ARCO MADRID 2015 : une foire aux accents hispaniques réaffirmés
- Posted by Béatrice Cotte
- On 2 mars 2015
- 2015, Espagne, Madrid
Au total, 218 galeries de 29 pays participaient à cet événement organisé autour de 4 sections principales.
Pour cette 34e édition, qui s’est tenue du 25 février au 1er mars 2015, ARCOmadrid a consolidé son positionnement de foire principalement tournée sur la création artistique hispanique, offrant notamment une porte d’entrée sur la scène latino-américaine. Durant cinq jours, la foire propose un espace d’échange unique en Europe entre l’Amérique latine et les arts visuels européens et plus particulièrement espagnols et portugais.
La section du Programme Général, regroupait 160 galeries, dont des galeries très réputées comme Marlborough (New-York, Londres, Madrid, Monaco, San Paolo), Juana De Aizpuru (Espagne), Galerie Lelong (France) ou la Galerie Thomas Schulte (Allemagne).
Parmi les plus belles scénographies, on retiendra celles des galeries berlinoises Aanant & Zoo, avec une très belle proposition des artistes Vlado Martek et Michael Müller et celle très graphique de la Galerie Crone, toute en black&white de l’artiste polonaise Monika Grzymala. Impossible de passer à côté du très impactant solo show de l’artiste allemande Katharina Grosse, sur le stand de la galerie espagnole Helga De Alvear, dont les immenses peintures au chromatisme exacerbé et très expressif, réalisées au pistolet à peinture, donnaient dès l’entrée de la foire le ton de cette édition 2015! Dans cet esprit coloré et séduisant, l’œuvre « mosaïcale » de Tobias Rehberger à la galerie portugaise Pedro Cera, faisait lui aussi son petit effet.
Vlado Martek et Michael Müller, Galerie Aanant & Zoo |
Monika Grzymala, Galerie Crone |
Rassemblées sous l’enseigne #Opening, 28 galeries internationales ouvertes depuis moins de 7 ans, présentaient chacune un original « duo show », dont les galeries françaises Gaudel De Stampa avec l’artiste français Jonathan Binet et la peintre anglaise Jessica Warboys ; la Galerie Marcelle Alix avec les travaux des artistes français Gyuan Panchalet Laura Lamielet la Galerie Antoine Levi et la Galerie Sultana, partageant pour l’occasion le même stand, avec une installation de l’artiste hollandaise Ola Vasiljevaet de l’artiste mexicaine Pia Camil. Cette proposition constituée de sculptures, de textiles, de céramiques, formait un spectacle multidimensionnel très coloré aux lignes construites et épurées.
Ola Vasiljeva et Pia Camil, Galerie Antoine Levi et Galerie Sultana |
Toujours dans cette section, on pouvait admirer, sur le stand de la Galerie Michael Jon de Miami, les deuxsomptueuses tapisseries d’inspiration ethno exotique de l’artiste français Yann Gerstberger, exilé à Mexico. Ces tapisseries, ce sont ses « hits « . Elles sont faites de serpillières teintées et collées et racontent sa vision mixée du monde. Dans une esthétique plus sobre et une vision moins optimiste, les œuvres plus « tourmentées » des deux artistes polonaises Angelika Markul (récemment exposée au Palais de Tokyo) et Aleksandra Waliszewska se mariaient quand à elles parfaitement sur le stand de la Galerie Leto de Varsovie.
Yann Gerstberger, Galerie Michael Jon |
Yann Gerstberger, Galerie Michael Jon |
La section #Soloprojects, organisée en partenariat avec l’Agence Espagnole pour le Développement et la Coopération Internationale est sans doute l’atout cœur d’ ARCOmadrid. Depuis ces quatre dernières années, cette section concentrée sur la création et la découverte de l’art contemporain latino-américain n’a cessé d’étoffer son offre et propose aujourd’hui un espace d’analyse de la scène sud-américaine très dynamique. Via 24 galeries sélectionnées sur le volet pour leur capacité à donner les clés de cet eldorado artistique, la section présente sous la forme de solo shows, 24 projets d’artistes hispaniques. Si une grande majorité des galeries viennent d’Amérique du Sud (19/24 pour cette édition), on notera cependant la présence de quelques galeries européennes, dont la galerie française Emmanuel Herbé présentant l’artiste brésilien Sergio Sister. Nous donnerons quand à nous une mention spéciale au projet « Aurora real » de l’artiste Nahuel Vecino, représenté par la galerie argentine Miau Miau.
Nahuel Vecino, « Aurora real », Galerie Miau Miau |
On notera que sur les 218 galeries présentent, 87 d’entre elles proposaient un focus sur un ou deux artistes seulement, et principalement de jeunes artistes émergents, renforçant ainsi la position de la foire comme un lieu privilégié pour la découverte de nouveaux talents
Cette année, le pays invité d’honneur était la Colombie, pays en passe de se convertir en centre névralgique de l’art non seulement en Amérique Latine mais aussi dans le monde entier, après le boom expérimenté ces dix dernières années avec la naissance de nouvelles galeries d’art, musées publics et privés, salons d’art et biennales, maisons de ventes aux enchères…Réunies dans le secteur #ArcoColombia, les 10 galeries sélectionnées par le curateur Juan A. Gaitan, Directeur du Tamayo Museum de Mexico, présentaient chacune le travail de deux jeunes artistes colombiens. En tentant de réunir à Madrid la production artistique contemporaine de ce marché émergent, ARCOmadrid a proposé à ses visiteurs une opportunité unique de découvrir une scène encore peu connue en Europe.
Pablo Gomez et Ivan Hurtado, Galeria de la Oficina (Colombie) |
Jorge Magyaroff, courtesy Il Museo, Colombie |
Au final, entre les différentes sections de la foire, ce sont 47 galeries de 10 pays latino-américains qui ont participé à l’événement. Soit une augmentation de 52% par rapport à l’année précédente.
Outre la présence renforcée des galeries sud-américaines, la foire madrilène présente bien évidemment un contingent important de galeries espagnoles (64), l’occasion pour FAWM de faire un petit point sur la situation de l’art contemporain espagnol.
Après avoir été frappé de plein fouet par la crise, forçant ses artistes à s’expatrier vers des contrées plus prometteuses, l’art contemporain espagnol, profite aujourd’hui de l’amélioration de la conjoncture économique et d’une période très créative, propice à une reprise du marché.
Depuis 20 ans, les artistes espagnols se sont peu à peu affirmés à l’étranger grâce à leur présence dans les grands événements internationaux biennales, triennales et foires d’art et aussi grâce au maintien de l’ARCO à Madrid. Le marché de l’art espagnol s’est peu à peu consolidé avec le développement de collections publiques et privées et d’institutions nouvelles dédiées à la création contemporaine. Le succès national des artistes espagnols dépend souvent de la consécration qu’ils ont reçue au niveau international.
Parmi les artistes espagnols les plus connus et cotés sur le marché de l’art international on citera Antoni Tapies (1923-2012), Eduardo Chillida (1924-2002), Luis Gordillo(1934), Antoni Muntadas (1942), Manolo Valdes (1942), Eduardo Arroyo (1937), Juan Munoz(1953-2001), Juan Uslé (1954) et Jaume Plensa (1955), mes « préférés » représentés par la Galerie Lelong, Miquel Barcelo (1957), Ignasi Aballi (1958), Dora Garcia(1966).
Manolo Valdés, Obertura n°2, 1982, 170 x 240cm, huile sur toile, courtesy Marc Domenech |
Parmi la jeune génération d’artistes nés entre 1970 et 1980, qui donnent un nouveau souffle à la scène espagnole, nous retiendrons :
Lara Almarcegui (1972) représentée et exposée par la galerie française Mor Charpentier dans le secteur général. Le travail que Lara Almarcegui développe depuis près de vingt ans questionne la frontière entre le renouvellement et le déclin des villes, en cherchant à mettre en lumière des éléments du monde urbain qui échappent souvent au regard. Lara Almarcegui a représenté l’Espagne à la 55ème Biennale de Venise, en 2013.
Pablo Valbuena, oeuvre exposée dans le cadre du Prix Audemars Piguet à Arcomadrid 2015 |
Dans l’écurie des artistes de la réputée galerie madrilène Max Estrella, il faut citer le vainqueur du Prix Audemars Piguet de l’Arco 2015, Pablo Valbuena (1978) artiste né à Madrid mais vivant à Toulouse, qui transforme les sites dans lesquels il travaille en leur donnant un aspect irréel et fantomatique.
David Rodriguez Caballero, 28 noviembre 2014, sculpture en laiton, courtesy Marlborough |
Citons également, David Rodriguez Caballero (1970), galerie Marlborough, Cristina Lucas (1973) et le sculpteur Fernando Sanchez Castillo, deux artistes représentés par la galerie Juana de Aizpuru, le photographe Oscar Carrasco(1976), Galería Luis Adelantado, Carles Congost (1970), Galeria Joan Prats, Marina Vargaschez Javier Lopez et Francesc Ruiz(1971)chez la galerie barcelonaiseEstrany de la Mota.
Javier Arce |
J’ajouterai à cette liste, quelques autres artistes espagnols qui n’étaient pas représentés sur la foire comme David Bestué (1980) et Marc Vives (1978), Carlos Aires (1974), Maria Canas, Angel Hernandez Tuset (1977), Javier Arce(1973), Alain Urrutia(1981) ou Paloma Polo (1983)
Vous l’aurez donc compris, en exposant autant d’artistes espagnols, portugais, sud-américains, ARCOmadrid a su se forger au fil des ans, une âme « hispanique » et une identité à la fois internationale et distinctive qui lui donnent une tonalité unique en Europe.
« Privée » des galeries « blockbusters » telles que Gagosian, Thaddaeus Ropac, White Cube, Perrotin …qui au fil du temps « mondialisent » et « uniformisent » l’offre des grandes foires européennes comme La Fiac, Art Basel, Frieze, ou Art Brussels, ARCOmadrid a su préserver une certaine « couleur ». Sa spécificité en fait donc une foire régénératrice pour l’œil, un véritable bol d’oxygène/d’art dont on ne se lasse pas !
ARCO MADRID
DU 25 FEVRIER AU 1ERMARS 2015
IFEMA, Feria de Madrid, halls 7&9
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