TINO SEHGAL : THESE ASSOCIATIONS
- Posted by Giusy Ragosa
- On 21 novembre 2016
Depuis quelques semaines, je traverse régulièrement Paris pour me rendre au Palais de Tokyo, car je participe à l’une des pièces présentées actuellement dans l’exposition de Tino Sehgal. Dans cet article, je partage avec vous une vision de l’intérieure de l’œuvre These Associations. Un récit de mon expérience, écrit en accord avec l’artiste.
These Associations
« Pour venir nous voir, il faut dans tous les cas descendre, nous sommes installés au niveau-1 du Palais de Tokyo, orchestrés par les intuitions de Tino Sehgal. Tu verras un groupe de personnes, tous âges et personnalités confondus. Si tu regardes bien, tu ne trouveras rien de spécial. Nous occupons juste l’espace par nos mouvements. Tu pourras nous voir courir, marcher lentement ou bien chanter, tu arriveras difficilement à comprendre qui fait partie de cette œuvre et qui n’en fait pas partie.
These Associations est une pièce maîtresse du parcours que Tino Sehgal propose de te faire vivre au Palais de Tokyo.
On peut penser que l’œuvre se compose de performeurs professionnels car le résultat est assez touchant. Ce sont pourtant des infirmiers, des informaticiens, des cuisiniers, des chercheurs, etc. Sortis d’un processus de sélection, qui s’est déroulé tout au long de l’année 2016.
Ne viens pas au Palais de Tokyo habillé en visiteur, tu risquerais de rater de belles émotions. Prends l’attitude qui te convient le mieux, reste ouvert, nous viendrons te voir. L’œuvre a ses récits cachés et se transforme selon la posture du public. Cette foule de personnes banales se transforme en concentré d’épisodes humains qui peuvent te toucher. Toi aussi, tu peux toucher l’œuvre si tu as quelque chose à partager.
Prends le temps. N’essaie pas de comprendre à tout prix, cherche simplement à être dans l’instant présent, tu seras surpris.
Les récits ne sont pas tous les mêmes, Tino Sehgal nous a posé des questions sur notre rapport au monde pour nous diriger dans l’œuvre.
L’artiste a imaginé pour nous des jeux qui créent du mouvement dans tout l’espace que nous occupons. Nous nous amusons donc vraiment, nous rions. Le visiteur est invité dans notre espace de jeux, alors même que nous sommes en train de le créer et de le vivre. Nous ne devons pas toucher les poteaux, nous devons éviter d’entrer en contact avec le bâtiment ou de regarder vers l’extérieur. L’architecture du Palais de Tokyo ne doit pas exister, car selon l’artiste le seul espace destiné aux visiteurs est celui que nous sommes en train de vivre et de créer à travers le jeu. L’artiste n’est pas directif, il conseille d’éviter certaines choses, mais rien n’est imposé.
Avec le mouvement et les récits, le chant est aussi présent: moment de partage et rituel, il est source de bien-être. Les chansons rythmées par l’artiste sont tirées de mots signés Hannah Arendt et Martin Heidegger.
Pendant les répétitions l’artiste nous avait confié que cette œuvre ne serait pas simple à réaliser à Paris. La langue française, trop riche en décorations et mobiliers inutiles, dissimule facilement la vérité.
Tino Sehgal prête une attention particulière aux 300 collaborateurs qui participent à cette expérience. Il nous fait des clins d’œil complices, nous conseille sur les meilleures chaussures à porter et il nous demande notre avis en fin de journée. Nous participons au processus qui fait évoluer l’œuvre jour après jour ».
Giusy Ragosa
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