CHIHARU SHIOTA : « Labyrinth of Memory »
- Posted by Béatrice Cotte
- On 7 juin 2012
- Artiste japonaise, Installation, Lyon, Sculpture
J’ai découvert l’œuvre de cette artiste japonaise, lors de l’exposition « Vos Chefs-d’œuvre », organisée par et chez Samuel Le Paire à Paris. En visitant, son appartement, transformé en Galerie pour l’occasion, je suis tombée immédiatement sous le charme d’une sculpture de Chiharu Shiota.
State of being # 22, Acier, fils de laine et chansons de danse, 2009. 60 x 30.5 x 30.5 cm |
« State of being # 22 », est un parallélépipède rectangle en acier noir, contenant des chaussons de danse, maintenus en apesanteur, grâce à des fils de laine noire. Cette composition, tel un cocon de soie enfermant ma « madeleine de Proust », a suscité en moi une intense émotion.
Si l’œuvre peut provoquer un sentiment d’enfermement par sa composition, ce n’est pourtant pas cette sensation de capture de « l’objet souvenir » et donc du temps, que j’ai ressenti sur le moment; mais bien plutôt une sensation de légèreté aérienne, faisant écho aux pas chassés et autres entrechats du lointain petit rat de l’opéra que je rêvais d’être enfant…
Le fil de laine, tel un fil d’Ariane, tisse un écrin funeste et pourtant magique. Il n’emprisonne pas mes souvenirs dans une toile arachnéenne, mais agit à mes yeux véritablement comme le fil conducteur de ma mémoire. L’âme de cette œuvre devient ainsi immortelle…Le temps suspend enfin son vol.
De retour à la maison, je pousse mes recherches sur cette artiste et je découvre qu’elle expose, en ce moment à Lyon, une installation appelée « Labyrinth of Memory ». Comme le hasard fait souvent bien les choses, il se trouve que je vais justement dans la capitale des Gaules le week-end suivant et je cours voir à la sucrière cet événement culturel.
L’installation « Labyrinth of Memory » à la Sucrière :
Crédit photographique : Sunhi Mang |
Sur une étendue de 1700 m², Chiharu Shiota a tissé un conte funèbre et pourtant merveilleux. Un ballet de 16 robes fantômes qui unissent leurs traînes de 6 m de long comme les doigts de sorcières invisibles. L’artiste japonaise a tissé tout autour de ces robes blanches immaculées sa toile.
Le temps suspendu est la clé de lecture de ce Labyrinth of Memory, la plus grande installation de Chiharu Shiota, réalisée à ce jour.
L’artiste explique son oeuvre :
« Pour mon exposition à La Sucrière à Lyon, j’ai imaginé un projet spécifique à l’architecture et l’identité même du bâtiment en utilisant le plafond et les piliers comme structures d’environnement immersif. »
« La robe est une seconde peau, il arrive parfois qu’elle nous décrive mieux que notre peau elle-même. Cette seconde peau est en nous. Tout est, à mon sens, à l’intérieur du corps: famille, peuple, nation et religion. Je fais un environnement qui décrit ces relations. Le tissage obscurcit la vue du spectateur, et les robes deviennent plus difficiles à voir. Les visiteurs sont complètement immergés dans l’installation, ils naviguent à l’intérieur de la relation entre la robe et les tissages et ils marchent dans un labyrinthe. Cette expérience vise à démontrer la complexité d’être, en confrontant les visiteurs à eux même et au travail. Espace, temps, gravité et pensée humaine forment une relation. Toutes ces relations sont représentées dans mon exposition. »
L’artiste réalisant son oeuvre à la Sucrière |
Ici, les proportions dépassent tout ce qu’elle a réalisé. Les 16 robes qu’elle a dessinées sont plus grandes que l’échelle humaine, soit un mètre d’envergure d’épaule et 3 m de hauteur totale avec leurs jupes corolles. Il a fallu 1000 m de coton satin pour que le créateur tunisien/lyonnais Mongi Guibane les réalise. Hommage également au savoir faire textile de la ville de Lyon.
Après avoir suspendu ces robes vides entre les trois rangées de piliers, Chiharu a commencé son tissage par le sol et les murs. Collant les points de tension à la glue sur le béton, faute de pouvoir agrafer. Avec ses 12 assistants, ils ont travaillé pendant deux semaines intensives pour créer cette broussaille de 600 km de laine noire. La lumière, disposée avant toute chose, y brille comme dans la nuit.
A découvrir du 4 mai au 31 juillet 2012, du mercredi au dimanche, de 11h à 18h, à la Sucrière, 49/50 Quai Rambaud, 69002, Lyon. Code :
Plus d’informations sur le site www.lasucriere-lyon.com
Biographie
Chiharu Shiota, née en 1972 à Osaka et berlinoise d’adoption, vit en Allemagne depuis 1999 où elle a ainsi pu compléter sa formation auprès de Marina Abramovic et Rebecca Horn. Elle a déjà un important parcours d’expositions qui comprend de prestigieux musées, tels la Neue Nationalgalerie de Berlin, le Museum of Modern Art de Tokyo, le MoMA de New York dans le cadre de PS1, et le Centre PasquArt de Biel.
Elle est cependant peu connue en France où, après deux participations à des manifestations collectives (à Lille et Créteil) elle expose pour la première fois à Paris en solo pour la Galerie Daniel Templon en 2012.
Site internet : http://www.chiharu-shiota.com
Galerie en France :
. Galerie Daniel Templon – Paris www.danieltemplon.com
Dernières expositions sélection :
2012
– Infinity, Galerie Daniel Templon
2011
– Memory of books, Gervasuti Foundation, Venise
– Home of Memory, La Maison Rouge, Paris, France
– In Silence, Detached, Hobart, Australie
2010
– Dialogue with Absence, Galerie Christophe Gaillard, Paris
– Wall, Kenji Taki Gallery, Nagoya, Japon
– One Place, Haunch of venison, Londres, U.K
– Chiharu Shiota, Galeria Nieves fernandez, Madrid, Espagne
Collections :
21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa
Centre PasquArt, Biel/Bienne
Antoine de Galbert, Paris
The Hoffmann Collection, Berlin
Kiasma, Helsinki
Kunstwerk-Sammlung Alison and Peter W. Klein, Nussdorf
Museum für Neue Kunst Freiburg
Shiseido Art House, Kakegawa, Shizuoka
The National Museum of Art, Osaka
The National Museum of Modern Art, Tokyo
The Vangi Sculpture Garden Museum, Shizuoka21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa
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