Fiac Officielle 2015
- Posted by Béatrice Cotte
- On 23 octobre 2015
- Alejandro Almanza Pereda, Angelika Markul, Artur Zmijewski, Baptiste Caccia, Bertrand Grimont, Curro & poncho, de roussan, FIAC, Fiac Officielle, Foire Art contemporain, Jason Bailer Losh, Jennyfer Flay, José Maria Sicilia, Kathryn O'Halloran, Laurence Bernard, MDM, Michel de Broin, Neil Raitt, Nicolas Vermot Petit-Outhenin, Pablo Rasgado, Palais de Tokyo, Paris, Pawel Althamer, Petra Köhle, Super Dakota, Vincent Mauger, Wiktor Gutt
Pour apercevoir un coin de ciel bleu dans la grisaille parisienne cette semaine, il fallait se rendre sur le stand des Galeries De Roussan et Annex 14 à la Fiac Officielle et entrer dans l’oeuvre du duo suisse Petra Köhle et Nicolas Vermot Petit-Outhenin.
« Blue skies becoming almost black » consiste en une installation mêlant un assemblage de photographies et de performance musicale évolutifs. Comme nous l’explique Elisabeth Gerber dans son texte sur l’exposition « la recherche des artistes a été déclenchée par « un objet trouvé » : le cyanometre que Horace de Saussure inventa vers la fin du XVIIIème siècle et avec lequel il a essayé de mesurer les différentes intensités de couleur du ciel. En résulte un cercle de couleurs peint, avec son ordre chromatique allant du nuit-bleu le plus foncé au blanc laiteux, qui est non seulement fascinant esthétiquement, mais également dans son aspiration scientifique à systématiser et examiner les valeurs immatérielles. C’est précisément là où le duo d’artistes mènent leurs recherches.
Ceci ouvre le champ de la perception synesthétique, qui a également préoccupé les Romantiques allemands, protagonistes d’une époque de changement dont l’aspiration idéale était de combiner mesure scientifique et exploration poétique du monde.«
Un stand minimaliste dans son approche esthétique mais extrêmement poétique, à côté duquel on peut aisément passer son chemin mais qui avec ses « monochromes » bleus accroche l’oeil et interpelle.
Cette deuxième édition de la Fiac Officielle m’a parue d’un niveau supérieur à l’année dernière. J’ai noté parmi les nouvelles galeries sélectionnées par le très sélectif et redouté comité de sélection supervisé par Jennifer Flay, des petites pépites comme la galerie polonaise Pola Magnetyczne et la galerie française MDM, mais aussi de belles découvertes avec la galerie mexicaine Curro & Poncho et la galerie américaine Harmony Murphy. En résumé une foire plus intéressante et plus attrayante à mon goût que le premier étage de la FIAC au Grand Palais, qui avec une succession de stands très conceptuels s’est révélé finalement très « boring »!
Petit résumé dans le sens de la visite :
ALLEE A :
En face de la galerie de Roussan, j’ai remarqué le stand de la galerie ANAT ABGI (Los Angeles), avec les peintures de paysages en « all over » de l’artiste Neil Raitt, un tantinet « kitsch » et les sculptures en bronze de Jason Bailer Losh, inspirées d’objets usuels, choisis et assemblés pour leur qualité sculpturale.
Dans la galerie mitoyenne, chez Super Dakota, j’ai discuté un moment avec l’artiste sérigraphiste et peintre français Baptiste Caccia, qui travaille chaque série de toiles à partir d’une seule et même image qu’il prend comme base de travail jusqu’à épuisement de sa lecture et relecture.
Quelques stands plus loin, l’immense panneau de l’artiste mexicain Pablo Rasgado (Galerie Steve Turner, Los Angeles) m’a sauté aux yeux. L’artiste travaille sur les empreintes du quotidien, avec la méthode du strappo, il décolle des portions de murs, d’endroits où il a travaillé dans le monde entier. Ultérieurement, il réalise des assemblages avec ces fragments de murs retaillés. La disposition des panneaux selon leurs couleurs et leurs textures compose un tableau abstrait qui convoque les tensions permanentes entre migration des structures et mémoire.
Dans une autre galerie de Los Angeles, Harmony Murphy, se sont les sculptures de la très jeune artiste Kathryn O’Halloran (née en 1984) qui m’ont intéressées pour son travail qui mixe avec raffinement des formes sculptées à la main et des objets usuels du quotidien, comme les serviettes de toilettes de son enfance.
ALLEE B :
Plus politiques les oeuvres de l’artiste saoudienne Maha Malluh (galerie Selma Feriani), qui dénoncent le lavage de cerveau imposé aux femmes de son pays via la distribution de cassettes religieuses qu’elles écoutent à la maison.
On s’arrête ensuite sur le stand de la Galerie Bertrand Grimont, qui à défaut de ne plus posséder de galerie en dur dans Paris, nous propose un stand tiré à quatre épingles! On s’attarde sur les sculptures de Vincent Mauger faites à partir de gaines et tubes en plastique ou d’amas de briques. L’artiste est un sculpteur génial, également présent dans le parcours Hors les Murs de la Fiac au Jardin des Plantes.
Belle découverte sur le stand de la galerie mexicaine Francisco Borrego Vergara, avec le travail étonnant et singulier de l’artiste Alejandro Almanza Pereda (Mexico, 1976), présenté pour la première fois en France et qui vient de recevoir le prix Harker qui encourage les artistes en résidence au San Francisco Institute.
On « écoute » accrochée dans l’allée (stand Messen de Clercq), une toile de l’artiste madrilène José Maria Sicilia, nous interpréter graphiquement le chant des oiseaux. Une oeuvre à la fois très technique, joyeuse et pleine de poésie. Un « instant » magique.
On entame ensuite un parcours « polonais », avec nos amis Gunia Nowik et Patrick Komorowski, fondateurs en 2012 de la très dynamique galerie POLA MAGNETYCZNE à Varsovie. Ce jeune couple défend et présente les artistes clés de la scène artistique polonaise des années 1960/1970, comme Grzegorz Kowalski, professeur de l’Ecole des Beaux-arts de Varsovie, qui a formé toute une génération d’artistes polonais comme Pawel Althamer ou Artur Zmijewski (exposés tout deux en 2013 à la Biennale de Venise et plus récemment, pour Artur Zmijewski, au Palais de Tokyo dans l’exposition Inside).
Sur le stand de la galerie on peut découvrir une série de collages et sérigraphies réalisés par Kowalski lors de son séjour aux USA en 1970/1971 qui relatent la crise personnelle que vit l’artiste à cette période, engendrée par le choc du séjour dans le monde libre. De culture catholique, élevé dans un pays communiste, les oeuvres de Kowalski sont le récit de la scission de l’homme en deux, incapable de retrouver l’unité que ce soit d’un côté ou de l’autre du rideau de fer. Près de trente ans plus tard, c’est encore d’unité dont il question avec la sculpture « l’Arche » où la Bible, le Coran et la Torah sont imbriqués et scellés ensembles.
Autre oeuvre très symbolique et très forte, celle d’un autre très grand artiste polonais des années 1960/70 Wiktor Gutt (réalisée en collaboration avec Waldemar Raniszewski), qui place sur un paravent des portraits des déportés d’Auschwitz avec ceux de représentants d’autres civilisations « ethniques » trouvés dans les livres d’anthropologie.
Pas de découverte de jeunes talents émergents chez Pola Magnetyczne mais une belle leçon d’histoire de l’art contemporain polonais et la mise en avant d’artistes confirmés, qui du haut de leur soixante-dix ans et plus, continuent à créer avec la même énergie et le même engagement qu’il y a cinquante ans!
On continue notre voyage en Pologne avec les collages du jeune artiste Marcin Dudek présenté sur le stand de la galerie Edel Assanti et l’oeuvre d’Angelika Markul sur le stand de la galerie suisse Laurence Bernard. L’occasion de revoir les sculptures et dessins que l’artiste nous avait dévoilés lors de la visite de son atelier, il y a quelques semaines de cela (voir l’article dans la rubrique Insight du site).
ALLEE C :
On salue la première participation de la jeune galerie MDM, et sa sélection d’artistes brésiliens, Ana Holck, Rodrigo Cass et Maria Laet. L’occasion de revoir la vidéo de Rodrigo Cass, présentée l’été dernier au Musée d’Art Contemporain de Lyon dans le cadre de l’exposition Imagine Brazil et de découvrir le très sensible travail de Maria Laet.
Enfin, pour se donner un petit « coup de jus » en fin de parcours et se redonner des forces pour la suite de nos pérégrinations artistiques au Grand Palais, on va sur le stand d’Eva Meyer capter l’arc électrique Overpower de l’artiste canadien Michel de Broin!
Fiac Officielle
LES DOCKS – CITÉ DE LA MODE ET DU DESIGN
34 Quai d’Austerlitz, 75013 Paris
21 – 25 octobre 2015
From 12 to 8 pm
www.officielleartfair.com
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