds Gallery) et la série de photographies commandées par la maison de Haute couture Dior à l’occasion de l’ouverture de sa boutique à Shangaï à l’artiste chinois Quentin Shih.
Quentin Shih, The Stranger In The Glass Box No.1, 112×191 cm, courtesy Art Lexing |
Quentin Shih, ShanghaiDreamers No.6, courtesy Art Lexing |
FOTOFEVER 3ème édition du vendredi 4 au dimanche 6 octobre 2013 Tour & Taxis, Brussels. www.fotofeverartfair.com
Vidéo
Sites internet des galeries citées:
www.galerienathalielocatelli.com(galerie 127)
www.spazionuovo.net
www.museephoto.be
www.littlebirdsgallery.fr
Sites internet des artistes cités :
www.maxpinckers.be
www.annemieaugustijns.be
www. mitilleortes.ultra-book.com
www.danielaedburg.com
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