NEW YORK ON THE ROCKS : Visite de l’Armory Show en compagnie de Sandra Hegedus
- Posted by Béatrice Cotte
- On 8 mars 2017
- Foire Art contemporain, New-York
Ambassadrice en France de l’Armory Show, la collectionneuse et mécène Sandra Hegedus, fondatrice et présidente de SAM Art Projects, invite, dans le cadre du programme VIP de la foire, des collectionneurs français et étrangers à visiter cet événement new-yorkais.
Pour la 23ème édition de l’Armory Show, elle a fait signe à plus d’une centaine de personnes et organisé une magnifique réception sur la terrasse du Gramercy Park Hôtel en l’honneur de la foire. Un lieu emblématique, puisque l’hôtel a reçu la première édition de l’Armory show en 1994. Une occasion unique de réunir et de faire se rencontrer collectionneurs, galeristes, curateurs et journalistes français autour des nouveaux dirigeants de cette foire historique, Benjamin Genocchio, Executive Director, Nicole Berry, Deputy Director et Charlotte Bancroft, VIP relations manager.
Benjamin Genocchio, 47 ans, ancien organisateur d’Art Basel et de Frieze, s’est vu confié il y a un an la direction de l’Armory Show. Cet ancien critique d’art a ainsi repensé entièrement l’événement et a apporté un certain nombre de changements. Parmi les 210 galeries venues de 30 pays différents, 71 exposaient pour la première fois ou revenaient comme les galeries White Cube, Kamel Mennour et Galleria Continua. Une nouvelle section « Platform », curatée par Eric Shiner présentait 12 grandes installations à travers la foire, dont celles de Yayoi Kusama, Ivan Navarro et Abigail DeVille.
Genocchio a également « éclaté » l’ancienne présentation de la foire, qui consacrait entièrement le Pier 92 à l’art moderne et a introduit des solo show et des galeries d’art contemporain. Bref, malgré une volonté visible de changement, nul ne pouvait manquer l’absence cette année de certains piliers du secteur comme Gagosian, qui participera à Frieze New York en mai prochain ou Emmanuel Perrotin qui a préféré cette année exposer Tatiana Touvé sur la foire off Independent, signe d’une désaffection de l’Armory show de la part de certains acteurs du marché.
Le manque d’originalité dans la scénographie des stands en général, le peu de pièces vraiment impactantes, le côté trop lisse et sans prise de risque des exposants, a finalement donné à cette 23ème édition une image un peu « molle » à l’image des sculptures de Yayoi Kusama…
Heureusement, l’énergie de Sandra Hegedus a donné un peu de peps à cette foire un peu trop sage !
C’est en sa compagnie et à travers son œil averti de collectionneuse que nous vous proposons un petit tour on the rocks de la foire.
Suivre Sandra Hegedus est toujours un plaisir. Passionnée, intuitive, elle visite toujours une foire avec son cœur, sans idée préconçue, au fil de son humeur et de ses rencontres.
Cette année, Sandra été accompagnée d’un couple d’amis collectionneurs, Kara et Hank Steinberg, venus spécialement de Los Angeles pour l’événement.
Elle a tenu, au fil de la visite, à leur présenter certains artistes qu’elle affectionne tout particulièrement. Ainsi, Pier 94, sur le stand de la Galerie Vallois, elle leur a fait découvrir le jeune peintre français Pierre Seinturier (A lire sur notre site l’article sur le dernier solo show de Pierre Seinturier à la galerie Vallois). Sandra nous explique qu’elle a repéré ce jeune artiste depuis quelques temps déjà et qu’elle souhaiterait acquérir une de ses oeuvres. Elle regarde donc la toile exposée sur le stand. La tension, la forte présence du couteau au centre de la composition, semble au premier abord trop dramatique. Nathalie Vallois, sort des réserves une autre œuvre, plus grande et tout aussi angoissante et ambiguë. Elle explique toute l’originalité de l’artiste, qui positionne le regardeur dans une ambiance mystérieuse, pesante, inconfortable et pourtant fascinante. Finalement, Sandra revient sur la première œuvre et en la regardant de plus près découvre un cœur gravé sur l’arbre à gauche de la composition. C’est alors le déclic, l’histoire prend un tout autre sens à ses yeux, c’est décidé cette œuvre sera la sienne, elle l’achète !
Quelques stands plus loin, elle montre à ses amis américains, sur le stand de la galerie Bugada Cargnel, un petit portrait de jeune fille peint par Claire Tabouret, dont elle possède déjà une œuvre. Elle leur fait remarquer que l’artiste française vit et travaille aujourd’hui dans leur ville : Los Angeles.(A lire sur Fawu un entretien avec Claire Tabouret)
Chez Proyectos-Monclova, une galerie mexicaine, elle découvre avec plaisir les nouvelles œuvres de Martin Soto Climent, qu’elle a reçu en résidence à Paris et dont elle a produit l’année dernière au Palais de Tokyo la grande installation arachnéenne faite à partir de collants de femme. Puis juste à côté chez Vervoordt elle fait une photo pour le fun avec Kara sur l’installation Art Vending Machine de Sadaharu Horio, un membre du mouvement avant-garde japonais Gutai. Chez White Cube, elle s’exclame, devant la phrase en néon de Cerith Wyn « In wich something happens all over again for the very first time », ça j’adore, c’est mon histoire !
Quatre stands plus loin, chez Michel Rein, elle présente à ses amis Kara et Hank Steinberg le travail d’Abigail DeVille qu’elle collectionne également. Après quelques embrassades et rencontres avec des connaissances et personnalités du monde de l’art contemporain, on accélère le pas pour aller découvrir dans la section Presents (la section des galeries émergentes) le prochain artiste que Sandra recevra en résidence à Paris à partir du 20 mars 2017. Il s’agit de l’artiste Zimbabwéen Gareth Nyandoro représenté par la galerie anglaise Tiwani Contemporary.
Né en 1982, ce jeune artiste peint généralement sur des grandes toiles par endroit lacérées accrochées à même le mur. Sa technique inspirée de son expérience de graveur, donne une singularité à sa pratique artistique. A l’aide de lames tranchantes, il dessine en entaillant de grandes surfaces de papier, qu’il imprègne d’encre, puis il retire la première couche. Seule l’encre enfermée dans les incisions profondes reste visible et présente. Les résidus de papiers épluchés réintègrent souvent l’œuvre.
La vivacité des couleurs qui traduisent l’ambiance des marchés locaux du Zimbabwe, réchauffe et égaie notre visite.
Sandra explique avoir repéré et acheté pour la première fois cet artiste sur Art Brussels l’année dernière. Artiste que nous avions revu de notre côté sur Frieze en mai dernier sur le stand d’une galerie de Los Angeles Marc Foxx (voir notre article sur Frieze NY 2016). Comme sur toutes ces dernières foires, c’est un sold out! Sandra en collectionneuse avertie avait donc pris soin de réserver avant le début de la foire et d’acheter sur dossier les trois petits tableaux accrochés sur le mur droit du stand. L’artiste était également exposé, avec le même succès, Pier 92 par la SMAC gallery.
Notons au passage, que nous pourrons très prochainement découvrir en France le travail de Gareth Nyandoro via Tiwani Contemporary sur Art Paris fin mars et au Palais de Tokyo en juin grâce à Sandra et SAM Art Projects.
Toujours dans le secteur des jeunes galeries on en profite pour faire un petit coucou à Guillaume Sultana et embrasser l’artiste Joël Andrianomearisoa sur le stand de sa galerie madrilène Sabrina Amrani. Artiste découvert par Sandra sur la foire Slick en 2013 et dont elle possède quelques Sentimental Products qui font écho à son histoire personnelle. (voir article sur Slick 2013)
On repasse dans le secteur général et après les grands formats de Gareth Nyandoro, on admire les tout petits formats peints d’ Andrew Cranston et de Frank Walter chez Ingleby Gallery.
Chez Mor Charpentier, c’est le quart d’heure fashion style. On tombe toutes raides dingues des slippers d’Alex ! Comme toujours chez Alex Mor et Philippe Charpentier aucune faute de goût à l’horizon, un stand tiré à quatre épingles avec une œuvre majeure de Carlos Motta en guest star.
Notre Private VIP Tour de L’Armory Show prendra fin sur l’étonnant stand de Kamel Mennour. Ce dernier a su marier avec intelligence l’artiste minimaliste François Morellet, décédé en 2016 à l’âge de 90 ans, avec le jeune Mohamed Bourouissa, qui explore sur différents médias les tensions sociales de nos sociétés urbaines contemporaines. Un mariage inattendu de génération et d’esthétique qui fonctionnait à merveille. L’occasion pour Sandra Hegedus de faire une dernière acquisition avec une sculpture de Mohamed Bourouissa. D’origine algérienne et né à Paris, l’artiste aura son premier solo-show aux Etats-Unis en juin prochain à la Fondation Barnes sur une invitation de la française Sylvie Patry, la nouvelle directrice adjointe de cette institution américaine.
Comme vous aurez pu le constater à travers cette visite pour FAWU, les galeries françaises et les artistes français ont tenu une place de choix dans la sélection de Sandra Hegedus. Il faut avouer que la qualité des pièces et des stands français étaient au rendez-vous, et cela n’est pas pour nous déplaire!
Nous tenons à remercier tout spécialement Sandra Hegedus pour cette visite spéciale en sa compagnie de l’Armory Show 2017.
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