Descriptif
Vol.3 : Nothing to Hide
« Nothing to Hide » est l’un des films pornographiques les mieux notés de l’histoire, selon le célèbre site IMdB. Le titre de ce long-métrage, pourtant daté de 1981, semble d’une grande actualité lorsqu’il s’agit de définir notre époque, celle d’un exhibitionnisme poussé à son paroxysme.
Si l’érotisme est l’art de la suggestion, qu’il est lié à l’idée d’intimité, partagée entre les participants et éventuellement violée par le voyeur, comment se manifeste t-il dans ce contexte ? Est-il encore possible, dans un monde où les frontières entre sphères publique et privée ont été abattues ? Où la notion même de vie privée est rendue obsolète par l’omniprésence, l’omniscience des réseaux sociaux ? Cette visibilité extrême s’accompagne paradoxalement d’un regain de pudeur, d’une peur du regard de l’autre sur nos vies et nos corps qui favorise le repli sur soi, l’uniformisation des modèles. « Nothing to Hide » n’est-il pas ainsi également le nom d’un site internet qui permet de protéger sa e-reputation, développé par le cabinet d’audit Mazart ?
A rebours de ces développements anxiogènes, une jeune génération d’artistes semble s’affairer à re-sublimer la sexualité. Si nous avons volontairement orienté notre regard sur les jeunes femmes artistes (sans pour autant exclure les hommes, partenaires de ce combat), force est de constater que ce choix s’est rapidement imposé comme une évidence et une réalité des productions artistiques contemporaines. Le sexe serait-il devenu le sujet des femmes ? Leurs aînées ont parfois fait le choix d’un corps auquel était soustrait sa dimension sensuelle, tangible, au profit d’une dimension politique (Yoko Ono) ou encore pseudo-scientifique (Kiki Kogelnik). Il devenait ainsi l’objet de leur croisade pour l’égalité des sexes, la tolérance et l’acceptation du rôle prépondérant des femmes dans la société. Si le combat est plus que jamais d’actualité, il semble prendre d’autres formes. Intégrant l’influence d’un monde numérique, qui brouille les frontières entre réalité et virtuel, les artistes semblent réintégrer le merveilleux, l’onirisme dans leurs représentations du corps et de la sexualité. Elle semble même parfois exprimer cette inquiétante étrangeté, reflet d’une angoisse face à cette surconsommation de sexe qu’implique les nouveaux sites de rencontres ? Si les sujets restent crus, évocateurs, ils se développent de manière subtile, en appellent à l’humour, à l’absurde, au grotesque. Le second regard, la double interprétation, la suggestion qu’impliquent l’érotisme sont ainsi réactualisés à rebours des pratiques qui envisageaient la pornographie ou le documentaire comme uniques moyens de représenter la sexualité dans l’art. A l’image de notre jeunesse, apolitique mais pourtant au fait de tous les combats, ne verrait-on pas se développer un nouveau règne de l’onirisme, de l’étrange, du décalage ? Un nouveau surréalisme, dont l’érotisme était, de la même manière, l’un des sujets favoris ?
Une exposition curetée par Marie Madec.
Avec les travaux de :
Julie Beaufils, Bianca Bondi, Robert Brambora, Jeanne Briand, Xinyi Cheng, Julia Colavita, Louisa Gagliardi, Jane Hayes Greenwood, Celia Hempton, Alba Hodsoll, Maximilian Kirmse, Kiki Kogelnik, Lucile Littot, Indigo Lewin, Tammo Lünemann, Caroline Mesquita, Pierre Molinier, Yoko Ono, Francis Picabia, Tanja Ritterbex, Sasha Ross, Romain Sarrot, Agnes Scherer, Aurel Schmidt, Lisa Signorini, Lise Stouflet, Orfeo Tagiuri, Romain Vicari, Toyen.
Pour prendre rendez-vous : contact@sanstitre2016.com
WWW.SANSTITRE2016.COM
Informations Pratiques
- Nom de l'évènementSANS TITRE, vol.3 : Nothing to hide
- Date de l'évènement31 mars - 14 mai 2017
- Lieu45, quai de la Tournelle - 75005 PARIS